C’est un cas rare qui a été pris en charge dans un hôpital vietnamien au début du mois de juin. Un jeune homme présentant des abcès aux pieds et aux mains provoqués par un ver nématode parasite, jamais observé dans la région.


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    L'Hôpital national des maladies tropicales à Hanoï a annoncé dans un communiqué l'admission d'un patient hors du commun, le 7 juin dernier. Le jeune homme de 23 ans, originaire de la province de Yen Bai au nord du Vietnam, avait les jambes et les bras recouverts d'abcès. Il se plaignait aussi de fatigues et de douleurs depuis plusieurs jours. Le responsable de l'état du jeune vietnamien est un ver nématode parasiteparasite jamais encore observé dans le pays, la filaire de Médine.

    Un ver de Guinée retiré d'un abcès. La technique ancestrale consiste à enrouler le ver sur un bâton et de l'extraire doucement de la plaie sans le rompre. © CDC, domaine public
    Un ver de Guinée retiré d'un abcès. La technique ancestrale consiste à enrouler le ver sur un bâton et de l'extraire doucement de la plaie sans le rompre. © CDC, domaine public

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    Des vers de 60 centimètres extraits des mains

    Les chirurgiens de l'hôpital d'Hanoï ont extrait des abcès situés sur les mains du patient cinq filaires de Médine d'une longueur comprise entre 30 et 60 centimètres. Ces vers, appelés aussi vers de Guinée (Dracunculus medinensis) appartiennent à la famille des Dracunculus et sont responsables d'une maladie infectieuse, la dracunculose.

    Dans le communiqué, les médecins expliquent que le patient avait pour habitude de manger des poissonspoissons et crabes vivants. Il se serait contaminé en ingérant des larveslarves de Dracunculus medinensis présentes sur ces animaux non cuits. La source d'eau fera sûrement l'objet d'analyses pour y détecter la présence des larves du parasite.

    Le cycle de vie de la filaire de Médine ou <em>Dracunculus medinensis</em>. © CDC
    Le cycle de vie de la filaire de Médine ou Dracunculus medinensis. © CDC

    Un ver parasite presque éradiqué

    Les larves sont absorbées par des petits crustacéscrustacés aquatiques, les cyclops dans lesquels elles grandissent et deviennent infestantes (stade L3). L'être humain, ou un autre mammifèremammifère, se contamine en buvant de l'eau parasitée non filtrée. Dans son cycle de vie, les mammifères sont l'hôte définitif de ce nématodenématode parasite. Chez les parasites, l'hôte définitif correspond à l'organisme dans lequel le parasite atteindra sa taille adulte et effectuera sa reproduction sexuée (à la différence de l'hôte intermédiaire, ici les cyclops).

    Les larves sont libérées dans l'intestin et migrent vers les tissus sous-cutanéssous-cutanés où elles poursuivent leur développement. Une fois adulte et en présence d'eau, la femelle perce la peau, ce qui créé par la même occasion un abcès douloureux souvent aux pieds ou aux mains, pour y déverser ses larves qui iront à nouveau infester des cyclops.

    Comme il n'existe aucun traitement spécifique pour la dracunculose, les médecins ont soigné le jeune homme en lui administrant un anthelminthique ciblant les nématodes, et en retirant les vers de ses plaies.

    Si la dracunculose est inédite au Vietnam, elle a été endémiqueendémique de nombreux pays africains, essentiellement dans les zones rurales. Dans les années 1980, 3,5 millions de personnes souffraient de cette maladie. Aujourd'hui, elle est en voie de disparition grâce aux campagnes d'éradication. Selon l’Organisation mondiale de la Santé, parmi les 20 pays dans lesquels la maladie était endémique, seul deux ont rapporté des cas en 2017 : l'Éthiopie et le Tchad (quinze cas chacun). En mai 2020, l'Éthiopie a recensé sept cas humains et 50 personnes en observation dans la région de Gambella. Si le ver n'infeste plus des millions d'humains, il est toujours présent chez d'autres mammifères comme le chienchien ou le chat.