Une équipe d'évaluation de l'Organisation mondiale de la Santé vient d'effectuer la première étude complète sur la situation des hôpitaux dans la ville de Kirkouk, au nord du pays. Les deux médecins spécialistes de la santé publique, les deux pharmaciens et l'ingénieur qui la composent, ont fait état de sérieuses perturbations concernant l'approvisionnement en eau et en électricité et de graves dégradations dans les établissements qui ont également été pillés.

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    Image du site Futura Sciences
    L'équipe a visité l'hôpital Azadi (anciennement l'Hôpital général Saddam), qui est le principal établissement hospitalier du gouvernorat de Kirkouk. Ils n'ont trouvé que 40 patients, pour une capacité de 400 lits, atteints de blessures bénignes ou modérément graves. Ils ont conclu que ce petit nombre de blessés s'expliquaient pour deux raisons principales : premièrement, dans les circonstances actuelles, les chances de survie pour les blessés graves sont très faibles ; deuxièmement, le personnel de santé comme les patients estiment qu'il est dangereux d'aller à l'hôpital. Actuellement, entre 50 et 75 % du personnel ne vient pas au travail. La plupart des soignants n'ont pas été payés et il semble qu'il n'y ait aucun système prévu pour les rémunérer pour le mois d'avril.

    La ville compte deux autres hôpitaux : une maternité qui soigne également les enfants, en grande partie intacte et l'hôpital général, partiellement pillé. On estime que les deux établissements tournent à 25 % de leur capacité environ.

    Le travail de ceux qui parviennent à se rendre à l'un de ces établissements est rendu extrêmement difficile par le fait que les principaux entrepôts de fournitures médicales ont été complètement vidés par les pillards. Tous les médicaments et fournitures médicales ont été volés et même les fenêtresfenêtres, les portesportes et les appareils de climatisation ont été enlevés ou détruits. Tous les centres de santé de la ville ont également été pillés, de même que l'antenne locale du Ministère de la Santé.

    L'équipe de l'OMS a pu fournir à l'hôpital Azadi quelques articles de première nécessité, comme des bouteilles d'oxygène. Un accord a été passé pour fournir les médicaments et les fournitures médicales dont on a un besoin urgent.

    Telle est à titre d'exemple la situation régnant dans une ville, mais l'OMS pense que la plus grande partie de l'Iraq est logée à la même enseigne. Les établissements de santé ont été pillés, les fournitures et le matériel indispensables volés, et les patients comme le personnel ont peur ou ne sont pas en mesure de se rendre dans les hôpitaux. Avec les dégâts infligés aux systèmes d'alimentation en eau et en électricité, la tâche de remise en état et de reconstruction du système de santé iraquien n'en sera que plus difficile.

    Il est clair que les personnels de santé iraquiens restent dévoués à leurs patients et à leur travail. Beaucoup continuent de travailler dans des conditions extrêmement difficiles, certains dorment sur place et de nombreuses informations font état à Bagdad, Nassiriya et Bassora de membres du personnel médical s'opposant à des pillards armés. Pourtant, même avec un tel dévouement, le système ne pourra pas continuer de fonctionner si la situation ne s'améliore pas.

    L'OMS pense que les principales tâches auxquelles il faut s'atteler immédiatement sont les suivantes :

    • Protection : le personnel de santé, les patients, les fournitures et les établissements doivent être protégés contre le pillage et les menaces.
    • Règlement des frais de fonctionnement : la plupart des hôpitaux n'ont ni eau, ni électricité. Ils ont besoin de carburant, des centaines de litres par jour, pour alimenter les générateursgénérateurs de façon à produire l'électricité, à pomper l'eau, à pouvoir pratiquer les opérations chirurgicales et à évacuer les déchetsdéchets. En l'absence de toute possibilité de crédit, ce carburant se règle comptant.
    • Assumer les frais de subsistance du personnel : ce point doit être résolu d'urgence. Les soignants ne pourront pas continuer à travailler si l'on ne met pas en place un système qui leur fourni l'argentargent nécessaire pour acheter de la nourriture pour leur famille et subvenir à leurs besoins quotidiens.