Depuis trente ans, la « philosophie de l’Humanitude » montre son efficacité dans l'accompagnement de personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer. Elle repose sur un ensemble de pratiques, de gestes, d'habitudes, de paroles...

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    Parole, tendresse, respect : ce sont aussi des médicaments... © OcskayBence/Fotolia

    Parole, tendresse, respect : ce sont aussi des médicaments... © OcskayBence/Fotolia

    Opposition aux soins, mutisme, refus de s'alimenter voire agressivité envers les soignants : il est parfois bien difficile de prendre en charge les patients atteints par la maladie d’Alzheimer. Alternative efficace ou complément précieux des traitements médicamenteux, l'Humanitude, un ensemble de pratiques, leur permet de vivre dans une plus grande dignité. Cette méthode éprouvée laisse une large place à l'échange, et à « la mémoire des moments de bonheur ».

    En trente ans, les fondateurs de la philosophie de l’Humanitude, Yves Gineste et RosetteRosette Marescotti, ont rencontré 17.000 patients parmi les plus difficiles à gérer, dans plus de 400 services gériatriques de France et du Québec notamment. Cette expérience leur a permis d'élaborer 150 techniques de soin pour accompagner et former le personnel soignant. Leur méthode vient d'être présentée lors du deuxième Colloque international des approches non-médicamenteuses de la maladie d'Alzheimer, le 13 novembre 2009.

    Prendre le temps de leur parler

    « Toucher, regarder, parler : la communication quotidienne s'établit par les sens. Toutefois, une difficulté peut s'instaurer lorsque les soins sont prodigués à ces Hommes très vieux. » Le recours à cette méthode facilite les rapports. Jusqu'à 90% des comportements d'agitation pathologiquepathologique disparaissent et les états douloureux régressent. L'objectif, ambitieux, est de permettre aux malades de « vivre et mourir debout » et non grabataires.

    Cent vingt secondes... en 24 heures : c'est la duréedurée moyenne pendant laquelle le personnel soignant parlait dans les années 1980 à ces patients atteints de démence. Choquant ? Non. « Simplement, l'être humain n'est pas fait pour s'adresser à une personne qui ne parle plus », souligne Yves Gineste. Avec un temps de parole plus important - 8 à 12 minutes par jour - les patients retrouvent dynamisme et mobilité.

    Les professionnels de santé doivent revoir leurs réflexes. Faire la toilette d'un malade, par exemple, cela s'apprend. « Ne commencez jamais par le visage. Il est réservé aux proches car il relève de l'intime. Souvent, les patients en perte de capacité ne reconnaissent pas le personnel soignant. Ce geste risque de les agresser. »

    L'accompagnement dans la tendresse et le respect de l'autonomieautonomie des malades permet d'observer rapidement un mieux-être, voire une disparition totale des troubles du comportement.