Des chercheurs russes affirment avoir développé un « gaz lumineux » à inhaler qui émet des UV à l’intérieur du corps pour tuer le virus de la Covid-19. Une idée qui s’appuie sur des fondements scientifiques sérieux mais qui est loin d’être réalisable en l’état.


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    L'idée semble sortir tout droit du cerveau de Donald Trump. « Supposons que l'on amène de la lumièrelumière très puissante ou ultraviolette à l'intérieur du corps, par exemple en la faisant passer à travers la peau ou par un autre moyen, ça a l'airair intéressant », s'était alors interrogé le Président américain lors d'une conférence de presse le 23 avril dernier, suggérant également de s'injecter du désinfectant pour tuer le coronavirus de l'intérieur « comme un nettoyage ».

    Nous sélectionnons des molécules et des composants gazeux qui émettent de la lumière ultraviolette directement dans les poumons

    Cette idée a priori farfelue est pourtant prise très au sérieux par les Russes, qui envisagent de développer une technique baptisée « gaz lumineux » et consistant à inhaler du gaz émettant des ultravioletsultraviolets qui tuerait le virus dans le corps. Dans une interview à Country Rosatom, la newsletter de l'agence nucléaire russe, le président de l'Institut de physiquephysique et d'ingénierie énergétique (IPPE) Andrei Goverdovsky explique que des chercheurs travaillent actuellement à différentes méthodes pour combattre le virus dont celle du gaz lumineux. « Jusqu'à présent, personne n'a réussi à élaborer une désinfection par UV à l'intérieur du corps, explique Goverdovsky. Nous avons trouvé comment le faire : nous sélectionnons des moléculesmolécules et des composants gazeux qui, lorsqu'ils sont inhalés, restent actifs et émettent de la lumière ultraviolette directement dans les poumons. En plus du coronavirus, notre méthode pourrait être utilisée pour traiter la tuberculose, l'oncologieoncologie et d'autres maladies », assure-t-il, sans donner d'autres détails.

    Lorsqu’ils sont excités, certains gaz émettent de la lumière ultraviolette, comme dans les tubes fluorescents. © pom669, Adobe Stock
    Lorsqu’ils sont excités, certains gaz émettent de la lumière ultraviolette, comme dans les tubes fluorescents. © pom669, Adobe Stock

    Gaz lumineux et lampes UV : déjà une réalité

    Malgré l'apparence farfelue du projet, il existe des bases scientifiques à ce principe. Plusieurs gaz, comme le mercuremercure ou l'hydrogènehydrogène, possèdent en effet la capacité à émettre des UV lorsqu'ils sont excités. C'est d'ailleurs le principe des tubes fluorescents, qui sont remplis de mercure à l'état gazeuxétat gazeux et dont les atomesatomes ionisés émettent des UV sous l'effet d'un courant électriquecourant électrique. Mais ce n'est certainement pas le mercure auquel pensent les chercheurs de l'IPPE, ce dernier étant hautement toxique. Quoi qu'il en soit, il faut de toute façon une source d'énergieénergie pour exciter le gaz.

    Deuxièmement, les UV sont effectivement très efficaces pour tuer les virus et contrairement aux produits chimiques, ils n'engendrent aucune pollution. Les lampes à ultraviolets sont d'ailleurs largement utilisées dans la désinfection des lieux publics, comme les hôpitaux, les écoles ou les rames de train. Le hic, c'est que les UV sont nocifs pour la peau et les yeuxyeux et ne peuvent donc pas être utilisés en présence d'êtres humains.

     

    La startup Aytu BioScience a mis au point une sonde émettant des UVA pour désinfecter les virus et bactéries pathogènes de l’intérieur. © Aytu BioScience

    Délivrer de la lumière UV dans le corps à l’aide d’un endoscope

    Différentes méthodes ont récemment été développées pour résoudre cette équationéquation. Des chercheurs de l'université de St Andrew (Royaume-Uni) ont par exemple développé des lampes UV émettant à des longueurs d'onde inférieures qui seraient inoffensives pour la peau. En 2018, une autre équipe de l'université ColumbiaColumbia, aux États-Unis, avait montré que de faibles doses d'UVC lointain pouvaient inactiver le virus de la grippe dans l’air à plus de 95 %. La solution développée par les scientifiques de Cedars-Sinai, à Los Angeles, et la startup pharmaceutique Aytu BioScience, semble s'approcher plus de celle défendue par Rosatom. Baptisée Healight, la technique consiste à délivrer de la lumière UV dans le corps à l'aide d'un tube endotrachéal ou d'une sonde nasale. « L'administration d'un spectrespectre spécifique de lumière UVA peut éradiquer les virus et les bactériesbactéries dans les cellules humaines infectées tout en préservant les cellules saines », a assuré Mark Pimentel, qui dirige la recherche à Cedars-Sinai. La sonde UV est introduite dans la trachéetrachée et descend jusqu'à l'organe ciblé.

    En attendant le fameux « gaz lumineux » de l'IPPE, n'essayez pas de suivre les conseils de Donald Trump. « Nos produits désinfectantsdésinfectants ne doivent, en aucune circonstance, être administrés dans le corps humain, que ce soit par injection, ingestioningestion ou par quelque autre voie », s'était cru obligé de préciser le fabricant du désinfectant Lysol après l'intervention du Président américain.