Retrouvé mort dans la Drôme, Roméo, un milan royal équipé d'une balise ARGOS a été victime d'un chasseur, anéantissant une fois de plus - après l'ours Cannelle - le travail de scientifiques et de protecteurs de la nature qui suivaient ce rapace depuis juin 2004.

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    Mais il n'est malheureusement pas le seul. Quatre autres milans royaux ont été tués en moins d'un mois sur le territoire français, alors qu'un Plan national de restauration existe depuis 2003.

    « C'est une situation sans précédent et très inquiétante, précise Jean Seriot de la LPOLPO, chargé de mission EspècesEspèces rares et menacées. Sur trois d'entre eux (Hautes-Pyrénées, Pays basque, Haute-Garonne) des traces de plombsplombs ont été retrouvées. L'un a été percuté par une voiture, et le dernier a peut-être été empoisonné. Les analyses sont en cours. Nous en avons retrouvés cinq, mais rien malheureusement ne nous dit qu'il n'y en ait pas d'autres. »

    Image du site Futura Sciences

    « La France a une responsabilité internationale, rappelle Yvan Tariel, responsable de la Mission RapacesRapaces de la LPO, car la distribution mondiale de cette espèce est strictement européenne. La France se situe au second rang après l'Allemagne. Jusqu'à présent classé dans la catégorie « à surveiller », le milan royalmilan royal doit absolument figurer dans la liste rouge des espèces menacées, étant donné la diminution généralisée de ses effectifs mondiaux. »

    Rapace en sursis

    Depuis 2003, le milan royal fait l'objet en France d'un Plan de restauration dont la coordination est confiée à la LPO par le ministère de l'Ecologie et du Développement durableDéveloppement durable (MEDD). La première phase de ce plan est fixée à 5 ans (2003-2007). L'objectif principal est de stopper le déclin des effectifs français et de restaurer les populations, une mission plus que nécessaire au vu des évènements des dernières semaines.

    Dans la semaine même où un important document de sensibilisation visant sa conservation est édité par la LPO, sur commande du MEDD, les exactions commises ces dernières semaines ne font que conforter l'idée que seule une forte mobilisation des associations, des chasseurs, des agriculteurs, des élus et des acteurs locaux pourra stopper son déclin et éviter sa disparition.

    Il pourrait ne pas y avoir d'avenir pour ces espèces menacées du fait de l'inconscience de certains chasseurs portant une nouvelle fois l'immense responsabilité de la dégradation d'une espèce en sursis.

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    © La Garenne - vdesign.com

    Complément de rédaction :

    Le milan royal, le plus élégant rapace de France, est une espèce de nos campagnes, qui fréquente principalement les zones agricoles ouvertes associant élevages extensifs et polyculture. Il est facilement identifiable grâce à une longue queue rousse triangulaire et profondément échancrée, typique de l'espèce. C'est un rapace essentiellement charognard, qui se nourrit d'animaux morts retrouvés le long des routes et des rivières, ainsi que de campagnols.

    Le milan royal est une espèce dont la distribution mondiale est « européenne ». On le rencontre des îles du Cap-Vert à la Biélorussie. Cinq pays abritent près de 90 % de la population nicheuse mondiale (Allemagne, Espagne, Suisse, Suède et France), et près de 100 % si on y associe la Pologne, le Royaume-Uni et l'Italie (20 500 à 23 000 couples). Pour les 14 pays où la tendance d'évolution est connue, 5 accusent une baisse des effectifs nicheurs, notamment en Allemagne, Espagne et en France.

    Protégé au titre de la loi du 10 juillet 1976 et de l'Arrêté ministériel du 17 avril 1981, le milan royal est une espèce gravement menacée, dont la population en France est réduite à 3 000 - 3 800 couples.

    On distingue cinq foyers principaux :

    - l'ensemble du piémont pyrénéen (des Pyrénées-Atlantiques à l'ouest de l'Aude, représentant 15 à 20 % des effectifs) ;
    - le Massif central (40 %, notamment dans le Puy-de-Dôme, - le Cantal et la Haute-Loire) ;
    - la chaîne jurassienne (20 %) du nord de l'Ain au sud de - l'Alsace ;
    - les plaines du Nord-Est (15 %)
    - la Corse (moins de 10 %).

    Facteurs de disparitions

    - La dégradation de son habitat et la disparition des populations proies devant la progression des surfaces en maïs aux dépens des prairies, pâtures et autres cultures qui étaient beaucoup plus riches en proies.
    - L'empoisonnement par la bromadiolone pour le traitement contre les campagnols qui touchent les espèces prédatrices comme le milan royal.
    - L'empoisonnement volontaire (pratique illégale) constaté chaque année dans notre pays. Le poison est dissimulé dans les appâtsappâts, certains accusant le milan royal de s'attaquer au petit gibier.
    - La diminution du nombre de décharges : le milan royal a des mœurs de charognard et fréquente volontiers les décharges à ciel ouvert pour y trouver de la nourriture mais également tous les mammifèresmammifères y vivant. La fermeture des décharges pourrait avoir des conséquences sur la survie des populations.
    - Le tir : peu farouche et très visible, le milan royal est particulièrement vulnérable et sensible aux tirs illégaux. Des individus sont ainsi abattus chaque année.
    - Le réseau électriqueréseau électrique aérien représente une menace importante pour les oiseaux de grande taille. Sur 10 ans de cas d'électrocution constatés en France, le milan royal arrive au 5e rang des 23 espèces touchées.
    - La circulation automobileautomobile est responsable de 12,5 % des admissions en centre de soins des milans royaux (enquête 2001).

    Fiche signalétique :

    Taille : 59 à 66 cm
    Envergure : 175 à 195 cm
    Poids : 800 à 1 250 g
    Nombre de couples en France : 3 000 - 3 800 couples