Une récente expérience confirme des observations déjà effectuées concernant les tatouages : ils entravent la sécrétion de sueur par nos glandes sudoripares eccrines lors d'un stress thermique.


au sommaire


    La popularité des tatouages augmente. Près d'1 Français sur 5 porterait un tatouage. Si les effets néfastes à court terme sont bien connus (inconfort, érythème, saignement, inflammation et destruction de l'interface cellulaire qui relie les couches épidermique et cutanée) et se résolvent généralement en quelques semaines, des mystères planent encore sur les effets à long terme des tatouages. Selon une récente étude parue dans The Journal of Applied Physiologyles tatouages entravent la production de sueur par nos glandes sudoripares eccrines. 

    Un phénomène qui était déjà soupçonné 

    Des études antérieures avaient déjà identifié le phénomène dans des conditions non exemptes de limites et de biais méthodologiques qui entravaient la possibilité de conclure fermement. Par exemple, on savait déjà que les tatouages induisaient une production de transpiration plus faible et que celle-ci était beaucoup plus chargée en chlorure de sodiumsodium. On craignait donc des effets délétères lors d'une activité physiquephysique ou de fortes chaleurschaleurs notamment concernant l'homéostasie thermique et la réabsorption du sodium. Pourtant, dans une autre expérience, aucune différence n'a été observée lors d'un exercice de 20 minutes entre la production de sueur d'une peau tatouée comparée à une peau non tatouée.

    Mais ce type d'approche comporte des limites méthodologiques majeures comme l'expliquent les auteurs du papier : « Il est difficile de déterminer l'ampleur du stimulus thermique de cet exercice car ni la température interne ni la température de la peau n'ont été mesurées. Il est possible que ces 20 minutes d'exercice ne soient pas un stimulus thermique suffisant pour permettre de différencier les différences potentielles de taux de sudation entre une peau tatouée et une peau témoin saine. »

    Les tatouages peuvent entraver la production de notre sueur lors d'un stress thermique. © snedorez, Fotolia
    Les tatouages peuvent entraver la production de notre sueur lors d'un stress thermique. © snedorez, Fotolia

    Par conséquent, nos expérimentateurs ont mis au point une méthodologie déjà utilisée dans le monde de la recherche en physiologie : le chauffage passif du corps entier. Les sujets de l'étude (5 femmes et 5 hommes) portent une combinaison et sont allongés sur un lit médicalisé. Une eau à 34 °C perfuse la combinaison pendant 10 minutes, puis le chauffage passif du corps entier est effectué en injectant de l'eau à 48 °C à travers la combinaison jusqu'à ce que la température intestinale des participants augmente de 1,0 °C. Grâce à cette méthodologie, ils ont pu évaluer leur hypothèse de départ, à savoir que les augmentations réflexes du taux de sudation et de la vasodilatation cutanée seraient entravées sur la partie de la peau tatouée par rapport à une autre partie adjacente sans tatouage lors d'un chauffage passif du corps entier.

    Les tatouages endommageraient nos glandes sudoripares eccrines 

    Dans l'expérience ont été mesurées la température intestinale et de la peau, le flux sanguin et le taux de transpiration durant la phase de référence à 34 °C, et la phase de chauffage passif. Les résultats démontrent que le taux de transpiration est plus faible sur la partie de la peau tatouée des participants que sur la partie de la peau non tatouée. Pour autant, la peau tatouée transpire quand même et les délais d'apparition de la transpiration sont identiques entre la peau tatouée et la peau non tatouée.

    Cela suggère que c'est bien au sein des glandes sudoripares eccrines que le tatouage induirait des séquellesséquelles. Les chercheurs font l'hypothèse que le tatouage rendrait nos glandes moins sensibles à l'acétylcholineacétylcholine, un neurotransmetteurneurotransmetteur dont l'un des rôles est de prévenir nos glandes d'un stressstress thermique pour amorcer la production de sueur. En effet, l'hypothèse d'une altération du circuit neuronal est mise à mal par l'expérience susmentionnée étant donné que la transpiration est tout de même présente et que les délais d'apparition de la transpiration sont similaires. Si une altération du signal neurologique était à l'œuvre, d'autres résultats auraient été obtenus.

    Les auteurs considèrent que ces résultats ont des implications concernant les risques à long terme des tatouages, notamment pour des sous-populations qui se tatouent plus que les autres et qui ont plus de risques de subir un stress thermique comme les athlètes professionnels ou encore les militaires. Ils concluent ainsi : « Une diminution de la transpiration de la peau tatouée pourrait avoir un impact sur la dissipation de la chaleur, en particulier lorsque le tatouage couvre un pourcentage plus élevé de la surface corporelle et pourrait être considérée comme un effet secondaire clinique potentiel du tatouage. »