Dix ans après, comment vont les dix enfants qui ont participé à un essai clinique de thérapie génique ? Les médecins à l'origine de l'essai sur ces jeunes patients atteints d'un déficit immunitaire grave d'origine génétique font le point sur leur état de santé.


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    En 2009 et 2012, dix enfants ont participé à un essai clinique de phase 2 pour traiter leur maladie génétique incurable, l'ADAADA-SCID. Les jeunes patients ont un déficit sévère en adénosine désaminase, une enzymeenzyme indispensable au développement du système immunitaire, qui cause une immunodépression sévère. Sans traitement, la plupart des enfants décèdent avant l'âge de deux ans des suites d'une infection opportuniste que leur immunitéimmunité n'a pas su éradiquer. 

    Les dix patients âgés de 3 mois à 15 ans ont été traités par thérapie génique. Les cellules souchescellules souches de leur propre moelle osseusemoelle osseuse ont été modifiées par un vecteur de thérapie géniquethérapie génique en laboratoire. Le vecteur, dérivé d'un gammaretrovirus de souris, transporte le gènegène ADA de l'adénosine désaminase pour restaurer son activité en s'intégrant dans le génomegénome des cellules prélevées. Comme pour une auto-greffegreffe, les cellules modifiées ont été ensuite réinjectées aux enfants. Voilà presque dix ans qu'ils ont été soignés, les médecins de l'Université de Californie à Los Angeles font le bilan de leur état de santé dans la revue Blood. Les nouvelles sont plutôt bonnes !

    La jeune Evangelina Vaccaro, soignée par thérapie génique en 2012. © <em>Courtesy of Alysia Padilla-Vaccaro</em>
    La jeune Evangelina Vaccaro, soignée par thérapie génique en 2012. © Courtesy of Alysia Padilla-Vaccaro

    90 % des enfants soignés

    Presque tous les enfants sont en bonne santé et n'ont pas fait de rechuterechute. Pour neuf d'entre eux, le traitement est un succès. En revanche, il n'a pas fonctionné pour le patient âgé de 15 ans à l'époque. « Nous avons vu durant les premières années que cette thérapie fonctionnait, et maintenant nous pouvons dire que, non seulement elle fonctionne, mais elle fonctionne aussi après plus de 10 ans », explique Daniel B. Kohn, professeur à l'Université de Californie, et directeur de ces recherches.

    Pendant ces dix années, le système immunitaire des neuf enfants s'est développé correctement et de façon robuste, ils n'ont pas eu besoin d'un « rappel » de thérapie génique ou d'une greffe d'une moelle osseuse issue d'un donneur. Certains d'entre eux présentent même cent fois plus de cellules souches hématopoïétiques exprimant l'ADA que les autres participants. Les médecins souhaitent désormais atteindre les mêmes performances chez tous les patients atteints d'ADA-SCID.

    Le fait que le vecteur de thérapie génique s'intègre dans le génome peut avoir des conséquences graves, comme l'apparition de cancer. Les médecins ont suivi de près l'expression des gènes de prolifération cellulaire dans les cellules modifiées Chez certains enfants, ils sont surexprimés, mais pour le moment aucun cancercancer ne s'est déclaré. C'est aussi un point de constante amélioré pour les scientifiques. « Savoir que la thérapie génique peut avoir un effet de longue duréedurée sur l'ADA-SCID pendant plus de dix ans est important pour le développement de nouvelles thérapies géniques pour cette maladie et d'autres », conclut-il.