Coqueluche, blennorragie : rien que ça. Cette toxine produite par des bactéries n'est pas tendre avec la santé des humains. Et pourtant, elle n'hésite pas à faire sa B.A. auprès d'un petit calmar du Pacifique. Quant les bactéries deviennent des anges, la médecine en perd son latin…

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    En novembre dernier, dans la revue Science, une équipe américaine de l'Université du Wisconsin a publié une découverte qui pourrait bien bousculer notre vision des choses sur les microorganismesmicroorganismes pathogènes... Elle a travaillé sur un modèle de toxine produite entre autres par les bactéries Bordatella pertussis (cytotoxine trachéale ou TCT) et Neisseria gonorrhoeae qui causent respectivement de graves lésions aux poumons (coqueluche), ainsi qu'aux trompes utérinestrompes utérines chez la femme (blennoragie)... Pourtant, cette protéineprotéine est bienveillante à l'égard du minuscule calmarcalmar hawaiien !

    <br />Calmar &copy; William Ormerod - courtesy Margaret McFall-Ngai<br />

    Calmar © William Ormerod - courtesy Margaret McFall-Ngai

    Le petit céphalopodecéphalopode (Euprymna scolopes) de 4 cm a une vie nocturnenocturne : le jour, il reste caché dans le sablesable et la nuit, c'est une vraie lanterne. Il éclaire tout sur son passage grâce à un organe luminescent... dont la croissance serait impossible sans l'intervention de la fameuse toxine. A sa naissance, le calmar n'est pas plus grand qu'un grain de riz. Il doit puiser la bactérie dans son milieu ambiant afin qu'elle puisse coloniser l'organe, sans quoi, « si l'on prive l'animal de ces microbes, le système ne se développe pas ! » assure - preuve en laboratoire à l'appui - Margaret McFall - Ngai spécialisée en microbiologie et auteur de l'étude.

    Cette symbiose étonnante va un peu à l'encontre des recherches menées principalement sur le caractère pathogène des quelques bactéries connues comme telles. Elle semble indiquer que la présence de bactéries puisse avoir des conséquences radicalement différentes selon les 'mécanismes d'utilisation' par les organismes infectés. « Tout dépend du contexte en réalité... Jusqu'à présent, les moléculesmolécules de nature virulente n'avaient pas été identifiées comme étant susceptibles d'avoir des rôles essentiels pour le développement d'un organisme ! » continue de s'étonner la scientifique. Selon elle, il se pourrait que les croisements moléculaires entre les bactéries et leurs hôtes déterminent la nature de leur relation : neutre, bénéfique ou dangereuse.

    Il serait donc tout aussi intéressant d'encourager les études qui concernent des associations positives entre les bactéries et les humains ou les animaux, ne serait-ce que pour limiter leurs pertes lors de l'utilisation des antibiotiquesantibiotiques ! Moins d'une centaine d'espècesespèces bactériennes seulement seraient impliquées dans des maladies graves. Alors qu'on estime à 2300 le nombre de bactéries vivant en harmonie de façon bénéfique ou bénigne avec l'homme, la plupart d'entre elles participant au processus complexe de la digestiondigestion, mais également à l'épanouissement du système immunitairesystème immunitaire. Nul doute que la bactériologie est une science qui a encore de beaux jours devant elle...