Si tous les regards se portent sur Boca Chica au Texas où se prépare le vol inaugural du Starship prévu en mars, en Floride, un autre nouveau lanceur s’apprête aussi à décoller pour la première fois. Ce lanceur, c’est le Vulcan de United Launch Alliance (ULA) qui doit concurrencer les Falcons de SpaceX. Pour cette première mission, il enverra l'atterrisseur lunaire Peregrine d’Astrobotic, des urnes spatiales, des satellites précurseurs de la constellation Kuiper et de nombreux autres petits satellites.


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    Alors que côté européen, on ne prévoit pas le premier vol d’Ariane 6 avant fin 2023, voire début 2024, et que de mauvaises nouvelles sont à craindre à propos de VegaVega, dont l'immobilisation pourrait être plus longue que prévu après son échec du 20 décembre, aux États-Unis, l'industrie des lanceurs tourne à plein régime et tous les voyants sont au vert. Boeing et la Nasa sont satisfaits du vol inaugural du SLS (Space Launch System), SpaceXSpaceX et Elon MuskElon Musk - visionnaire et éternel optimiste - font des merveilles avec les deux lanceurs de la famille Falcon et se préparent au vol inaugural du Starship qui devrait ouvrir une nouvelle ère du transport spatial. Enfin, le lanceur Vulcanlanceur Vulcan d'ULA (United Launch Alliance), qui doit à terme remplacer les lanceurs Atlas V et Delta IV, réalisera son vol inaugural en mai. Quant au New Glenn de Blue Origin, un lanceur lourd doté d'un étage principal réutilisable, son premier vol pourrait avoir lieu d'ici la fin de l'année, mais rien n'est sûr. Le développement de ce lanceur dépend aussi du Vulcan. Ces deux lanceurs ont en commun les mêmes moteurs BE-4 (à méthane et oxygène liquideliquide) de Blue Origin pour leur étage principal. Deux pour le Vulcan et sept pour le New GlennNew Glenn.

    La semaine dernière, Tory Bruno, le président-directeur général de ULA a déclaré viser le 4 mai comme date de lancement pour le nouveau lanceur Vulcan depuis Cap CanaveralCap Canaveral, en Floride.

    Une mission ambitieuse pour ce premier vol

    Lors de ce vol, Vulcan mettra sur orbiteorbite de nombreux satellites dont l'atterrisseur lunaire Peregrine d'Astrobotic, qui dispose d'une fenêtrefenêtre spécifique de seulement quelques jours par mois pour rejoindre la LuneLune, et 24 charges utiles à destination de la Lune, dont 11 pour le compte de la Nasa dans le cadre du programme Commercial Lunar Payload Services. Il embarquera deux satellites prototypes pour la constellation à large bande Kuiper d'AmazonAmazon. Il remplira aussi une mission mémorielle pour la société Celestis. Baptisée « volEnterprise », cette mission emportera au-delà de la Lune, les cendres de plusieurs acteurs de la série originale Star Trek (d'où le nom de la mission). Il transportera également des échantillons de cheveux du premier président des États-Unis et des présidents Dwight Eisenhower, John F. Kennedy et Ronald Reagan.

    D'ici quelques jours, le lanceur sera transféré sur son pas de tir pour une dernière série d'essais qui consisteront à procéder à des tests de remplissage, suivis d'au moins une répétition générale au cours de laquelle le véhicule sera entièrement chargé d'ergolsergols et subira un compte à rebours, s'arrêtant juste avant l'allumage du moteur et le déchargement du carburant. Ils se termineront par une mise à feufeu d'aptitude au vol pour vérifier la chronologie complète du jour du lancement, avec un allumage de 3,5 secondes des deux moteurs BE-4 à environ 70 % de la poussée nominale. Le lanceur ne décollera évidemment pas. Après ces essais, le lanceur retournera dans son bâtiment où il recevra ces deux boostersboosters d'appoint ainsi que ses charges utiles.

    Vulcan, le lanceur lourd d'United Launch Alliance (ULA) devrait réaliser un vol inaugural en mai 2023. © ULA
    Vulcan, le lanceur lourd d'United Launch Alliance (ULA) devrait réaliser un vol inaugural en mai 2023. © ULA

    Vulcan, l’autre lanceur américain, sera mis en service en 2021

    Article de Rémy DecourtRémy Decourt publié le 13/06/2020

    Ces prochaines années, de nouveaux lanceurs entreront en service. Aux futurs lanceurs russeslanceurs russes, chinois, japonais et européens attendus, s'ajoutera l'Américain Vulcan. Conçu par ULA, ce dernier n'est pas destiné aux marchés ouverts à la concurrence. Il aura pour seul client le gouvernement des États-Unis et le Falcon 9Falcon 9 sera son principal concurrent. Sa première mission l'enverra à destination de la Lune en 2021.

    En 2021, Ariane 6Ariane 6 ne sera pas le seul nouveau lanceur à entrer en service. Il faudra compter également sur Vulcan, un lanceur lourd américain développé par United Launch Alliance (ULA), une co-entreprise créée entre Boeing et Lockheed Martin. Il doit remplacer le lanceur Delta IV heavyDelta IV heavy d'ici à 2024, voire l'Atlas V à un horizon plus lointain. Il sera lancé depuis le Space Launch Complex-41 (SLC-41) en Floride et le SLC-3E à la Vandenberg AirAir Force Base, en Californie.

    Vulcan a été conçu pour contrer SpaceX sur les marchés américains des lancements de satellites gouvernementaux civils, scientifiques et militaires. Il devrait réaliser un premier vol de démonstration au début 2021 avec le lancement, à destination de la Lune, de l'atterrisseur lunaire Peregrine de la société Astrobotic. Cet atterrisseur, qui transportera plusieurs charges utiles, sera le tout premier engin spatial de nature privée à alunir.

    Du méthane liquide pour l'étage principal

    Il y a quelques jours, Tory Bruno, le directeur général d'ULA a tweeté quelques informations sur l'état d'avancement du développement de ce lanceur. Une petite vidéo montre les réservoirs de méthane liquide (LNG) et d'oxygène liquide (LOXLOX) du premier étage Vulcan, dans l'usine de fusées de l'ULA à Decatur, en Alabama.

    Ce lanceur à deux étages a pour particularité d'utiliser deux étages et des propulseurspropulseurs d'appoints ainsi que 3 moteurs différents. L'étage principal sera propulsé par deux moteurs BE-4 de Blue Origin fonctionnant au gaz naturel liquéfiégaz naturel liquéfié et à l'oxygène liquide tandis que l'étage supérieur sera équipé de deux moteurs RL-10CX d'Aerojet Rocketdyne fonctionnant avec un mélange d'hydrogènehydrogène et d'oxygène liquides. Quant aux propulseurs d'appoint, ils seront équipés de moteurs à propergolpropergol solidesolide GEM-63XL.

    Voir aussi

    Récupération du lanceur Vulcan : ULA dévoile un scénario à la James Bond


    Vulcan, le nouveau lanceur d'ULA pour contrer SpaceX

    Article de Rémy Decourt publié le 15/04/2015

    La décennie 2020 devrait compter de nouveaux lanceurs. Aux appareils russes et européens de la famille Angara et Ariane 6, s'ajoutera Vulcan. Ce lanceur américain a été dévoilé par la United Launch Alliance (ULA) qui a pour seul client le gouvernement des États-Unis. Il remplacera progressivement la gamme des anciens lanceurs de la firme pour faire face à la concurrence de SpaceX et à la nécessité de ne plus dépendre des technologies russes.

    United Launch Alliance (ULA), une co-entreprise créée entre Boeing et Lockheed Martin pour exploiter les Atlas V de Lockheed Martin ainsi que les Delta II et IV de Boeing, a dévoilé son futur lanceur. Baptisé Vulcan, il s'agit d'un lanceur à deux étages partiellement réutilisable dont la mise en service est prévue en 2020. À la différence de SpaceX, qui veut récupérer et réutiliser le premier étage de son lanceur Falcon 9, ULA a choisi de récupérer les seuls moteurs des boosters d'appoint.

    Ce lanceur sera décliné en deux versions. L'une serait dotée de quatre propulseurs à poudre d'appoint avec une coiffe de 4 mètres et l'autre, à six boosters, utiliserait une coiffe de 5 mètres. Quelle que soit l'option choisie, l'étage supérieur sera une version légèrement modernisée de l'actuel Centaur des lanceurs Atlas.

    À l'horizon 2023, cet étage sera remplacé par un étage supérieur cryogénique de plus forte puissance baptisé ACES. Il permettra à Vulcan d'atteindre la performance des Delta IV Heavy, capables de lancer 13,8 tonnes en orbite de transfertorbite de transfert géostationnaire et plus de 30 tonnes en orbite basse. Cet étage ACES à moteur cryogénique (oxygène et hydrogène liquides) sera capable de multiples réallumages lui conférant une duréedurée de fonctionnement en orbite de quelques heures à plusieurs semaines, ce qui ouvrira des possibilités inédites d'utilisation en orbite qui, à ne pas en douter, raviront les militaires.

    En raison de la montée en puissance du Falcon 9, SpaceX pourra se targuer d'avoir influencé la définition de la future Ariane 6 et du Vulcan. ULA se devait d'adopter un nouveau lanceur sans moteur russe (aujourd'hui, certains de ces lanceurs utilisent le moteur RD-180) et de proposer un lanceur moins cher alors que le gouvernement américain s'apprête à autoriser SpaceX à concourir pour lancer ses satellites. © SpaceX
    En raison de la montée en puissance du Falcon 9, SpaceX pourra se targuer d'avoir influencé la définition de la future Ariane 6 et du Vulcan. ULA se devait d'adopter un nouveau lanceur sans moteur russe (aujourd'hui, certains de ces lanceurs utilisent le moteur RD-180) et de proposer un lanceur moins cher alors que le gouvernement américain s'apprête à autoriser SpaceX à concourir pour lancer ses satellites. © SpaceX

    Le moteur 100 % américain pourrait être le BE-4 de Blue Origin

    À nouveau lanceur, nouveau moteur. Vulcan ne déroge pas à cette règle. ULA, dont un des lanceurs utilise des moteurs russes RD-180 va ainsi se défaire de cette dépendance, ce qui fera plaisir au Congrès américain qui, malgré les très bonnes relations spatiales entre les deux pays, n'en veut plus. Le premier étage du Vulcan sera propulsé par un moteur 100 % américain qui pourrait être le BE-4 que développe actuellement Blue Origin, la firme de Jeff BezosJeff Bezos également engagée dans le tourisme spatial, dans le cadre d'un partenariat avec ULA. Par ses performances, il couvrira tous les besoins américains et sera donc capable de transporter tout type de charges utiles vers toutes les orbites.

    ULA, qui a pour seul client le gouvernement des États-Unis, assure l'essentiel des lancements des satellites américains. Tous satellites confondus, elle détient 70 % du marché et effectue 100 % des lancements de satellites militaires. Une position dominante que dénonce SpaceX pour qui l'enjeu est moins d'offrir des tirs moins chers au gouvernement américain que de provisionner un nombre suffisant de lanceurs et une importante cadence de tirs, nécessaire au maintien de ses tarifs bas sur les marchés commerciaux. À ce jour, les coûts de commercialisation du Falcon 9 ne reflètent pas exactement ces coûts d'utilisation et de production.

    Du côté d'Arianespace, on ne se soucie pas de ce futur lanceur. ULA est en effet trop accaparée par le marché américain (95 lancements réalisés avec succès depuis 2006) pour se positionner sur les marchés du lancement de satellites ouverts à la concurrence et faire de l'ombre à l'actuelle Ariane 5Ariane 5 et la future Ariane 6.