Des chercheurs américains ont utilisé les ciseaux génétiques CRISPR/Cas9 sur des souris modèles pour la progéria. Cette thérapie génique a permis de rallonger l’espérance de vie des animaux, ce qui suggère des applications chez l’homme.


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    Le vieillissement normal d'un individu est associé à un risque accru de développer certaines pathologies, comme la maladie d'Alzheimer ou des cancers. C'est pourquoi des chercheurs s'intéressent aux moyens qui pourraient ralentir le vieillissement, en travaillant notamment sur une maladie rare et incurable : la progéria.

    La progéria est une pathologie qui conduit à un vieillissement accéléré. Elle est liée à une mutation du gène LMNA qui favorise des dommages à l'ADNADN et des problèmes cardiaques. Le gène LMNA permet la production de deux protéinesprotéines : les lamines A et C. Mais dans la progéria, la lamine A est transformée en progérine, une forme toxique qui s'accumule.

    Un allongement de l’espérance de vie des souris progéria traitées

    Dans un article paru dans Nature Medicine, des scientifiques de l'Institut Salk à la Jolla ont développé une thérapie géniquethérapie génique pour ralentir le vieillissement. Ils ont voulu réduire la toxicitétoxicité de la mutation du gène LMNA grâce aux ciseaux moléculaires CRISPRCRISPR/Cas9, en ciblant la lamine A et la progérine, sans toucher à la lamine C. Deux mois après cette thérapie, les souris modèles pour la progéria étaient plus grosses, plus actives et en meilleure santé cardiovasculaire. Leur espérance de vie augmentait de 25 %.

    Dans un communiqué de l’Institut Salk, Juan Carlos Izpisua Belmonte a expliqué que « Le vieillissement est un processus complexe dans lequel les cellules commencent à perdre leur fonctionnalité. Il est donc essentiel pour nous de trouver des moyens efficaces d'étudier les facteurs moléculaires du vieillissement. Il ajoute : C'est la première fois qu'une thérapie de modification des gènes est appliquée pour traiter le syndromesyndrome de la progéria. »


    Progeria : l'espoir d'une thérapie génique

    Article de Futura avec l'AFP-Washington paru le 2 novembre 2011

    Après avoir déterminé en 2003 le gène responsable de la progéria, des chercheurs viennent d'obtenir un modèle animal de cette maladie génétiquemaladie génétique rare, causant un vieillissement accéléré chez les enfants atteints. Un espoir pour le développement d'une thérapie génique.

    Une équipe de recherche franco-espagnole a développé une thérapie génique prometteuse chez des souris pour traiter la progéria, maladie génétique rare provoquant une sénescencesénescence accélérée chez de très jeunes enfants, selon leurs travaux publiés mercredi aux États-Unis. Jusqu'alors, aucun modèle reproduisant exactement les effets de cette maladie chez l'Homme nexistait.

    Ces travaux menés par Nicolas Lévy et Annachiara de Sandre-Giovannoli, chercheurs respectivement à l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) et à l'université de la Méditerranée à Marseille avec Carlos López-Otín de l'université dOviedo en Espagne, ont permis de créer un tel modèle.

    Nicolas Lévy et son équipe avait découvert en 2003 le gène responsable de la progéria (ou syndrome de Hutchinson-Gilfordsyndrome de Hutchinson-Gilford), qui est incurable.

    En 2008, un essai cliniqueessai clinique avait été mené avec douze enfants souffrant de la maladie pour évaluer les effets de deux moléculesmolécules existantes pour en ralentir les symptômessymptômes, mais avec des résultats limités.

    Qu'est-ce que la progéria, maladie génétique rare ?

    Ce gène mutant dit LMNA provoque la production d'une protéine raccourcie, la progérine, qui s'accumule dans les noyaux des cellules avec des effets toxiques entraînant différents dysfonctionnements (maladies et vieillissement physiologique accéléré).

    Les enfants souffrant de progéria ont les apparences d'un vieillissement accéléré tels des cheveux rares, des douleursdouleurs articulaires, la peau fine et des problèmes cardiovasculaires.

    Les enfants atteints de progéria souffrent de vieillissement accéléré. Physiquement, on peut le voir par la finesse de la peau et la perte des cheveux. L'image en haut à droite représente un noyau cellulaire normal, celui d'en bas, un noyau déformé au cours d'une progéria. © <em>Plos</em>, Wikipédia CC by 2.5
    Les enfants atteints de progéria souffrent de vieillissement accéléré. Physiquement, on peut le voir par la finesse de la peau et la perte des cheveux. L'image en haut à droite représente un noyau cellulaire normal, celui d'en bas, un noyau déformé au cours d'une progéria. © Plos, Wikipédia CC by 2.5

    Des souris génétiquement modifiées porteuses de la mutation

    L'essai clinique de 2008 en Europe avait testé une combinaison de statinesstatines (des anticholestérol efficaces contre l'athéroscléroseathérosclérose et le risque cardiovasculaire) et d'aminobisphosphonates (utilisés pour traiter l'ostéoporoseostéoporose osseuse). Toutefois, les auteurs de ces travaux parus dans la revue médicale américaine Science Translational Medicine et financés en partie par des dons du Téléthon, ont poursuivi leurs efforts pour cette fois tenter de corriger les effets du défaut génétique responsable de la progéria.

    Ce traitement, mis au point chez des souris génétiquement modifiées pour être porteuses du même défaut génétique, a permis d'allonger nettement la vie de ces animaux et de corriger plusieurs symptômes.

    Les souris génétiquement modifiées pour être porteuses de la mutation génétique responsable de la progéria, présentent à partir de trois semaines des défauts de croissance, une perte de poids, des déformations osseuses ainsi que des anomaliesanomalies cardiovasculaires et métaboliques, comme chez l'Homme.

    Leur espérance de vieespérance de vie est aussi considérablement écourtée à 103 jours en moyenne contre deux ans pour les souris sauvages normales.