Que nous apprend la crise sanitaire actuelle sur notre espèce humaine, nos comportements et notre société moderne ?


au sommaire


    La crise sanitaire actuelle nous apprend deux choses essentielles. Premièrement, notre société occidentale est plutôt mauvaise pour entreprendre des comportements collectifs adéquats (contrairement aux sociétés asiatiques, chinoises ou encore coréennes). Deuxièmement, nous sommes tous incapables lorsqu'il s'agit d'anticiper et de prendre des mesures contre un phénomène qui n'est pas sous nos yeuxyeux.

    De l'irresponsabilité de ceux qui se croient invulnérables 

    Nos actions sont incessamment motivées par des besoins individuels que nous cherchons à assouvir. Parfois, il y a conflit entre l'intérêt individuel et l'intérêt collectif. C'est le cas lors d'une évacuation d'urgence, par exemple. Pour se sortir au plus vite du pétrin, mieux vaut courir. En revanche, pour que le groupe sorte plus vite de la zone dangereuse, il faut aller à vitessevitesse constante (Lire à ce sujet les travaux de recherche de Mehdi Moussaïd). C'est le parfait exemple de cette dichotomie qui se caractérise souvent par une dissonance cognitive entre ce que nous faisons et ce que nous voudrions faire dans beaucoup de situations.

    Depuis trois jours, c'est le confinement total. Pourtant, nous assistons encore, ça et là, à de la défiance contre les mesures prises par le gouvernement pour endiguer l'épidémie. En effet, statistiquement, une personne jeune, en bonne santé, avec un poids sain et n'ayant pas adopté de comportements « risqués » (fumer ou prendre des anti-inflammatoires non stéroïdiens par exemple), a très peu de chance d'être hospitalisé à cause de ce virus (même si, rappelons-le, des cas jeunes ont été hospitalisés) ; elle a encore moins de chance d'en mourrir.

    En revanche, vous pouvez être vecteur et contaminer des personnes qui, elles, ont beaucoup moins de chance de s'en sortir que vous. Rester chez soi relève donc de la responsabilité individuelle afin d'éviter de tuer indirectement plusieurs personnes. Néanmoins, lorsqu'on constate les sociétés « déresponsabilisantes » que nous avons bâties, l'existence de ce type de comportement n'est pas surprenant.

    En comparaison, c'est le même principe qui sous-tend pour la vaccination. Le comportement bénéfique pour la collectivité est de se faire vacciner -- même si l'on n'est pas forcément à risque -- pour favoriser une immunité de groupe. Parallèlement, le confinement vaut pour tout le monde, même si on n'est pas à risque individuellement, pour éviter la propagation du virus.

    Il semble que l'être humain ne soit vraiment capable d'agir que lorsqu'il constate être passé du côté droit de l'image. © jozsitoeroe, Fotolia 
    Il semble que l'être humain ne soit vraiment capable d'agir que lorsqu'il constate être passé du côté droit de l'image. © jozsitoeroe, Fotolia 

    Une explication à l'inaction climatique ?

    Quand avons-nous commencé, citoyens et gouvernants, à prendre la mesure de ce qui était en train de se passer ? Lorsque la situation a commencé à devenir sérieuse, dangereuse, dans notre pays, sous nos yeux. Seuls certains scientifiques avaient alerté sur les risques et incité à prendre des mesures drastiques bien plus tôt face à la pandémie. D'autres la prévoyaient depuis plusieurs années. 

    Voir aussi

    SARS-CoV-2 : les scientifiques savaient que ce n'était qu'une question de temps

    Peut-on oser un parallèle avec l'inaction climatique ? Nous nous comportons exactement de la même façon avec cette thématique que nous le faisons avec cette épidémie. Les scientifiques nous alertent (depuis 30 ans), nous donnent les meilleures mesures à prendre en fonction des objectifs que nous avons définis politiquement, mais nos cerveaux de primatesprimates « biaisés » ont un mal fou à restreindre une onceonce de liberté pour un problème qui ne nous touche pas. Du moins, pas encore.

    C'est la grande différence entre ces deux crises. Celle du SARS-CoV-2 est visible tout de suite (et les bénéfices de nos actions ne sont pas différés dans le temps). De plus, nous combattons un « méchant » extrinsèque à nous-mêmes contrairement à la crise climatique, où la catastrophe en cours et à venir a pour cause principale les activités humaines

    Voilà pourquoi, il est plus que nécessaire de tirer de grandes leçons de cette crise. Premièrement, écoutons les scientifiques lorsqu'il s'agit de faits. Il nous faut accepter les faits qu'ils rapportent s'ils font consensus. Ensuite, cela appartient à nous, citoyens, et à nos sociétés, de légiférer et de statuer sur les objectifs qui seront les nôtres à partir de ces faits. Mais là encore, les mesures adoptées doivent être utiles à l'objectif que l'on projette. C'est là encore le travail du scientifique que de guider l'action.

    Pour conclure, écoutons les scientifiques lorsqu'il s'agit de faits à propos de leur discipline, décidons collectivement des actions à entreprendre et écoutons de nouveau les scientifiques pour savoir comment mener au mieux ces actions.

    Pour approfondir quelques questions évoquées dans cet article, voici la dernière vidéo d'Aurélien Barrau, astrophysicien et philosophe, intitulée « coronavirus et écologie ».