Est-ce que c’est vrai que les enfants, ça fait vieillir prématurément ? Bonne question ! Cette question, on l’entend souvent, mais avec posée avec humour. De là à dire que c’est réel et avéré, c’est une autre histoire. C’est vrai que je me demande, finalement, s’il y a un lien entre la biologie du vieillissement et le fait d’avoir des enfants.
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Retrouvez le podcast à l'origine de cette retranscription dans Science ou Fiction. © Futura
Le vieillissement biologique est un processus qui est marqué par des changements progressifs dans la composition même de nos cellules, notamment le raccourcissement des télomères.
Petit cours de biologie du vieillissement
Les télomères sont des structures situées aux extrémités des chromosomes. Chaque division cellulaire entraîne une légère perte de longueur des télomères, et quand ils deviennent trop courts, les cellules arrêtent de se diviser, et c'est ça qui contribue au vieillissement des tissus.
Heureusement, pour que ce processus ne se fasse pas à toute vitessevitesse, et qu'on se retrouve avec la duréedurée de vie d'une mouche, une enzymeenzyme est chargée de régénérer les télomères. C'est la télomérase. Elle aide à maintenir cette longueur dans certaines cellules, mais son activité diminue avec l'âge. Et oui, sinon, là, on ne vieillirait jamais.
D'autres facteurs, comme l'inflammation chronique et le stress oxydatif, donc l'accumulation de ce qu'on appelle radicaux libresradicaux libres, toxiques pour nos cellules, accélèrent également le vieillissement cellulaire. Enfin, des éléments externes, comme le stress et la qualité de vie, influencent le rythme de ce vieillissement. Ces mécanismes peuvent être sensibles à certains changements de vie majeurs.
Parentalité versus télomères
Des études récentes ont examiné ce lien, et certains résultats montrent que le fait d'avoir des enfants pourrait effectivement influencer ce raccourcissement. Par exemple, des chercheurs ont observé que certaines mères, notamment celles ayant eu plusieurs grossesses, présentaient des télomères plus courts que ceux des femmes nullipares, c'est-à-dire sans enfant. Ce phénomène pourrait être dû à l'immense demande biologique imposée par la grossesse elle-même, qui entraîne une forte mobilisation des ressources énergétiques du corps pour soutenir le développement du fœtusfœtus. Et ça, ça peut solliciter les cellules de manière intense. Les changements hormonaux importants, ainsi que le stress physiquephysique et psychologique de la grossesse, semblent être des facteurs qui pourraient contribuer à un vieillissement cellulaire plus rapide.

Mais il y a toujours des exceptions. Et là, en plus, c'est surtout que ces effets sont loin d'être systématiques et ils varient selon les individus. Certaines études avancent même que le fait d'avoir des enfants pourrait avoir des effets protecteurs contre le vieillissement biologique, particulièrement chez les mères bénéficiant d'un bon réseau de soutien social. Donc là, on est carrément dans la tendance inverse ! Les mécanismes de cette protection sont encore assez mal compris, mais il est possible que les liens affectifs, les responsabilités accrues, et la stimulationstimulation cognitive constante favorisent une meilleure santé cognitive et émotionnelle, ce qui a pour effet de limiter indirectement les effets du vieillissement.
Donc c'est à la fois oui et à la fois non. Mais en revanche, il faut savoir qu'en dehors des impacts directs sur la biologie cellulairebiologie cellulaire, d'autres facteurs liés à la parentalité peuvent influencer le vieillissement de manière significative. La première idée est celle du sommeilsommeil. Il est bien connu qu'un mauvais sommeil est associé à un vieillissement accéléré. Et pour cause, le manque de sommeil augmente le niveau de cortisolcortisol, une hormonehormone de stress qui peut endommager les cellules et accélérer la dégradation des télomères.
Les parents, en particulier de jeunes enfants, sont souvent exposés à des nuits interrompues et à une certaine dette de sommeil chronique. Et ça, on le sait, ça augmente le niveau de fatigue et, à terme, ça peut avoir des effets biologiques notables sur leur corps. Et c'est sans parler de la charge mentale qui va avec, même si elle touche de manière inégale les parents.

C'est le résultat de la gestion constante des tâches domestiques, des responsabilités liées aux enfants, de la planification familiale et des exigences professionnelles. La surcharge mentale peut entraîner un stress chronique, une des principales causes du vieillissement prématuré. Et pourquoi ça, à votre avis ? Eh ben, parce que le stress chronique active le système de réponse au stress de l'organisme, ce qui maintient des niveaux élevés de cortisol. Et ça, on a vu ce que ça engendrait.
Ne pas oublier les interactions positives avec les enfants !
Ben oui, il faut nuancer, comme toujours ! Les enfants, ils peuvent aussi agir comme un antidoteantidote contre le stress. Et ça, c'est cool, parce que les émotions positives stimulent la production d'hormones bénéfiques, comme l'ocytocineocytocine, qui peuvent aider à contrecarrer les effets du stress sur le corps. La notion de « vieillissement » est aussi influencée par les normes et les stéréotypes sociaux, il ne faut pas l'oublier.
Dans beaucoup de sociétés, c'est courant d'associer la parentalité à une forme de « sacrifice » et de « dévouement », des valeurs souvent perçues comme vieillissantes. Pourtant, cette perception est en train de changer, parce que de nombreux parents continuent de prendre soin d'eux-mêmes, de poursuivre des projets personnels et de préserver des activités en dehors de la parentalité. Et cette manière de vivre la parentalité, en intégrant l'individu et ses besoins, atténue les impacts potentiellement vieillissants.
Bref, on ne peut pas vraiment répondre par un simple vrai ou faux à notre question initiale. En fait, d'un côté, les changements biologiques, les défis physiques et les contraintes psychologiques et sociales associés à la parentalité peuvent indéniablement contribuer au vieillissement biologique et mental, mais d'un autre côté, les liens affectifs et la résiliencerésilience développés grâce à la parentalité peuvent protéger et même renforcer certains aspects de la santé des parents, à condition que ceux-ci bénéficient d'un bon équilibre de vie.