Plusieurs théories tentent d’expliquer pourquoi la plupart des femmes préfèrent les hommes au torse imberbe. L’une des hypothèses est que l’absence de poils limite les risques de maladies parasitaires, aussi bien pour lui que pour elle, ce qui serait un critère de sélection sexuelle. Mais une étude slovaque remet tout cela en cause…


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    La séduction passionne beaucoup les chercheurs. Après ceux qui tentent de comprendre pourquoi les seins des femmes plaisent tant aux hommes, d'autres s'intéressent aux effets des torses masculins poilus ou non sur l'attirance féminine. Une théorie, dite de l'évitement des ectoparasites, est remise en cause par un travail des chercheurs de l'université de Trnava, en Slovaquie. Même si leurs résultats sont contestables...

    Le contexte : les poils, nid à ectoparasites

    Le zoologistezoologiste britannique Desmond Morris décrit l'Homme comme « le singe nu » selon le titre d'un de ses ouvrages. Pourquoi sommes-nous le seul primateprimate à ne pas arborer une toison complète sur l'ensemble du corps ? Curieuse question.

    Les biologistes cherchent la réponse dans les lois de l'évolution. Pour que l'espèceespèce humaine ait perdu peu à peu ses poils, cela devait procurer un avantage. L'hypothèse dominante consiste donc à penser que les poils, même s'ils réchauffent, favorisent l'installation de parasitesparasites tels que des poux, dégradant les conditions de vie. Très peu pour mesdames qui auraient eu une préférence pour les hommes au torse dégarni, risquant moins de les contaminer. C'est l'hypothèse de l'évitement des ectoparasites.

    Mais cette vision des choses relève davantage de l'empirisme que de la validation scientifique. Alors Pavol Prokop et son équipe ont voulu tester la théorie. Leur idée : si l'attirance pour les torses imberbes est guidée par la volonté de ne pas attraper de parasites, alors elle doit être encore plus prégnante chez les femmes vivant dans des territoires aux nombreuses maladies parasitaires. Leur analyse publiée en 2012 dans Archives of Sexual Behavior  a montré que ce n'est pas tout à fait le cas.

    Les poux de nos cheveux sont des ectoparasites. Si nous avions le corps recouvert d'une fourrure, ils s'y pavaneraient aussi. Alors, en perdant une grande partie de notre pelage, nous avons limité les risques d'être colonisés par une population de parasites. © Gilles San Martin, Fotopédia, cc by sa 2.0
    Les poux de nos cheveux sont des ectoparasites. Si nous avions le corps recouvert d'une fourrure, ils s'y pavaneraient aussi. Alors, en perdant une grande partie de notre pelage, nous avons limité les risques d'être colonisés par une population de parasites. © Gilles San Martin, Fotopédia, cc by sa 2.0

    L’étude : les femmes préfèrent les torses imberbes

    Le protocoleprotocole a fait appel à 344 étudiantes : 161 d'entre elles étaient Turques et les 183 autres avaient la nationalité slovaque. La Turquie connaît un taux de maladies parasitaires (denguepaludisme ou schistosomiase) plus élevé que la Slovaquie. Ainsi, les scientifiques peuvent tester l'hypothèse, en partant du principe que les femmes d'Anatolie manifesteraient davantage d'intérêt pour un corps masculin sans poil que celles d'Europe centrale.

    Ces volontaires avaient pour mission de noter l'attirance que suscitaient chez elles des clichés de torses d'hommes poilus ou non. Pour éviter les biais expérimentaux, les auteurs ont demandé aux « mannequins » de se photographier avant puis après s'être rasé la poitrine, de façon à ce que le seul paramètre qui change soit la fourrure pectorale et abdominale.

    Leurs prédictions originelles n'ont pas été vérifiées. Turques et Slovaques préfèrent dans des taux très similaires (à près de 80 %) les hommes les moins velus. Peu importe les taux de maladies parasitaires, les femmes n'aiment pas les poils !

    L’œil extérieur : des points à clarifier

    Les auteurs comptaient élargir leur étude et y inclure d'autres peuples pour vérifier l'universalité de leur découverte. De précédents travaux avaient par exemple montré que les Camerounaises préféraient les torses bien garnis, à la différence des Chinoises, Néo-Zélandaises ou Californiennes. Mais cela pourrait être plus complexe encore : la période du cycle menstruel rentrerait en ligne de compte. Durant sa phase de fertilité, une femme aimerait davantage les hommes imberbes tandis qu'elle manifesterait plus d'intérêt aux poils le reste du temps.

    Mais avant de poursuivre plus loin leur expérience, il est à noter un point un peu bancal. Comme précisé, des scientifiques considèrent la perte de poils comme un avantage adaptatif contre les maladies parasitaires. Et principalement contre les ectoparasites, ceux qui à l'instar des poux, vivent à nos dépens sur la surface de notre corps. Or, si effectivement les parasitoses sévissent plus en Turquie qu'en Slovaquie, les trois maladies qu'ils spécifient dans leur travail (paludisme, dengue et schistosomiase) sont causées par des endoparasites, dues à des vecteurs retrouvés à l'intérieur du corps. On voit mal comment ils peuvent invalider l'hypothèse de l'évitement des ectoparasites s'ils ne s'y intéressent pas...