Sur le mystère de l'oreille coupée de Vincent Van Gogh, aucun médecin, psychiatre, ni même historien de l'art, tous aussi éminents soient-ils, n'a pu expliquer cet acte d'automutilation. Après avoir décortiqué la correspondance du célèbre peintre néerlandais et des milliers de documents, des chercheurs apportent une explication sur cet état mental qui l'a conduit au suicide.


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    Le 23 décembre 1888, Vincent Van Gogh perdait son oreille gauche, à Arles, dans des circonstances plus que mystérieuses. Si certains historienshistoriens estiment que Paul Gauguin aurait tranché l'oreille du peintre néerlandais lors d'une violente dispute, d'autres privilégient la thèse d'un acte d'automutilation dû à une santé mentale défaillante.

    Une nouvelle étude publiée dans The International Journal of Bipolar Disorders vient crédibiliser cette dernière hypothèse, en affirmant que cette blessure résulterait d'un épisode psychotique alimenté par le sevrage alcooliquesevrage alcoolique.

    Vincent Van Gogh souffrait d'un grave trouble de la personnalité « borderline » soutiennent des chercheurs du Centre médical universitaire de Groningen aux Pays-Bas. Les symptômes de cette pathologie psychiatrique auraient été aggravés par une forte addiction à l'alcool, dont le sevrage, couplé à un état de malnutrition, aurait entraîné une crise de délire. Un épisode psychotique durant lequel le peintre néerlandais se serait tranché l'oreille gauche. 

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    Autoportrait à l'oreille bandée (ou Homme à la pipe), 1889. © Van Gogh, Domaine public, <em>Wikimedia Commons</em>
    Autoportrait à l'oreille bandée (ou Homme à la pipe), 1889. © Van Gogh, Domaine public, Wikimedia Commons

    Les contours flous d'une personnalité « borderline »

    « Par la suite, il aurait développé deux délires probablement liés au sevrage alcoolique, suivis d'une aggravation de sa condition mentale avec des épisodes dépressifs sévères (dont au moins un avec des caractéristiques psychotiques) dont il ne s'est pas complètement remis, ce qui aurait finalement conduit à son suicide », écrivent-ils dans l'étude.

    Avant d'arriver à ce diagnosticdiagnostic, les chercheurs se sont appuyés sur près de 900 lettres écrites par le peintre néerlandais à ses proches, dont son frère Théo. Ces documents historiques leur ont permis de remplir quatre questionnaires sur les troubles de la personnalité pour « mieux comprendre la psychopathologie de Vincent Van Gogh ». Une méthode d'analyse qui peut toutefois présenter des failles. 

    « Dans ces lettres, il décrivait ce qu'il vivait, y compris ses problèmes mentaux, bien qu'il faille aussi savoir que Van Gogh n'écrivait pas ses lettres pour ses médecins, mais pour son frère Théo et d'autres parents, pour les informer ou les rassurer », affirment-ils dans l'étude. 

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    Est-ce vraiment le fin mot de l'histoire ?

    L'état mental de Van Gogh a fait l'objet de nombreuses spéculations au fil des années, à tel point que 35 médecins, psychiatres et historiens de l'art internationaux n'avaient pas réussi en 2016 à se mettre d'accord sur un diagnostic définitif. Cette rencontre avait été parrainée par le Musée Van Gogh d'Amsterdam, dans le cadre de son exposition Au bord de la folie, dédiée au peintre néerlandais.

    « Il y a eu des milliers de documents médicaux sur l'état mental de Van Gogh, mais il s'est avéré remarquablement difficile de déterminer la cause de ses problèmes, a déclaré Martin Bailey, un expert de Van Gogh, à Artnet News. Cette dernière étude, rédigée par d'éminents spécialistes, est certainement importante et basée sur une étude sérieuse des symptômes de l'artiste. Mais il est peu probable que ce soit le dernier mot sur cette question difficile ».