Le 21 octobre 2006, le biologiste Advaldo do Prado effectuait une étude dans le secteur de la ville de Goiatins, au nord des Tocantins, le long de la route BR-010 (Belém-Brasilia).

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    Photographie probable du pic d'Obrien (Celeus obrieni)

    Photographie probable du pic d'Obrien (Celeus obrieni)

    Suivant une procédure standard, il effectuait un recensement par capture des espècesespèces. Il captura un étrange pic qui ne figurait pas dans le guide d'identification qu'il avait emporté avec lui. Il mesura et photographia l'oiseauoiseau, et en conclua qu'il ressemblait au Pic d'Obrien, ou de Caatinga (Celeus spectabilis obrieni ou C. obrieni), identifié en 1926 jamais revu depuis !

    Il envoya sa description et une photo (voir d'autres photos sur le site O Eco) au célèbre ornithologueornithologue Fernando Pacheco, membre du comité brésilien d'ornithologieornithologie (Comitê Brasileiro de Registros Ornitológicos (CBRO), et qui avait redécouvert plusieurs espèces : le Manakin neigeux (Lepidothrix vilasboasi), le Cotinga roitelet (Calyptura cristata), et l'Ibijau à ailes blanches (Nyctibius leucopterus).

    Il fut absolument sidéré par cette observation : c'était peut-être l'occasion de résoudre l'une des plus grandes polémiques de l'ornithologie brésilienne de ces dernières années ! Pacheco a précisé à Fábio Elms, rédacteur au site web O Eco : "cette espèce n'est connue que d'un seul spécimen collecté en 1926 à Uruçuí (à 331 km de Goiatins) sur le Rio Parnaíba, dans l'état de Piauí, à l'est du centre du Brésil. Comme aucun oiseau similaire n'avait été revu depuis, on a pensé qu'il s'agissait d'un hybridehybride, ou d'une "chimère". Le spécimen est conservé à l'American Museum of Natural History à New York".

    Pendant de nombreuses années, il était considéré comme une sous-espècesous-espèce du Pic à tête rousse (Celeus spectabilis), présent dans les forêts de bambous d'Amazonie occidentale. Le problème est que l'oiseau du musée américain diffère de C. spectabilis par de nombreux critères, et que l'aire de répartitionaire de répartition de ce dernier se situe à plus de 3 000 km.

    Situation de Goiatins, où le Pic d'Obrien (<em>Celeus obrieni</em>) a été redécouvert en octobre 2006

    Situation de Goiatins, où le Pic d'Obrien (Celeus obrieni) a été redécouvert en octobre 2006

    Aujourd'hui, les ornithologues considèrent généralement Celeus obrieni comme une espèce à part entière. Pour Pacheco, il est possible de penser qu'une petite population de cette oiseau ait pu subsister dans ce secteur isolé du Brésil. Pour lui, Advaldo est un biologiste sérieux, sa découverte a été faite au hasard, sans volonté de trouver des raretés "à tout prix". En outre, peu de biologistes explorent cette région. Et Goiatins n'est pas si éloignée d'Uruçuí. Enfin, l'habitat du secteur n'est pas incompatible (ceci est une hypothèse, selon Johan Ingels) avec la présence de cette espèce.

    La découverte a été faite à la limite de quatre municipalités (Tocantins, Maranhão, Piauí, Bahia), près de plusieurs zones protégées. Pacheco aimerait faire une analyse génétique du spécimen du Celeus obrieni de New York, pour le comparer à l'oiseau de Goiatins et ainsi éliminer tout doute sur son identité. Il sera donc nécessaire d'effectuer une prise de sang.

    La région est très peu connue des scientifiques. L'ornithologue qui s'est intéressé le premier à cette zone a été José Hidasi, qui l'a parcourue dans les années 1950 et 1960, et qui a collecté de nombreuses informations. Mais beaucoup reste à découvrir, et il est donc possible qu'une petite population de C. obrieni puisse exister au sud de Piauí et de Maranhão.

    La zone est toutefois menacée par la déforestationdéforestation, facilitée par la constructionconstruction des routes BR-010 et BR-163, mais aussi de voies ferrées qui favorisent la colonisation et l'exploitation agricole. Elms et Pacheco espèrent que cette redécouverte puisse mettre en avant le potentiel scientifique de la région et attirer des touristes.

    Le gouvernement régional des Tocantins fait réaliser des études supplémentaires pour créer des zones protégées, en espérant qu'elles voient le jour avant que les nouveaux champs de soja ne les rendent inutiles.