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L'Homme est-il un si piètre animal olfactif ? Cette idée est très persistante, car il existe une classification des animaux « forts en olfactionolfaction » (les macrosmatiques) et « faibles en olfaction » (les microsmatiques), dont l'Homme ferait partie.
Contrairement à l'Homme, le chien ne sentira pas le goût de bouchon. © Bouchons4, Flickr,CC by-nc 2.0
Cette distinction doit être précisée car, si elle concerne l'importance du sens olfactif dans les comportements, alors, oui, le chienchien est macrosmatique et l'Homme microsmatique. Mais si cette distinction concerne les performances olfactives, notamment la sensibilité, la discrimination entre odeurs proches, la détection de traces, elle devient discutable.
L'Homme, un animal microsmatique ?
En effet, du point de vue des odeurs, l'Homme sent, et à très basse concentration, des odeurs que le chien ne sent pas. C'est le cas, pour le malheur des œnologuesœnologues, du trichloroanisole qui donne au vin l'essentiel du « goût de bouchon » (en fait, l'odeur de bouchon). Ce goût provient sans doute de micro-organismesmicro-organismes (champignonschampignons) qui prospèrent dans le liège ayant servi à boucher les bouteilles. C'est l'une des raisons pour lesquelles la chimie et la composition du vin peuvent être si complexes.
L'Homme possède également une sensibilité exquise à l'odeur de violette, due en particulier aux ionones, alors que le chien ne la sent pas. Mais interrogez-vous sur l'intérêt pour le chien de sentir la violette ! Très curieusement, on a découvert chez l'Homme, dans les cancers de la prostateprostate, un récepteur olfactif qui est sensible à la bêtabêta-ionone. Hélas, ce composant du parfum de violette augmente le pouvoir invasifinvasif des cellules cancéreuses !
Les performances olfactives humaines
Voici une expérience amusante : une équipe israélo-étatsunienne a voulu comparer les performances olfactives des humains à celle des chiens dans le suivi d'une piste. L'expérience avec les canidéscanidés est habituelle : on traîne un cadavre de faisan à travers une prairie, puis on observe le cheminement du chien qui suit la trace. Pour les humains, il fallait procéder autrement : afin de s'assurer que les étudiants du campus de Berkeley (utilisés comme cobayes) ne suivraient bien la piste qu'olfactivement, on les a revêtus d'une combinaison et de gants puis on leur a bandé les yeuxyeux et bouché les oreilles, ne laissant libre que le neznez. Leur unique guide olfactif était... une traînée de chocolat (nettement plus motivant que le faisan) !
Chien reniflant la trace d'un gibier. © Andy Carter, CC by-nc 2.0
Eh bien, les étudiants se sont montrés aussi performants que les chiens. Non seulement ils ont été capables d'apprentissage (ils ont doublé leur vitesse de poursuite de la piste en quatre jours d'entraînement), mais ils ont mieux optimisé leur trajectoire que les chiens, en suivant la trace de plus près. Allez dire que nous sommes microsmatiques après cela !