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Le Haut conseil des biotechnologiesbiotechnologies (HCB)) a réfuté lundi les conclusions des travaux du professeur Séralini sur la toxicité d'un maïs OGM produit par Monsanto. Mais il a recommandé une étude « indépendante » et « de long terme » sur ce maïs pour « lever le doute » dans l'opinion publique.
Le HCB estime que « les conclusions d'effets délétères de la consommation de maïs NK603 ne sont pas soutenues par l'analyse des résultats présentés dans l'article », publié par Gilles-Eric Séralini dans la revue scientifique Food and Chemical Toxicology le 19 septembre.
Le Haut conseil, qui statue sur les risques sanitaires et environnementaux des plantes génétiquement modifiées, estime donc que « cet article ne remet pas en cause les conclusions des évaluations précédentes sur cet OGM », qui avaient conclu à l'innocuité du produit. Cet avis est ainsi dans la droite ligne de celui produit par l'agence européenne de sécurité sanitaire (Efsa) début octobre.
L'étude sur la maïs NK603 de Gilles-Éric Séralini (deuxième en partant de la droite) et de son équipe de chercheurs n'a pas convaincu les autorités sanitaires. Les OGM n'auraient peut-être pas tué leurs rats. © DR
L'Anses dans la droite ligne du HCB
Un autre organisme public, l'Anses (agence sanitaire française), vient de livrer son avis également et d'aboutir peu ou prou aux mêmes conclusions et estime également que des études à long terme doivent être menées.
Comme le HCB qui n'en reste pas là et face « aux interrogations des citoyens [...] suite à la médiatisation à outrance des travaux de Gilles-Éric Séralini », recommande qu'une « étude de long terme, indépendante et contradictoire, soit entreprise sous l'égide des pouvoirs publics quant à la sécurité sanitaire du maïs NK603 ».
Christine Noiville, la présidente du comité économique, éthique et social (Cees) du HCB, a expliqué lors d'une présentation à la presse que « l'objectif est de rassurer l'opinion publique qui ne sait plus qui et quoi croire ».
Qui pour mener des études à long terme ?
Le HCB, créé en 2008 par la loi Grenelle, est composé de deux comités: l'un scientifique et l'autre économique, éthique et social. Ce dernier, le CEES, recommande que Gilles-Éric Séralini fasse partie de la nouvelle étude. Sur la composition de l'équipe pour mettre en œuvre cette étude indépendante, « c'est aux pouvoirs publics de décider », a déclaré Jean-Christophe Pagès, le président du comité scientifique du HCB. Quant au financement, et une éventuelle prise en charge par les entreprises, « la question devra être mise sur le tapis », a affirmé Christine Noiville.
Le professeur Séralini, un biologiste de l'université de Caen, estime que ses travaux, d'une duréedurée inhabituelle de deux ans, montrent un risque accru de tumeurs mammaires et d'atteintes hépatorénales pour les rats nourris avec ce maïs, associé ou pas au Roundup.
Les OGM feront encore débat...
Dans le plus grand secret, son équipe a suivi plusieurs groupes de 10 rats : le premier nourri avec un maïs OGMOGM NK603 seul, le second avec ce maïs OGM traité au Roundup, herbicideherbicide le plus utilisé au monde, et le troisième avec du maïs non OGM traité avec cet herbicide.
Les rats de la souche Sprague Dawley sont très utilisés en recherche scientifique. Néanmoins, les autorités sanitaires jugent qu'ils n'étaient pas le bon modèle pour cette expérience, du fait de leur aptitude naturelle à développer des tumeurs. © Jean-Étienne Minh-Duy Poirir, Wikipédia, cc by sa 2.0
Plusieurs aspects de son étude ont été abondamment critiqués ces dernières semaines : taille des échantillons, type de rats utilisés pour l'expérience (connu pour développer des tumeurs), manque de précisions de la composition des menus administrés aux rats, faiblesse des modèles statistiques.
Le professeur Séralini a reconnu la semaine dernière que son étude avait « des limites statistiques comme toutes les études faites avec dix rats » par groupe étudié. « Mais l'Efsa a autorisé des maïs transgéniques sur la foi d'études avec 5 ou 6 rats, des travaux produits par l'industriel lui-même qui ne communique pas les données brutes de l'étude », a souligné le biologiste.
Le chercheur estime que les études produites par les industriels pour les autorisations de mise sur le marchéautorisations de mise sur le marché des OGM ne sont pas assez longues (90 jours) et que leurs résultats devraient être publics.
Le HCB se saisit aussi de cet aspect du dossier et indique qu'il « s'interrogera au cours des prochains mois sur les modalités des évaluations » des plantes génétiquement modifiées. Le secret industriel est « l'abcès de fixation qu'il faut parvenir à crever », a déclaré Mme Noiville.
Interrogé sur la perspective d'une telle étude, un porteporte-parole de Monsanto a relevé que « l'avis de cet organisme ne change pas l'évaluation du risque » d'utilisation du maïs visé. « Celle qui est faite nous semble suffisante », a-t-il conclu.