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    Nouveaux Regards : Quel souvenir gardez-vous de votre action au sein du comité consultatif national d'éthique ? Autre question : dans le contexte actuel, peut-il encore exister une bioéthiquebioéthique à la française ?

    - Axel KahnAxel Kahn  : Il en va de la particularité culturelle de la pensée bioéthique française, méditerranéenne, comme de la culture en général. Elle est fortement influencée, et même très souvent phagocytée par le rouleau compresseur des idées efficientes et dominantes au niveau mondial. Il n'empêche que, même dans ce cadre-là, celui du monde tel qu'il est, il reste fondamental d'essayer d'enrichir ce processus en puisant dans les ressources d'une pensée originale et de qualité.

    Dans certains cas on me demande : « N'êtes-vous pas désespéré de ce que certaines évolutions ne sont pas telles que ce que vous eussiez voulu qu'elles fussent ? ». Je réponds que, de toute façon, dans un combat intellectuel, même si les idées que je défends finissent par être abandonnées, l'issue ne sera jamais la même, selon que l'on accepte sans y avoir réfléchi une nouvelle manière de penser, d'être et d'agir ou bien que, au terme d'une discussion ouverte, d'un combat d'idées, la pensée adverse l'emporte. C'est-à-dire que le but d'un combat intellectuel n'est pas simplement la victoire, c'est l'enrichissement.