Près de 500 morts, 24.300 personnes contaminées, en Chine. Pour enrayer l'épidémie qui touche déjà 23 pays, de nombreuses pistes de traitement du coronavirus sont à l'étude, dont trois sont à un niveau avancé. Les États-Unis qui comptent 11 cas confirmés de personnes atteintes du nouveau coronavirus, s'associent au laboratoire pharmaceutique Regeneron qui travaille sur une classe de médicaments ayant servi contre Ebola, un traitement à base d'anticorps monoclonaux.

 

 


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    Les États-Unis ont annoncé mardi leur collaboration avec le laboratoire pharmaceutique américain, Regeneron, afin de développer un traitement du coronavirus, utilisant une classe de médicaments ayant servi contre Ebola. De multiples pistes sont à l'étude contre le nouveau coronavirus apparu en Chine, dont trois sont à un niveau avancé : un médicament anti-VIH (Kaletra) ; une combinaison utilisée contre le coronavirus Mers (antiviral et immunothérapie) ; et un antiviral de l'Américain Gilead testé dans le passé contre Ebola.

    Le partenariat annoncé entre le gouvernement américain et Regeneron concerne un traitement du coronavirus à base d'anticorps monoclonaux. « Mettre en place un partenariat public-privé, comme nous le faisons avec Regeneron depuis 2014, nous permet de réagir rapidement aux nouvelles menaces sanitaires mondiales », a déclaré Rick Bright, un responsable du département de la Santé. Les anticorps monoclonaux sont des copies créées en laboratoire d'un certain type d'anticorps. Ils représentent une forme d'immunothérapie. Ils se fixent à certaines protéines d'un virusvirus, neutralisant sa capacité à infecter les cellules humaines.

    Les anticorps monoclonaux se fixent aux protéines du virus, neutralisant sa capacité à infecter les cellules humaines. © Lizabeth Menzies, <em>Centers for Disease Control and Prevention</em>, AFP, Archives
    Les anticorps monoclonaux se fixent aux protéines du virus, neutralisant sa capacité à infecter les cellules humaines. © Lizabeth Menzies, Centers for Disease Control and Prevention, AFP, Archives

    Les anticorps monoclonaux pourraient être la clé du traitement du coronavirus

    Regeneron a développé le cocktail REGN-EB3 de trois anticorps monoclonaux qui a permis l'année dernière d'améliorer de manière significative le taux de survie de patients touchés par le virus Ebola en République démocratique du Congo. L'entreprise pharmaceutique a aussi développé un traitement contre le syndromesyndrome respiratoire du Moyen-Orient (Mers). « Les résultats probants de notre traitement expérimental contre Ebola l'année dernière ont montré la capacité de Regeneron à offrir une réponse rapide en cas de nouvelles épidémiesépidémies », a expliqué George Yancopoulos, président et responsable scientifique de Regeneron. Le traitement final contre le nouveau coronavirus pourrait inclure plusieurs types de médicaments.

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    Par ailleurs, l'agence américaine des médicaments, la Food and Drug AdministrationFood and Drug Administration (FDA), a étendu mardi l'utilisation d'un test de détection du nouveau coronavirus à des laboratoires certifiés dans tout le pays. Le test était auparavant limité aux laboratoires des Centres de contrôle et de préventionprévention des maladies (CDCCDC). L'administration a averti que des résultats négatifs à ces tests ne doivent pas être utilisés « comme seule base » pour le traitement du coronavirus ou d'autres décisions de prise en charge des patients. 


    Coronavirus : un traitement révolutionnaire à base de sucre ?

    Article de Céline DeluzarcheCéline Deluzarche, publié le 31 janvier 2020

    Alors que l'épidémie du coronavirus chinois 2019-nCoV2019-nCoV s'étend désormais à 18 pays, des chercheurs suisses affirment avoir trouvé une substance à base de glucoseglucose qui détruit les virus par simple contact. Cet antiviral pourrait s'avérer efficace contre les virus émergentsémergents pour lesquels il n'existe encore aucun vaccinvaccin. En attendant, d'autres équipes tentent de relancer des traitements existants pour combattre l'épidémie en cours.

    Une substance qui détruit les virus par simple contact, de manière irréversible, et parfaitement inoffensive pour l'organisme : c'est la découverte étonnante d'une équipe de chercheurs de l'université de Genève, de l'EPFL et de l'université de Manchester. Cette moléculemolécule miracle est pourtant issue... de sucresucre. Plus exactement, d'un dérivé naturel du glucose appelé cyclodextrine, déjà largement utilisé dans la pharmacie, la cosmétique ou comme additif alimentaire. « Les cyclodextrines sont biocompatibles, faciles d'utilisation, elles ne déclenchent pas de mécanisme de résistancerésistance et ne sont pas toxiques », se félicite Samuel Jones, chercheur à l'université de Manchester et principal auteur de l'étude parue dans Science Advances.

    Contre les virus, des traitements limités ou peu fiables

    Coronavirus, grippegrippe, Ebola, ZikaZika, hépatitehépatite, VIH..., les virus sont responsables de nombreuses maladies pour lesquelles les traitements sont limités. Alors que les vaccins agissent en amont de la maladie, en immunisant l'organisme contre l'agent pathogènepathogène, les substances « virucides » sont capables de détruire le virus par simple contact. C'est le cas par exemple de l'eau de Javel ou des aldéhydesaldéhydes, utilisés pour la désinfection. Sauf qu'évidemment, ces produits sont extrêmement toxiques et ne peuvent pas être injectés dans le corps. Il existe bien des médicaments antivirauxantiviraux, comme l'héparine, mais ils agissent la plupart du temps en inhibant la croissance du virus sans le détruire complètement. De plus, ils ne sont pas toujours fiables car les virus sont susceptibles de muter et de devenir résistants.
     

    Les molécules de cyclodextrine se lient à la membrane des virus et la détruisent, aboutissant à la dislocation du virus. © EPFL, Vimeo

    Une molécule redoutablement efficace

    À l'inverse, « les molécules de sucre modifiées attirent les virus avant de les inactiver irréversiblement. En perturbant l'enveloppe externe d'un virus, elles détruisent les particules infectieuses par simple contact, au lieu d'uniquement bloquer la croissance virale », détaille l'EPFL dans un communiqué. Les chercheurs ont testé leurs cyclodextrines modifiées sur un grand nombre de virus : VRS pour Virus respiratoire syncytial (bronchiolitebronchiolite), virus parainfluenza, virus de la denguevirus de la dengue, de l'herpèsherpès (HSV), de l'hépatite Chépatite C (VHC), papillomavirus ainsi que plusieurs pneumovirus. La cyclodextrine s'est même avérée efficace sur des souches résistantes au daclatasvir, un antiviral contre le VHC. « Le traitement agit aussi bien en prévention avant que le virus ne pénètre dans la cellule qu'après l'infection », avance l'étude.

    Les cyclodextrines sont des molécules cycliques comportant 6 à 12 unités de D-glucose. © N.G Hădărugă, et al, Environ Chem Lett, 2019
    Les cyclodextrines sont des molécules cycliques comportant 6 à 12 unités de D-glucose. © N.G Hădărugă, et al, Environ Chem Lett, 2019

    Très stable chimiquement, cet antiviral pourrait être administré sous forme de crème, gelgel ou en vaporisateur nasal, suggèrent les chercheurs, qui ont créé une start-upstart-up dans la foulée pour exploiter leur trouvaille. La commercialisation de traitements à base de cyclodextrines pourrait en effet arriver rapidement. « Étant donné qu'elles sont déjà couramment utilisées, notamment dans l'industrie agroalimentaire, cela facilitera la mise sur le marché de traitements pharmaceutiques les utilisant », se réjouit Valeria Cagno, chercheuse à la Faculté de médecine de l'université de Genève et coauteure de l'étude.

    Coronavirus 2019-nCoV : les laboratoires dans les starting-blocks

    Cela ne sera quand même pas assez rapide contre le coronavirus 2019-nCoV dont l’épidémie est en cours en Chine et dans le monde. Pour combattre ce dernier, d'autres équipes testent actuellement des antiviraux déjà sur le marché. Des chercheurs chinois mènent ainsi un essai cliniqueessai clinique avec une combinaison de lopinavir et de ritonavir, deux médicaments contre le VIH. Ces derniers sont des inhibiteurs de protéaseinhibiteurs de protéase, une enzymeenzyme utilisée par le VIH et les coronavirus pour se répliquer. Ce traitement s'était avéré relativement efficace contre le SRASSRAS en 2004, indiquent les chercheurs dans leur étude publiée dans The Lancet. Les inhibiteurs de protéase avaient également été testés sur le coronavirus MERS-CoVcoronavirus MERS-CoV (syndrome respiratoire du Moyen-Orient) en 2016. Le Remdesivir, un traitement contre le virus Ebola, pourrait également avoir une action contre le coronavirus 2019-nCoV, estime Gilead Sciences qui le commercialise.

    Et il n'est pas le seul à s'intéresser au nouveau coronavirus. Regeneron, qui mène actuellement un essai avec des anticorps contre le MERS-CoV, affirme avoir déjà trouvé des points de similitude entre les deux virus. Les Chinois sont également dans les starting-blocks. La biotech WuXi Biologics a annoncé avoir dédié une équipe de 100 chercheurs à la mise au point d'anticorps contre le nouveau coronavirus. « Nous pourrions être en mesure de lancer la production en quatre à cinq mois, contre 12 à 18 mois pour une procédure classique », affirme la start-up. Le compte à rebours est lancé.