Depuis que les thromboses atypiques sont considérées comme un effet secondaire des vaccins d'AstraZeneca et Johnson & Johnson, le mécanisme conduisant à leur formation n'était pas encore élucidé. Les scientifiques de l'université de l'Arizona pensent avoir trouvé l'une des clés du mécanisme. 


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    La thrombocytopéniethrombocytopénie thrombotique induite par le vaccin, ou VITT, est un des effets secondaires des formules d'AstraZeneca et Johnson & Johnson qui utilisent toutes les deux un adénovirus modifié. Évènement rarissime, les scientifiques s'interrogent encore sur les mécanismes qui conduisent à la formation des caillots sanguins après la première injection de ces vaccins.

    L'étreinte entre PF4 et l'adénovirus

    Une équipe de recherche de l'université de l'Arizona a peut-être décrypté une partie de ce mécanisme. En analysant la structure de l'adénovirus contenu dans le vaccin d'AstraZenecaAstraZeneca à un niveau de détail très fin, de l'ordre de l'angström. La capside de l'adénovirus, qui sert de véhicule au matériel génétiquematériel génétique du SARS-CoV-2, peut se lier physiquement au facteur plaquettaire 4 (PF4), une protéineprotéine sanguine présente dans les caillots caractéristiques du VITT. 

    Plus précisément, le PF4 peut se fixer sur des zones chargées négativement à la surface de l'adénovirus, appelées hexons. Le PF4 étant chargé positivement, le vecteur agit comme un aimantaimant. Cette interaction est considérée comme anormale par le système immunitairesystème immunitaire. Des anticorpsanticorps s'y fixent dans le but de la neutraliser, entraînant ainsi une cascade de réactions qui se termine par la formation d'un caillot et une thrombosethrombose

    En rouge, les zones de ChadOx1 où le PF4 peut se fixer. © Alexander T. Baker et al., <em>Science Advances</em>
    En rouge, les zones de ChadOx1 où le PF4 peut se fixer. © Alexander T. Baker et al., Science Advances

    Modifier l'adénovirus dans les vaccins

    « Avec une meilleure compréhension du mécanisme par lequel PF4 et les adénovirus interagissent, il y a une opportunité d'améliorer la coquille du vaccin, la capside, pour prévenir l'interaction avec PF4. Modifier ChAdOx1 pour réduire la charge négative peut réduire les risques de causer des thrombocytopénies thrombotiques », explique Alexander Baker, premier auteur de l'étude.

    En effet, dans cette approche mécanistique, c'est l'interaction avec certaines zones très électronégatives de l'adénovirus qui serait l'une des causes du VITT. En modifiant les acides aminésacides aminés auxquels PF4 se fixent, le risque qu'un caillot sanguin se forme in fine est réduit. 


    Vaccin AstraZeneca : les thromboses considérées comme un effet secondaire rare

    Article publié le 8 avril 2021 par Julie KernJulie Kern

    Après avoir analysé plusieurs cas de thromboses après l'injection du vaccin Vaxzeria, l'Agence européenne du médicament considère que ces symptômessymptômes graves sont une conséquence rare de la vaccinationvaccination avec la formule mise au point par AstraZeneca.

    Un jour après la déclaration de Marco Cavaleri, responsable de la stratégie vaccinale à l'Agence européenne du médicament (EMA), le comité de sécurité de l'institution sanitaire a publié ses conclusions officielles. Selon ces dernières, les caillots sanguins, accompagnés d'un déficit en plaquettesplaquettes, doivent être considérés comme un effet secondaire rare du vaccin d'AstraZeneca, Vaxzeria. Cette décision se base sur l'étude de 62 cas de thrombose des sinus veineux cérébraux et 24 cas de thrombose veineuse splanchnique (circulation sanguine de l'abdomenabdomen), dont 18 se sont avérés mortels, signalés au 21 mars. Depuis, le nombre de cas a augmenté : 169 cas de thrombose cérébrale et 53 cas de thrombose de l'abdomen ont été rapportés à l'EudraVigilance, qui compile les effets secondaires pour les médicaments autorisés en Europe. Au 4 avril 2021, 34 millions de personnes ont été vaccinées avec Vaxveria dans les 27 pays de l'Union européenne.

    Pour le moment, il n'y a aucun facteur de risquefacteur de risque connu aux thromboses, néanmoins les femmes de moins de 60 ans sont les plus touchées par le phénomène. Ainsi, l'EMA recommande aux professionnels de santé et aux vaccinés d'être conscients que ce risque, bien que très faible, existe dans les deux semaines suivant l'injection. Si des essoufflements, des douleursdouleurs thoraciques et abdominales, des gonflements des jambes, des symptômes neurologiques comme des céphaléescéphalées persistantes ou des troubles de la vision et des petits points rouges autour du site d'injection se manifestent, il faut consulter un médecin. L'EMA réaffirme que la balance bénéfice-risque du vaccin Vaxzeria est toujours en faveur des bénéfices.


    AstraZeneca : un lien clair entre le vaccin et les thromboses, selon un responsable de l'EMA

    Article publié le 6 avril 2021 par Julie Kern

    Dans une interview, un responsable de la stratégie vaccinale à l'Agence européenne du médicament estime qu'il y a un lien clair entre le vaccin d'AstraZeneca et les cas de thrombose. Aucune communication officielle allant dans ce sens n'a été faite pour le moment. 

    Depuis sa suspension temporaire, le vaccin anti-Covid d'AstraZeneca (Vaxzeria) est boudé par les personnes éligibles à la vaccination, notamment à cause des effets secondaires provoqués par ce dernier. Ce qui inquiète tout particulièrement la population est l'apparition d'une thrombose des sinus veineux cérébraux, c'est-à-dire la formation d'un caillot dans les vaisseaux sanguins qui irriguent le cerveaucerveau. Ces évènements concernent majoritairement des jeunes femmes de moins de 50 ans et s'accompagnent d'une thrombopénie, une quantité de plaquettes inférieure aux valeurs normales.

    Dans les cas identifiés de thrombose grave après la vaccination, les patients souffraient d'une thrombose des sinus veineux cérébraux et de thrombopénie, un tableau clinique rare. © Axel Kock, Adobe Stock
    Dans les cas identifiés de thrombose grave après la vaccination, les patients souffraient d'une thrombose des sinus veineux cérébraux et de thrombopénie, un tableau clinique rare. © Axel Kock, Adobe Stock

    Un lien entre thrombose et vaccin établi ?

    Dans sa dernière communication sur le sujet, l'Agence européenne du médicament (EMA) indique qu'« un lien de causalité avec le vaccin n'est pas prouvé, mais il est possible, et les analyses se poursuivent ». Mais, le 6 avril 2021, Marco Cavaleri, le responsable de la stratégie vaccinale à l'EMA a déclaré dans le quotidien italien Il Messaggero : « Nous pouvons désormais le dire, il est clair qu'il y a un lien avec le vaccin. Ce qui cause cette réaction, cependant, nous ne le savons pas encore. » Une annonce officielle de l'EMA, qui n'a pas confirmé les dires de Marco Cavaleri, devrait paraître prochainement, car les scientifiques se réunissent autour de la question entre le 6 et le 9 avril 2021. 

    Si selon Marco Cavaleri, il y a un lien entre le vaccin et les thromboses, le mécanisme en cause n'a pas encore été décrypté. L'association de thrombose avec la thrombopénie, qui conduit à des troubles hémorragiques, est assez unique. Selon l'Inserm, elle est liée à des altérations du système immunitaire et n'a pas encore été observée suite à une vaccination. Malgré ces suspicions, le rapport bénéfique/risque global du vaccin Vaxzeria est toujours positif, mais il pourrait être réestimé en fonction de l'âge. En France, la Haute Autorité de santéHaute Autorité de santé recommande de ne vacciner que les personnes de plus de 55 ans avec le vaccin Vaxzeria.