Lors d'un voyage en voiture, les vibrations subies par le conducteur provoquent une sensation d’endormissement après quinze minutes seulement. Un phénomène à prendre en compte pour améliorer la sécurité routière.

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    Un accident mortel de la route sur cinq serait lié à l'endormissement ou la fatigue. Si le manque de sommeil et de repos ou la prise de médicaments constituent les premières causes de cette malheureuse statistique, une autre piste est avancée par une étude de la RMIT University de Melbourne (Australie) : les vibrationsvibrations naturelles de la voiturevoiture.

    En roulant, la voiture émet en effet des vibrations basse fréquence, dues notamment au moteur, au frottement des roues ou aux rugosités de la route. Ces vibrations sont transmises au siège du conducteur et affectent la capacité de concentration de celui-ci.

    Pour aboutir à ce constat, quinze volontaires ont été soumis à un test de conduite sur un simulateur, une première fois sans vibration et une autre fois avec un siège soumis à des vibrations entre 4 et 7 HzHz. Les tests ont été menés deux jours différents, dans des conditions strictement identiques et à l'aveugle.

    Les vibrations basse fréquence induites par la voiture impactent l’activité cardiaque et entraînent une baisse de vigilance. © chagpg, Fotolia

    Les vibrations basse fréquence induites par la voiture impactent l’activité cardiaque et entraînent une baisse de vigilance. © chagpg, Fotolia

    Les vibrations basse fréquence modifient l'activité cardiaque

    Leur niveau d'attention a ensuite été mesuré à l'aide de deux indicateurs :

    • l'un subjectif, où l'on demande aux personnes d'évaluer leur envie de dormir ;
    • l'autre grâce à des capteurscapteurs enregistrant la Variabilité de fréquence cardiaque (VFCVFC) ; cet indicateur est communément utilisé pour mesurer la capacité immédiate d'adaptation du cœur aux sollicitations, et donc le niveau de fatigue.

    « Au bout de quinze minutes seulement, on observe une activité sympathique accrue, ce qui indique un effort mental plus important du conducteur », expliquent les auteurs de l'étude. En réponse, le système nerveux réagit en modifiant l'activité cardiaque, ce qui aboutit à un endormissement. Cet endormissement augmente au fur et à mesure du test, jusqu'à atteindre un pic au bout de 30 à 45 minutes de conduite.

    Bientôt des sièges pour lutter contre l'endormissement ?

    Ce résultat corrobore celui de nombreuses autres études sur le sujet, même si les explications exactes semblent encore floues. Une précédente étude de 2016 avait par exemple déjà montré une baisse significative du niveau de vigilance et une augmentation du taux de réaction chez des conducteurs soumis à des vibrations de fréquences comprises entre 1 et 15 Hz. Les constructeurs n'ont peut-être pas encore bien pris en compte ce phénomène, mais ils travaillent cependant à réduire les vibrations ressenties (essentiellement pour des raisons de confort) à travers notamment le design des pneuspneus, le rembourrage du siège ou le système de suspension.

    Selon les auteurs, il serait possible de concevoir des sièges émettant de « bonnes » vibrations susceptibles de nous garder en éveil. Pour cela, ils comptent poursuivre leurs investigations, notamment en testant d'autres fréquences. En attendant, il est toujours conseillé de bien se reposer avant de prendre la route et d'éviter de conduire la nuit.


    Dormir ou conduire : il faut choisir

    Article de l'Inserm publié le 29/06/2006

    Les situations de somnolence sont-elles perçues par les conducteurs ? Une étude suggère que la plupart d'entre nous tentons de lutter contre le sommeil au volant... En vain.

    Le détail de ces résultats est publié cette semaine dans le British Medical Journal.

    Parce que la mesure de la somnolence est une tâche difficile, il n'existe pas aujourd'hui d'étude qui fournisse une estimation précise du nombre d'accidents causés par le manque de sommeil. Il est cependant admis que la somnolence au volant est responsable d'un grand nombre d'accidents et il s'agit aujourd'hui de trouver les stratégies préventives les plus efficaces.

    Les participants sont membres de la cohorte Gazel, tous employés ou retraités des entreprises EDF et GDF et suivis depuis 1989 par l'unité 687 de l'Inserm. Plus d'un tiers des participants à l'étude menée par Emmanuel Lagarde et Hermann Nabi disent avoir connu des périodes de conduite alors qu'ils avaient sommeil au cours de l'année passée. Ces personnes sont plus fréquemment des cadres, des conducteurs qui effectuent un nombre important de kilomètres, qui travaillent la nuit, font des heures supplémentaires ou ont des contraintes horaires dans leur activité professionnelle. La somnolence au volant est également associée à une consommation de médicaments psychotropes et d'alcoolalcool.

    « Avoir sommeil » au volant : trois fois plus de risque d'accident

    Les chercheurs de l'Inserm montrent que les personnes qui reconnaissent conduire fréquemment alors qu'ils ont sommeil ont un risque jusqu'à 3 fois plus élevé d'accident de la circulation. « Les conducteurs sont parfaitement capables d'évaluer leur état de somnolence, estiment les chercheurs. Dès qu'ils en ont pris conscience, ils doivent s'arrêter et dormir, ou renoncer à prendre le volant lorsque cela est possible », concluent-ils.

    Précision supplémentaire apportée par cette étude : le risque lié à la somnolence, observé par les chercheurs, n'est pas seulement le fait des personnes qui présentent une pathologiepathologie liée au sommeil. C'est bien en effet le manque de sommeil « ordinaire » qui conduit la plupart du temps à l'accident.

    1.000 morts par an évitables

    Les mesures préventives mises en place jusqu'à présent en France n'ont pas permis de réduire significativement les accidents dus à la somnolence. La prise de conscience de ce risque est restée faible comparée au « risque alcool » et à celui représenté par la vitessevitesse au volant.

    Les auteurs évaluent en effet à au moins un millier le nombre de décès qui pourrait être évités chaque année (et entre 10.000 et 20.000, le nombre de blessés évitables).

    « Alors que des progrès importants ont été récemment réalisés en matièrematière de sécurité routière, essentiellement grâce à une réduction de la vitesse, nos résultats devraient inciter à la mise en place de messages de préventionprévention également axés sur la somnolence au volant », concluent les auteurs qui proposent de « compléter et renforcer les moyens de prévention existants tels que la promotion de l'hygiène de sommeil, des "pauses sommeil" au cours des longs trajets, l'installation de bandes résonnantes le long des autoroutes, la création d'aires de repos accueillantes et le développement de systèmes de détection embarqués de l'assoupissement efficaces et opérationnels ».

    En résumé, le message est clair : au volant, il ne faut pas tenter de lutter contre le sommeil, il faut s'arrêter et dormir. Reste à savoir si tous les conducteurs sont en mesure de respecter ces recommandations, en toute circonstance.