Selon une étude menée par Indrani Ganguly-Fitzgerald de l'Institut de neurosciences de San Diego, une vie sociale intense chez la drosophile nécessite des siestes plus longues pour la mise en mémoire : la sieste est importante pour la mémoire sociale.

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    L'impact du sommeil sur la mise en mémoire est d'un grand intérêt pour les neurobiologistes. Ils ont démontré que l'apprentissage d'une nouvelle fonction peut être amélioré par le sommeil, les troubles du sommeil affectent d'ailleurs cette mise en mémoire. Le sommeil est donc important dans le processus d'organisation du cerveau.

    Pour étudier l'effet de l'expérience sociale sur le sommeil, le choix de la drosophiledrosophile pourrait paraître étrange. Cependant, les drosophiles sont faciles à manipuler génétiquement et leur comportement social a été largement observé lors d'expériences. De plus, depuis 2000, il a été démontré que la drosophile est capable de dormir. Ses repos se manifestent par des siestes pouvant durer environ 2h30.

    Pour Ganguly-Fitzgerald, "les drosophiles nous ressemblent en quelque sorte, si bien que nous pouvons les appeler des petits humains avec des ailes". Les scientifiques ont séparé deux groupes de mouches dès leur naissance pendant quatre jours. Un premier groupe a grandi en contact d'au moins trente congénères et le second s'est développé de manière solitaire.

    Les résultats sont étonnants puisqu'ils ont révélé que les mouches "sociales" dorment quatre fois plus que les mouches "solitaires" (60 min. contre 15 min). Elles gardent cependant le même comportement durant la nuit. Pour contrôler les résultats, des drosophiles ont été mutées au niveau de gènesgènes importants pour la vue et l'odoratodorat. Ainsi, elles sont incapables de se sociabiliser. Chez ces mouches, aucune différence dans le "pattern" du sommeil n'est observée. Ces résultats démontrent que les siestes sont importantes pour la mise en place de la mémoire alors que le sommeil durant la nuit semble avoir différentes fonctions chez la mouche.

    Les chercheurs ont approfondi ce phénomène en étudiant 49 gènes importants pour l'apprentissage de la mémoire et leur relation avec le sommeil. Lorsque 17 de ces gènes sont inactivés, le comportement social n'affecte pas le temps de sieste. Ils sont tous impliqués dans l'apprentissage de la mémoire à long terme.

    Les chercheurs espèrent désormais identifier des homologues de ces gènes chez l'humain afin de comprendre les processus biochimiques impliqués dans la consolidation de notre "mémoire sociale".

    Pour Chiara Cirelli, de l'université du Wisconsin à Madison, cette étude démontre également que les drosophiles peuvent être un vrai modèle pour ce type d'études même si la communauté du sommeil reste difficile à convaincre.

    Par Brice Obadia, Hedi Haddada & Sophia Gray