Un atlas du paludisme vient d'être publié, qui montre la répartition mondiale de ce fléau, touchant 2,37 milliards de personnes. C'est la première carte disponible depuis quarante ans. Elle indique les risques région par région et démontre que des efforts mieux ciblés permettraient de lutter plus efficacement contre cette maladie.

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    On dispose de multiples cartes, régionales ou mondiales, sur la production planctonique, les températures au sol ou dans la stratosphèrestratosphère, l'extension des glaces ou la consommation d'énergieénergie par personne. Mais pour le paludisme, ou malaria, une maladie souvent mortelle qui touche plus de deux milliards de personnes dans le monde, la dernière datait de 1968...

    Cette absence n'est pas anecdotique car il est important de connaître le plus précisément possible la distribution de ce fléau dans les différentes régions du monde pour dimensionner et répartir judicieusement les moyens de lutte contre ses ravages. Le paludisme, causé par le parasiteparasite Plasmodium falciparum, est véhiculé par des moustiquesmoustiques (30 à 40 espècesespèces appartenant au genre Anopheles). On ne connaît aucun vaccin et on soigne aujourd'hui cette maladie à l'aide de différents antipaludiques, comme la quinine, en principe utilisés en associations thérapeutiques (pour prévenir l'apparition de résistancesrésistances), comme l'ACT, à base d'artémisinine (tirée de l'armoisearmoise). Chaque année, environ 500 millions de personnes sont touchées et le nombre de morts annoncé varie entre 1 et 3 millions selon les sources.

    En trois ans d'effort, une équipe internationale, réunie dans le MAP (Malaria Atlas Project, financé par une association caritative britannique, Wellcome Trust), a ausculté 4.278 rapports émanant de 79 pays, indiquant le nombre de personnes touchées entre 2002 et 2006. Mais ces données n'étaient pas suffisantes. L'équipe a également étudié les paramètres climatiques (température et humidité) qui conditionnent la présence des anophèlesanophèles vecteurs de la maladie.

    Ces deux cartes montrent les risques de contracter le paludisme pour un habitant (cliquez sur l'image pour l'agrandir). Celle du haut est obtenue par l'analyse de la présence du parasite (<em>P. falciparum</em>) et celle du bas par la prise en compte des conditions climatiques (température et aridité). Les zones rouges indiquent un risque moyen à élevé. Les zones roses un risque faible. En gris clair, apparaissent les régions où le risque est quasiment nul. Dans secteurs en gris foncé, les données sont insuffisantes. © MAP

    Ces deux cartes montrent les risques de contracter le paludisme pour un habitant (cliquez sur l'image pour l'agrandir). Celle du haut est obtenue par l'analyse de la présence du parasite (P. falciparum) et celle du bas par la prise en compte des conditions climatiques (température et aridité). Les zones rouges indiquent un risque moyen à élevé. Les zones roses un risque faible. En gris clair, apparaissent les régions où le risque est quasiment nul. Dans secteurs en gris foncé, les données sont insuffisantes. © MAP

    Pour un milliard de personnes, le risque pourrait être facilement réduit

    Ces éléments ont été rapprochés des données démographiques. Il en résulte cet atlas mondial du paludisme, qui montre non pas l'incidenceincidence de la maladie (c'est-à-dire le nombre de cas observés) mais le risque qu'une personne contracte cette maladie. Ces résultats, qui vont au-delà de la carte, viennent d'être publiés dans la revue Plos Medecine mais sont également librement téléchargeables (en format PDF).

    La carte présente trois couleurscouleurs, gris, rose et rouge, indiquant si le risque est nul, faible ou fort.  La conclusion brutale se résume à un chiffre : 2,37 milliards. C'est le nombre de personnes vivant dans les zones rouges et roses. L'Afrique en représente la plus grande part mais on y trouve aussi une partie de l'Amérique du Sud et du sud-est asiatique. Une information considérée comme positive est que, au sein de cette population exposée, près d'un milliard de personnes occupent les régions à risque faible (colorées en rose). Pour ces populations, un effort modéré permettrait de réduire considérablement l'incidence du paludisme.

    Cité par la revue Nature, un spécialiste, Burton Singer, estime par exemple qu'il devrait être facile d'éradiquer la maladie d'Amérique Latine. Si le paludisme y sévit toujours, c'est, selon lui, parce que, localement, des migrations humaines favorisent la transmission. En revanche, en Afrique et en Asie du sud-est, la lutte contre le paludisme pose des difficultés bien plus grandes, alors que l'argentargent disponible est plus rare.

    C'est ce genre de réflexion que pourra nourrir cette carte, peut-être pour réorienter les efforts internationaux...