Après le Lutényl et le Lutéran, l'ANSM met en garde contre l'implication d'autres molécules progestatives dans l'apparition d'une forme de cancer du cerveau très fréquente : le méningiome.


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    L'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) a réuni un comité scientifique temporaire pour enquêter sur le rôle potentiel des progestatifs prescrits aux femmes dans l'apparition du méningiome, un cancer qui touche le cerveau. Après le Lutényl et le Lutéran en 2020, les experts ont identifié d'autres progestatifs associés à des cas de méningiomes. En attendant que le lien soit avéré par des études épidémiologiques, l'ANSM a publié des recommandations pour limiter le risque de méningiome chez les femmes traitées avec de la médrogestone, de la progestérone dosée à 100 ou 200 mg, de la dydrogestérone et du diégonest. 

    D'autres progestatifs associés au méningiome chez les femmes

    Les cas de méningiome observés chez les femmes traitées avec la médrogestone et la progestérone semblent être liés à ces moléculesmolécules car les tumeurstumeurs se sont stabilisées ou ont cessé de grandir après l'arrêt du traitement, selon l'ANSM. Des modifications dans les caractéristiques de ses médicaments sont prévues pour que le risque potentiel de méningiome soit mentionné.

    Les recommandations de l'ANSM pour les femmes ayant besoin de prendre des progestatifs pour soigner une maladie gynécologique sont les suivantes :

    • la contrindication d'un traitement progestatif pour celles qui ont des antécédents de méningiome ou un méningiome actif ;
    • le traitement doit être prescrit avec la dose la plus faible et pour la duréedurée la plus courte possible (le risque de méningiome augmente avec la dose et le temps du traitement) ;
    • l'intérêt du traitement doit être renouvelé chaque année, particulièrement chez les femmes autour de la ménopause (l'âge est un facteur de risquefacteur de risque certain du méningiome) ;
    • un examen IRMIRM doit être pratiqué en cas de symptômessymptômes pouvant correspondre à ceux d'un méningiome (maux de tête, nausées, troubles de la vision, de l'audition, du langage).
    Les progestatifs sont inclus dans certaines pilules contraceptives. Ils sont aussi utilisés pour soigner des maladies gynécologiques comme l'endométriose ou les fibromes par exemple. © JPC-PROD, Fotolia
    Les progestatifs sont inclus dans certaines pilules contraceptives. Ils sont aussi utilisés pour soigner des maladies gynécologiques comme l'endométriose ou les fibromes par exemple. © JPC-PROD, Fotolia

    Les méningiomes, des tumeurs cérébrales très fréquentes

    Les méningiomes touchent neuf personnes sur 100 000 dans la population générale, mais ces cancers sont plus fréquents chez les personnes âgées, les femmes, et chez celles et ceux exposés à des radiations ionisantes durant l'enfance. Les lésions tumorales apparaissent sur les méningesméninges, l'ensemble des membranes qui entourent le cerveau et la moelle épinièremoelle épinière. Le méningiome évolue lentement et peut juste faire l'objet d'un suivi neurologique sans intervention. Quand il est assez volumineux, la chirurgiechirurgie, accompagnée ou non d'une radiothérapieradiothérapie postopératoirepostopératoire, reste le meilleur moyen de le retirer. Environ 90 % des méningiomes sont bénins.


    L'ANSM met en garde contre les risques de méningiome associés aux pilules Lutényl et Lutéran

    Article publié le 28 septembre 2020 par Julie KernJulie Kern

    Deux progestatifs massivement prescrits aux femmes sont associés à un risque accru de méningiome. L'ANSM a émis des recommandations pour les femmes sous traitement et tiendra une consultation publique pour répondre aux questions sur YouTubeYouTube.

    L'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) a alerté il y a quelques jours sur les risques accrus d'apparition d'un cancer pour les femmes traitées au Lutéran et au Lutényl, deux pilules contraceptives progestatives.

    Le principe actifprincipe actif du Lutéran (et ses génériques) est l'acétate de chlormadinone, un dérivé de la progestérone prescrit pour traiter les règles irrégulières et douloureuses, la ménopauseménopause, les saignements dus à fibrome ou l’endométriose. Le Lutényl, dont le principe actif est un autre dérivé de la progestérone, l'acétate de nomégestrol, est prescrit dans le même cadre.

    Le Lutényl, le Lutéran et leurs génériques. © domaine public
    Le Lutényl, le Lutéran et leurs génériques. © domaine public

    Un risque accru de méningiome chez les femmes traitées

    À la suite d'une étude épidémiologique menée en juin 2020, ces deux progestatifs ont été reliés à un risque accru de méningiome. En effet, les résultats indiquent qu'une femme traitée avec l'une de ces deux molécules a 3,3 fois plus de chance de développer un méningiome. Ce chiffre augmente significativement avec la durée du traitement et la dose mais aussi l'âge de la patiente. Ainsi, le risque de contracter un méningiome après cinq ans de traitement au Lutényl est multiplié par douze. Ce risque est multiplié par 7 après trois ans et demi de traitement au Lutéran. Enfin, le risque de méningiome est trois fois plus élevé pour les femmes de 35 à 44 ans que pour celles âgées de 25 à 34 ans.

    Le méningiome est une tumeur des méninges, une membrane composée de deux feuillets : la dure-mèredure-mère qui est la plus épaisse, et une deuxième plus fine, l'arachnoïde. Enfin, la pie-mère est adhérente au cerveau. C'est entre l'arachnoïde et la pie-mère que circule le liquide céphalorachidienliquide céphalorachidien qui protège le cerveau des chocs. La tumeur pousse souvent à partir de l'arachnoïde vers le cerveau et le compresse, ce qui peut provoquer tout un panel de symptômes.

    Les tumeurs qui affectent les méninges sont souvent bénignes et asymptomatiques. Néanmoins, sous l'effet d'un traitement hormonal, elles peuvent grossir et devenir agressives. On parle alors de méningiomes atypiques (stade II) et de méningiomes malins (stade III). Si un méningiome est détecté chez une patiente, l'ANSM indique que tout traitement au Lutényl ou Lutéran en cours doit être interrompu. En effet, l'acétate de chlormadinone et l'acétate de nomégestol sont contre-indiqués en cas de méningiome ou d'antécédents de méningiome.

    Les méninges sont composées de la dure-mère, l'arachnoïde et la pie-mère. © Grook Da Oger, <em>Wikimedia Commons</em>, CC by-sa 3.0
    Les méninges sont composées de la dure-mère, l'arachnoïde et la pie-mère. © Grook Da Oger, Wikimedia Commons, CC by-sa 3.0

    Une consultation publique en ligne

    Afin de prendre en compte le risque non-négligeable de méningiome pour les femmes sous Lutényl ou Lutéran, l'ANSM organise une consultation publique, le lundi 2 novembre 2020 sur leur chaîne YouTube. Elle prendra la forme de contributions et de questions écrites ou orales qui seront adressées à un comité d'experts et de médecins.

    Si vous êtes concernée par un traitement au Lutényl ou Lutéran et souhaitez participer à cette consultation, vous pouvez soumettre une candidature en ligne jusqu'à 30 septembre. Le lien pour candidater est disponible ici. En attendant, des recommandations ont été émises pour les patientes et les professionnels de santé, consultables sur le site de l’ANSM.