Plusieurs stimuli guident les moustiques jusqu'à notre peau. Trois étaient déjà connus des scientifiques : le CO2 qu'on expire, la température du corps et la transpiration. Des scientifiques viennent d'en découvrir un quatrième.


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    Tous les étés, il y a ceux qui sont dévorés par les moustiquesmoustiques et ceux qui en réchappent. Pour les scientifiques, il existe trois raisons principales pour expliquer cette apparente injustice. « J'ai l'habitude de dire qu'il y a trois signaux majeurs qui attirent les moustiques : votre respiration, votre transpiration et la température de votre peau. Dans cette étude, nous avons identifié un quatrième signal », explique Jeffrey A. Riffel, professeur de biologie à l'université de Washington.

    Les piqûres de moustiques ne donnent pas seulement des boutons qui démangent, elles sont aussi sources de maladies. Les expériences ont été menées sur Aedes aegypti, une espèceespèce de moustique vecteur de la dengue, du Zika, du chikungunya et de la fièvre jaunefièvre jaune. Des maladies infectieuses qui font des ravages dans les pays tropicaux. Ces maladies sont aussi transmises par le moustique-tigretigre (Aedes albopictusAedes albopictus) qui est présent presque partout en France métropolitaine et en Outre-mer.

    Les couleurs qui attirent le plus les moustiques de l'espèce <em>Aedes aegypti</em> : le cyan, le jaune, l'orange, le rouge et le noir. © Diego Alonso San Alberto et al., <em>Nature Communications</em>
    Les couleurs qui attirent le plus les moustiques de l'espèce Aedes aegypti : le cyan, le jaune, l'orange, le rouge et le noir. © Diego Alonso San Alberto et al., Nature Communications

    Les moustiques préfèrent le rouge

    Dans leurs expériences, Jeffrey A. Riffel et ses collègues ont suivi la trajectoire de vol d'un million de moustiques femelles, les seules à piquer pour nourrir leurs œufs, dans un environnement contrôlé. Il s'agit d'une chambre de test longue de deux mètres où l'insecteinsecte a le choix entre deux cibles colorées. Les scientifiques ont suivi la trajectoire de l'insecte grâce à seize caméras et un système de tracking 3D. Tout commence par un jet de CO2, un gazgaz inodore pour l'humain mais très appétissant pour le moustique. Puis grâce au système de caméras, les scientifiques ont pu observer vers quelle cible colorée les insectes se dirigeaient en premier. Ils semblent préférer le rouge, l'orange et le noir alors que le blanc, le vert et le violet les laissent indifférents.

    Ainsi pour les moustiques, la couleurcouleur rouge serait la promesse d'un bon repas sanguin. « La couleur rouge n'est pas que présente sur vos habits, elle l'est aussi sur la peau. La couleur de peau n'a pas d'importance, nous émettons tous une forte signature rouge. Filtrer ces couleurs attractives sur notre peau ou éviter de porter des vêtements de ces couleurs pourrait être un autre moyen de préventionprévention des piqûres de moustiques », poursuit le professeur Riffel.

    Cette préférence pour le rouge est inscrite dans les gènesgènes du moustique. Des insectes mutés par plusieurs gènes sont devenus indifférents aux stimuli rouge-orangé. Cela suggère aussi que les observations faites ici ne sont valables que pour l'espèce Aedes aegypti et que d'autres moustiques pourraient préférer d'autres longueurs d'ondelongueurs d'onde. En conclusion, quand un moustique cherche se nourrir, il est d'abord attiré par l'odeur, avant de repérer visuellement son restaurant préféré. 


    Les moustiques aussi ont des couleurs préférées !

    Article publié le 28 juillet 2020 par Nathalie MayerNathalie Mayer

    Les moustiques sont parmi les principaux vecteurs de maladies affectant tant les humains que les animaux. Et des chercheurs viennent de faire une découverte qui pourrait aider à mieux contrôler ce fléau. Selon leurs travaux, les moustiques seraient attirés -- ou repoussés -- par des couleurs différentes en fonction de leur espèce et du moment de la journée.

    « La sagesse populaire suggère que les moustiques sont attirés par la lumière ultraviolette (UV), et ce, de manière non spécifique », raconte Todd C. Holmes, professeur à l'université de Californie à Irvine (États-Unis) dans un communiqué. D'où le recours généralisé à des lampes à UV pour lutter contre ce fléau. « Mais nos résultats montrent que les choses sont beaucoup plus compliquées que ça. »

    Les chercheurs ont en effet étudié la sensibilité de différentes espèces de moustiques à différents types de lumièrelumière. Des Aedes aegypti, les moustiques de la fièvre jaune, qui piquent surtout le jour, et des Anopheles coluzzi, vecteurs du paludismepaludisme, qui piquent essentiellement la nuit. Ils ont découvert que la sensibilité des moustiques dépend de leur sexe, de leur espèce, de l'heure de la journée et de la couleur de la lumière.

    Les chercheurs estiment que les moustiques ont contribué à la mort de la moitié de tous les humains qui ont vécu à ce jour sur notre Terre. La fièvre jaune, par exemple, est une maladie hémorragique transmise par des moustiques infectés. C’est dire l’importance de mieux comprendre leur mode opératoire. © Tobias Arhelger, Adobe Stock
    Les chercheurs estiment que les moustiques ont contribué à la mort de la moitié de tous les humains qui ont vécu à ce jour sur notre Terre. La fièvre jaune, par exemple, est une maladie hémorragique transmise par des moustiques infectés. C’est dire l’importance de mieux comprendre leur mode opératoire. © Tobias Arhelger, Adobe Stock

    Lutter plus efficacement contre les moustiques

    Par exemple, les moustiques qui piquent le jour, en particulier les femelles qui en ont besoin pour leurs œufs fécondés, sont attirés par la lumière pendant la journée, quelle que soit sa couleur. En revanche, les moustiques piqueurs nocturnesnocturnes évitent spécifiquement les ultravioletsultraviolets (UV) et la lumière bleue pendant la journée.

    « En acquérant une compréhension de la façon dont les moustiques réagissent à la lumière d'une manière spécifique à l'espèce, nous pouvons développer de nouvelles alternatives respectueuses de l'environnement pour lutter plus efficacement contre les insectes nuisibles -- en général -- et réduire le besoin de pesticides toxiques nocifs pour l’environnement », conclut Todd C. Holmes.