Des études récentes ont montré l’intérêt de l’approche nutritionnelle pour ralentir la progression des maladies neurodégénératives comme la maladie d’Alzheimer. En particulier, l'huile d'olive pourrait jouer un rôle bénéfique sur la santé cardiovasculaire, la mortalité et la cognition. Qu’en est-il du lien avec le risque de mortalité par démence ?


au sommaire


    Des chercheurs américains ont examiné l'association entre la consommation d'huile d'olive et le risque ultérieur de décès par démence chez des adultes (56 ans en moyenne au début de l'étude). Pour cela, ils ont utilisé des questionnaires sur la fréquence de consommation des aliments et les dossiers de décès de plus de 90 000 Américains non atteints par un cancer ou une maladie cardiovasculaire au départ. Au cours des 28 ans de suivi, environ 5 % des participants à l'étude sont décédés des suites d'une démence.

    Les conclusions présentées lors de la réunion annuelle de l'American Society for Nutrition suggèrent qu'une demi-cuillère à soupe quotidienne suffirait à réduire de 25 % le risque de décès lié à la démence, par rapport aux personnes ne consommant jamais ou rarement de l'huile d'olive. En outre, remplacer une cuillère à café par jour de margarine ou de mayonnaise par une quantité équivalente d'huile d'olive était associé à une réduction de 5 à 12 % du risque de décès par démence.

     La maladie d'Alzheimer est la forme de démence la plus répandue dans le monde. © Ocskay Bence, Adobe Stock
     La maladie d'Alzheimer est la forme de démence la plus répandue dans le monde. © Ocskay Bence, Adobe Stock

    Des effets spécifiques à l’huile d’olive

    Il est connu que la consommation d'huile d'olive au lieu de graisses transformées ou animales est meilleure pour la santé. Pourtant, les chercheurs notent que la relation entre l'huile d'olive et le risque de mortalité par démence était indépendante de la qualité globale du régime alimentaire dans cette étude. L'huile d'olive pourrait posséder des propriétés particulières bénéfiques pour le cerveau.

    L'étude fondée sur l'observation ne prouve pas que l'huile d'olive permet de diminuer le risque de décès par démence. Mais il reste recommandé d'en consommer à la place de la margarine ou de la mayonnaise dans le cadre d'un régime alimentaire sain.


    L’huile d’olive, le nouveau traitement contre la maladie d’Alzheimer ?

    Article de Janlou Chaput, publié le 22 mars 2013

    L'oléocanthal, un composé retrouvé dans l'huile d'olive, pourrait protéger de la maladie d'Alzheimer en chassant des neuronesneurones les protéinesprotéines bêta-amyloïdesbêta-amyloïdes, qu'on suppose impliquées dans la démence. Faut-il se mettre dès maintenant au régime méditerranéenrégime méditerranéen ?

    On connaissait les vertus du resvératrol, entrant dans la composition du vin rouge. Maintenant, il faudra sûrement faire avec l'oléocanthal, retrouvé dans l'huile d'olive. Une étude menée par des chercheurs américains de l'université de Louisiane à Monroe vient de révéler les effets protecteurs de la moléculemolécule sur les neurones : elle faciliterait l'expulsion des protéines bêta-amyloïdes, qu'on accuse d'être responsables de la maladie d’Alzheimer.

    Le constat n'est en fait pas tout à fait nouveau. À l'origine, les scientifiques ont remarqué que la prévalenceprévalence de cette démence était inférieure dans les pays du pourtour méditerranéen, amateurs d'huile d’olive. Un lien entre l'aliment et la maladie a très vite été établi. Les premières suggestions considéraient que les hautes teneurs en acides gras mono-insaturésacides gras mono-insaturés pouvaient en être la cause.

    Mais des travaux plus récents ont commencé à montrer que la clé résidait peut-être dans l'oléocanthal. Cependant, ces intuitions n'avaient pas été vérifiées. Ce qui vient désormais d'être fait dans la revue ACS Chemical Neuroscience.

    Cette image prise au microscope montre en marron les agrégats de bêta-amyloïdes par immunomarquage dans le cortex cérébral. Cette protéine vient s'accumuler entre les neurones et pourrait être la cause de la maladie d'Alzheimer, même si on n'a pas encore pu le prouver. © Nephron, Wikipédia, cc by sa 3.0
    Cette image prise au microscope montre en marron les agrégats de bêta-amyloïdes par immunomarquage dans le cortex cérébral. Cette protéine vient s'accumuler entre les neurones et pourrait être la cause de la maladie d'Alzheimer, même si on n'a pas encore pu le prouver. © Nephron, Wikipédia, cc by sa 3.0

    L’oléocanthal, éliminateur de bêta-amyloïdes

    L'expérience a été menée sur une souche de souris faisant office de modèles de la maladie d'Alzheimer. Les observations ont été menées à deux niveaux : in vitroin vitro avec des neurones issus de ces rongeursrongeurs, et in vivoin vivo en observant directement dans le cerveau.

    Dans les deux cas, un traitement à base d'oléocanthal extrait d'huile d'olive extra vierge a permis la surexpression de deux protéines, la glycoprotéineglycoprotéine P et le LRP-1 (LDL lipoprotein receptor related protein-1). Toutes deux sont des transporteurs des bêta-amyloïdes du neurone vers la circulation sanguine, au-delà de la barrière hémato-encéphaliquebarrière hémato-encéphalique.

    Effectivement, à l'aide de bêta-amyloïdes marqués à l'iodeiode radioactif, les chercheurs ont observé que la protéine caractéristique de la neurodégénérescence était davantage éliminée des cellules nerveuses après administration de l'oléocanthal.

    L’huile d’olive, la solution contre la maladie d’Alzheimer ?

    Les auteurs soulignent donc l'intérêt d'un régime méditerranéen en préventionprévention de la maladie d'Alzheimer, puisqu'une alimentation à base d'huile d'olive diminuerait les risques de développer la démence.

    Cependant, ceci n'est pour l'heure qu'une supposition. Les scientifiques n'ont pas mesuré l'effet de cette élimination sur le comportement des souris. Développent-elles les symptômessymptômes de la maladie plus tardivement que celles qui n'ont pas reçu d'oléocanthal ? Ont-elles meilleure mémoire ? Apprennent-elles plus rapidement ?

    De nouvelles études s'avèrent donc nécessaires afin de conclure si la diminution de la concentration neuronale en bêta-amyloïde suffit pour ralentir voire éradiquer la principale cause de démence dans le monde.