Dans tous les sites de flambées épidémiques, le virus du SRAS a été éliminé de son nouvel hôte humain. C'est une réussite considérable pour une maladie particulièrement dangereuse et mal connue, dont personne n'avait entendu parler quatre mois auparavant.

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    Le monde doit néanmoins rester sur ses gardes. La résurgence de cas fin mai à Toronto, où l'on pensait avoir endigué la maladie, a rappelé la résistancerésistance du SRAS et sa capacité à réserver des surprises.

    Les premières chaînes de transmission sont aussi les plus mystérieuses


    On sait désormais que les premiers cas se sont produits vers la mi-novembre dans la province du Guangdong (Chine). Le SRAS n'a commencé à se répandre dans le monde qu'à partir du 21 février, lorsqu'un médecin contaminé de Guangdong a séjourné au neuvième étage du Metropole Hotel de Hong Kong, dans la chambre 911.

    C'est à partir de ce lieu bien précis que la transmission internationale du SRAS a débuté, d'une manière qui reste encore mystérieuse. Au moins 14 clients et visiteurs ont transporté le virus dans le milieu hospitalier de Toronto, de Hong Kong, du Viet Nam et de Singapour. Plus récemment, les analyses pratiquées à leur retour ont établi que deux autres clients originaires du Royaume-Uni, tombés malades et hospitalisés ensuite aux Philippines, avaient été infectés par le SRAS. Pour des raisons encore inexpliquées, ces deux personnes sont les seules à avoir été infectées pendant leur séjour dans cet hôtel de Hong Kong sans pour autant avoir provoqué de flambées importantes ailleurs.

    Les flambées les plus précoces et les plus graves, à Toronto, à Hong Kong, au Viet Nam et à Singapour, ont toutes eu pour origine des clients de cet hôtel. A ce moment là, avant la première alerte mondiale publiée par l'OMS le 12 mars , personne ne savait qu'une nouvelle maladie grave, pouvant se propager rapidement en milieu hospitalier, était apparue. Le personnel hospitalier qui a soigné les premiers cas ne s'est donc pas suffisamment protégé de l'infection pendant qu'il s'efforçait avec énergieénergie de sauver la vie de ces malades.

    En conséquence, la maladie s'est propagée rapidement dans les hôpitaux, en infectant le personnel, d'autres patients, des visiteurs, puis en se répandant dans les communautés avec l'infection des membres des familles et des personnes en contact rapproché. Avec le développement des flambées, le nombre des cas exportés s'est accru et, finalement, 30 pays et territoires ont notifié des cas.

    Une enquête efficace


    L'OMS et les responsables nationaux de la santé devaient agir rapidement. L'une des mesures essentielles de lutte consistait à déterminer les chaînes de transmission. A Singapour par exemple, on a mis en évidence que 5 patients ont été à l'origine de 103 des 206 cas que l'on a recensés au cours de la flambée épidémique.

    D'autres mesures ont été prises pour endiguer l'épidémie, notamment le dépistage rapide des cas et leur isolement, la mise en quarantaine des sujets contacts, les restrictions aux voyages. L'ouverture de centaines de centres de soin des affections fébrilesfébriles et le recours aux médias pour inciter le public à contrôler plusieurs fois par jour l'apparition éventuelle de fièvrefièvre ont permis d'améliorer encore le dépistage.

    A la suite de l'alerte mondiale de l'OMS et de ses recommandations d'urgence pour les voyages publiées le 15 mars , pratiquement tous les pays ayant eu des cas importés ont pu soit éviter toute transmission ultérieure, soit restreindre très fortement le nombre de cas supplémentaires, grâce à la sensibilisation aux symptômessymptômes à surveiller et aux mesures à prendre.

    Taiwan (Chine) est la seule exception. Elle a connu une explosion de cas à la suite d'une défaillance des mesures anti-infectieuses dans un hôpital, ce qui illustre bien le caractère implacable du SRAS.

    Le SRAS est la première maladie grave et facilement transmissible apparue au 21e siècle. L'applicationapplication diligente des mesures de lutte mises au point le siècle précédent a néanmoins permis de l'endiguer. En dernière analyse, ce sont elles, aussi vieilles soient-elles, qui ont permis de remporter la victoire, au moins pour l'instant.

    Questions en suspens

    La plus pressante a trait à la possibilité de résurgence du SRAS. Comme pour le virus Ebola, dont on n'a jamais découvert l'origine, il pourrait y avoir un réservoir chez l'animal ou dans l'environnement qui permettrait au virus du SRAS de resurgir lorsque les conditions sont de nouveau réunies pour sa transmission chez l'homme, son nouvel hôte. Comme pour bien d'autres maladies respiratoires, le SRAS pourrait aussi avoir disparu avec l'augmentation de la chaleurchaleur et de l'humidité pour réapparaître avec le retour de la fraîcheur.

    Pour cette raison, l'OMS passera prochainement d'un effort de riposte à l'urgence à un programme de recherche pour répondre à ces questions et à bien d'autres d'une importance cruciale. Par exemple, y a-t-il une possibilité que la transmission se poursuive, même après l'interruption de toutes les chaînes connues, mais à un niveau si faible qu'il ne permette pas la détection avant que ne survienne de nouveau une flambée épidémique?

    Pour l'instant cependant, l'OMS a pour objectif de barrer toute possibilité de propagation internationale.