Pour les couples à risque, de donner naissance à un enfant atteint de mucoviscidose on propose aujourd'hui aux femmes enceintes une amniocentèse ou le prélèvement d'une fraction de placenta afin de mener des analyses génétiques. Ces gestes invasifs induisent pourtant un risque de fausse-couche non négligeable. L'équipe de Patrizia Paterlini-Bréchot (Unité Inserm 807/Laboratoire de Biochimie A) en collaboration avec les équipes d'Arnold Munnich (Unité Inserm 781) et d'Yves Dumez au CHU Necker Enfants Malades viennent de réaliser une avancée majeure en mettant au point un diagnostic prénatal de la mucoviscidose fiable et sans danger pour le fœtus fondé sur l'analyse des quelques cellules fœtales circulant dans le sang de la mère.

au sommaire


    Scanners thoraciques : En haut, mucoviscidose (bronches dilatées, plus ou moins obstruées par les sécrétions (anneaux et taches blanches) ; à comparer avec un scanner normal (en bas) où ne sont visibles que quelques ombres vasculaires.Crédits : Serv

    Scanners thoraciques : En haut, mucoviscidose (bronches dilatées, plus ou moins obstruées par les sécrétions (anneaux et taches blanches) ; à comparer avec un scanner normal (en bas) où ne sont visibles que quelques ombres vasculaires.Crédits : Serv

    Ce qu'il faut retenir

    • La mucoviscidose est l'une des maladies génétiques les plus fréquentes (1 naissance sur 4000)
    - Le dépistage à la naissance est systématique depuis 2004
    • Seules les familles « à risque » bénéficient aujourd'hui d'un diagnostic génétique prénatal qui consiste en une amniocentèse, avec un risque réel de fausse-couchefausse-couche
    • En 2003 l'équipe de Patrizia Paterlini-Brechot montre qu'on peut isoler dans le sang maternel quelques cellules fœtales et pratiquer leur analyse génétique (Méthode ISET)
    • En 2006, la même équipe, en collaboration avec celle d'Arnold Munnich (Unité Inserm 781) et d'Yves Dumez (CHU Necker-Enfants Malades) montre l'efficacité de ce type de diagnostic dans le dépistage de la mucoviscidose

    • La confirmation de ces résultats ouvrira également le débat sur la possibilité d'offrir un diagnostic prénatal précoce et sans risque de la mucoviscidose à toutes les femmes enceintes

    Avec près d'un nouveau-né atteint sur 4000 naissances, la mucoviscidose est l'une des maladies génétiques les plus graves et les plus fréquentes en France. Elle diminue l'espérance de vieespérance de vie et ne bénéficie, à l'heure actuelle, d'aucun traitement curatifcuratif. Cette maladie se caractérise par des mutations du gènegène CFTRCFTR (cystic fibrosis transmembrane conductanceconductance regulator) entraînant une anomalieanomalie du transport du chlorechlore à travers les cellules, ce qui provoque une accumulation de mucusmucus dans les poumonspoumons et le pancréaspancréas et des difficultés respiratoires graves. Environ 5000 Français sont touchées et pas moins de 2 millions d'entre eux seraient porteurs d'une mutation sans être malades.

    En France, si le dépistage de la mucoviscidose est systématique chez les nouveau-nés depuis 2004, un diagnostic prénatal est proposé uniquement en cas de risque élevé d'avoir un enfant malade (parents porteurs d'un gène muté ou cas de mucoviscidose dans la famille) et/ou si des signes évocateurs de la maladie sont décelés à l'échographieéchographie. Le diagnostic prénatal est réalisé actuellement par une amniocentèse ou une biopsiebiopsie des villositésvillosités choriales (BVC), méthodes dites « invasives » qui risquent de provoquer une fausse-couche (jusqu'à 1% des cas).

    L'équipe de Patrizia Paterlini-Bréchot (Unité Inserm 807/Laboratoire de BiochimieBiochimie A) en collaboration avec les équipes d'Arnold Munnich (Unité Inserm 781) et d'Yves Dumez au CHU Necker Enfants Malades viennent de réaliser une avancée majeure en mettant au point un procédé fiable et non invasifinvasif permettant de réaliser le diagnostic prénatal de mucoviscidose à partir de quelques cellules fœtales issues du sang maternel. Cette méthode, dite ISET , appliquée au diagnostic prénatal de la mucoviscidose, a été testée sur 12 couples à risque d'avoir un enfant avec Mucoviscidose suivis à l'Hôpital Necker Enfants Malades. Les mères ainsi testées ont également subi une biopsie de villosités choriales. Parmi ces 12 couples, 10 étaient porteurs de la mutation du gène de la mucoviscidose la plus fréquente et deux couples étaient porteurs d'une mutation inconnue. Les chercheurs de l'Unité Inserm 807 ont analysé de 5 à 7 cellules fœtales par mère sans connaître les résultats de la méthode invasive (BVC) obtenus par l'équipe du Professeur Munnich. L'analyse comparative des résultats a montré que la méthode ISET permettait de réaliser un diagnostic prénatal de mucoviscidose fiable dans tous les cas testés.

    Une seconde étude de validation clinique portant sur 16 couples à risque et comprenant l'analyse d'au moins 10 cellules fœtales par mère a été requise par les statisticiens et méthodologistes. Elle sera terminée dans environ 18 mois. Si ces résultats encourageants sont confirmés, elle permettra au Centre Pluridisciplinaire de Diagnostic Prénatal du site Necker de proposer la méthode ISET à la place de la méthode invasive à tous les couples à risque, c'est-à-dire ayant eu un enfant atteint de mucoviscidose ou dont un membre de la famille est malade.

    La confirmation de ces résultats ouvrira également le débat sur la possibilité d'offrir un diagnostic prénatal non invasif de mucoviscidose à toutes les femmes enceintes.

    Plus largement, ces travaux placent les chercheurs du site Necker sur le devant de la scène internationale dans la course pour le développement d'un test de diagnostic prénatal fiable et sans risque pour la mère. En effet, la méthode de dépistage prénatal ISET est actuellement en cours de validation pour deux autres pathologiespathologies : l'amyotrophieamyotrophie spinale infantile et la trisomie 21trisomie 21.