En cette Journée mondiale de la Terre, voici une information qui redonne un infime espoir. Des chercheurs ont fait des projections sur 2050 pour savoir si la planète pourrait nourrir la totalité de la population, en conservant toutes ses forêts. C’est faisable… mais seulement si les Terriens mangent 100 % de produits à base de plantes.

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    Environ les trois quarts de la surface terrestre sont déjà utilisés par les humains, avec des conséquences néfastes sur l'environnement : eutrophisationeutrophisation des eaux, pollution, perte de biodiversitébiodiversité et un effet sur le climatclimat global. C'est pourquoi il est important de savoir s'il sera possible de continuer à vivre sur cette Terre tout en sauvegardant les écosystèmes, notamment les forêts.

    Celles-ci sont importantes pour la biodiversité et le climat mais leur sauvegardesauvegarde implique de limiter l'expansion agricole. Cet objectif est-il réalisable dans un monde où la demande alimentaire et énergétique est croissante ? Comment fournir suffisamment à manger à l'humanité en conservant assez d'espace pour la nature ?

    Pour le savoir, des chercheurs autrichiens ont réalisé des centaines de simulations à l'horizon 2050, en prenant en compte différents paramètres : agriculture biologique contre agricultureagriculture conventionnelle, alimentation à base de végétaux ou de viande, faible ou fort rendement agricole... Leur objectif était de savoir s'il est possible de nourrir l'humanité sans avoir recours à la déforestationdéforestation. Ils ont regardé si chaque combinaison était faisable ou pas.

    Les résultats apparaissent dans Nature Communications. Les chercheurs ont trouvé que l'alimentation était le principal facteur déterminant, car les autres facteurs comme les rendements n'avaient pas un tel effet. De nombreuses options sont réalisables sans toucher aux forêts : environ les deux tiers des 500 scénarios imaginés sont soit « faisables » soit « probablement faisables », même avec de faibles rendements agricoles ou une alimentation occidentale, riche en viande. Toutefois, si ces deux conditions sont réunies, cela devient impossible...

    100 % des scénarios dans un monde <em>vegan</em> sont réalisables sans toucher aux forêts (à droite, en vert). Cependant, si la population adopte un régime de type occidental, riche en produits animaux (à gauche), il faudra une augmentation des rendements et des surfaces en culture. © Erb <em>et al.</em>, <em>Nature Communications</em> 2016

    100 % des scénarios dans un monde vegan sont réalisables sans toucher aux forêts (à droite, en vert). Cependant, si la population adopte un régime de type occidental, riche en produits animaux (à gauche), il faudra une augmentation des rendements et des surfaces en culture. © Erb et al., Nature Communications 2016

    La production de viande est gourmande en surfaces agricoles

    Dans l'ensemble, les régimes végétalien et végétarien permettaient le plus de scénarios faisables et 100 % des scénarios où l'humanité avec un régime exclusivement végétal étaient faisables. Une raison est que ces régimes nécessitent deux fois moins de surfaces cultivées que les régimes à base de viande. À cause des surfaces nécessaires pour la production de viande, seulement 15 % des scénarios avec une alimentation de type occidentale, riche en viande, étaient faisables.

    Cependant, l'étude a considéré que les échanges se faisaient librement entre pays, c'est-à-dire que la nourriture pouvait aller là où elle était demandée. L'analyse n'a pas pris en compte les barrières commerciales : les chercheurs ont considéré que la biomassebiomasse voyage là où elle doit compenser les déficits locaux. Or, les obstacles socio-économiques au commerce, les tarifs et les régulations pourraient limiter le nombre de scénarios faisables.

    La conclusion de cette étude est que la planète peut nourrir le monde sans avoir recours à la déforestation : celle-ci n'est pas une condition sine qua non pour fournir suffisamment de nourriture à l'humanité en 2050 et de nombreuses autres stratégies existent. Si les Hommes mangent peu voire pas du tout de viande, il n'y a pas de nécessité d'avoir des rendements agricoles élevés ni d'étendre les surfaces cultivées. De plus, une diminution des produits animaux dans l'alimentation humaine aurait aussi des bénéfices pour la santé...