On savait la combinaison de l’interféron alpha-2b et de la ribavirine, deux molécules antivirales, efficace pour ralentir la réplication du coronavirus MERS-CoV dans des cellules en culture. Ce traitement se confirme dans le seul modèle animal connu contre le virus émergent : le macaque. Une piste qui pourrait désormais être testée chez l’Homme.

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    Le coronavirus MERS-CoV frappe principalement les populations vivant ou venant du Moyen-Orient, l'Arabie Saoudite en tête. C'est là que l'on trouve les sources de l'épidémie, même si celles-ci ne sont pas encore vraiment identifiées. © NIAID

    Le coronavirus MERS-CoV frappe principalement les populations vivant ou venant du Moyen-Orient, l'Arabie Saoudite en tête. C'est là que l'on trouve les sources de l'épidémie, même si celles-ci ne sont pas encore vraiment identifiées. © NIAID

    À l'approche du pèlerinage musulman vers La Mecque, le coronavirus MERS-CoV continue de sévir au Moyen-Orient. Le pathogène, qui provoque une maladie respiratoire aigüe, a déjà tué 52 personnes sur les 110 infectées que l'OMS avait comptabilisée au 6 septembre. Un bilan sans cesse en évolution pour ce virus encore inconnu il y a un an.

    Plusieurs problèmes se cachent derrière cette épidémie. D'abord, on peine à trouver les animaux réservoirs du coronavirus. Bien que la chauve-souris semble en être malgré elle la source, l'hypothèse d'hôtes intermédiaires, comme le dromadaire, demande à être vérifiée. Si bien que les spécialistes ne savent pas réellement comment MERS-CoVMERS-CoV atteint les Hommes.

    Ensuite, une fois l'infection déclarée, les médecins sont impuissants. Si les cas ne sont pas systématiquement sévères, beaucoup de patients nécessitent une hospitalisation, arrivant parfois dans un état critique. Malheureusement, aucun traitement efficace n'a pour l'heure été découvert. Mais en coulisse, la recherche s'active pour pallier ce manque. Ainsi, il a précédemment été montré in vitroin vitro qu'une combinaison de deux antivirauxantiviraux, l'interféroninterféron alpha-2b et la ribavirineribavirine, ralentissait la réplicationréplication du coronavirus. Qu'en est-il in vivoin vivo ?

    Deux antiviraux réduisent les symptômes d’une infection par MERS-CoV

    Heinz Feldman, chercheur aux National Institutes of Health états-uniens (NIH), et ses collaborateurs ont testé la thérapiethérapie chez le seul modèle animal connu pour MERS-CoV : le macaque rhésus. Ces singes ne présentent qu'une forme bénigne à modérée de la maladie, mais se montrent donc sensibles à l'infection. Ainsi, le virus a été inoculé à six de ces primatesprimates. Huit heures après la contaminationcontamination, la moitié des macaques a reçu une injection d'interféron alpha-2b et de ribavirine.

    Le macaque rhésus, comme l'Homme, peut tomber malade consécutivement à une infection par MERS-CoV. Si les coronavirus peuvent se retrouver chez d'autres mammifères, comme les chauves-souris et les dromadaires, ils ne déclenchent pas pour autant chez eux des pneumonies. © JM Garg, Wikipédia, cc by sa 3.0

    Le macaque rhésus, comme l'Homme, peut tomber malade consécutivement à une infection par MERS-CoV. Si les coronavirus peuvent se retrouver chez d'autres mammifères, comme les chauves-souris et les dromadaires, ils ne déclenchent pas pour autant chez eux des pneumonies. © JM Garg, Wikipédia, cc by sa 3.0

    Les examens, décrits dans Nature Medicine, révèlent une différence selon les groupes. Les analyses radiologiques ne montrent aucune trace de pneumonie chez les animaux traités ni aucune anomalieanomalie respiratoire, contrairement à leurs homologues. Les dégâts pulmonaires sont donc moindres, ce qui s'explique aussi probablement par une réponse inflammatoire moins forte contre l'agresseur chez les singes ayant reçu les antiviraux. Ensuite, le traitement diminue également la charge viralecharge virale dans les poumonspoumons.

    Un premier vrai traitement contre le coronavirus ?

    Enfin, dans ces mêmes organes, l'expression des gènes était différente d'un groupe à l'autre. C'est pour les auteurs sûrement à ce niveau que réside l'explication des améliorations constatées chez les singes sous thérapie.

    Si la combinaison de ces deux antiviraux n'empêche pas le virus de devenir pathogène, elle ralentit malgré tout la réplication de MERS-CoV et limite, chez les macaques au moins, la sévérité de la maladie. À priori, l'interféron alpha-2b et la ribavirine ne devraient pas présenter de danger particulier chez l'Homme car ils sont déjà utilisés ensemble contre l'hépatite C. À ce jour donc, ce traitement constitue l'une des alternatives les plus intéressantes à opposer au coronavirus. Reste à espérer qu'il se montrera réellement efficace chez les patients humains.