Le professeur Georges Mathé s’est éteint vendredi 15 octobre à l’âge de 88 ans. Médecin spécialisé dans l’immunologie et l’hémato-cancérologie, il avait notamment pratiqué les premières greffes de moelle osseuse en 1959.

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    Georges Mathé consacra sa vie et sa carrière à l'étude du cancer. Il est décédé vendredi à l'âge de 88 ans. © EORTC

    Georges Mathé consacra sa vie et sa carrière à l'étude du cancer. Il est décédé vendredi à l'âge de 88 ans. © EORTC

    Né en 1922, Georges Mathé débuta brillamment sa carrière de médecin en obtenant la médaille d'or des hôpitaux de Paris en 1947. Il s'intéressa rapidement à l'hématologie lors de son passage dans le laboratoire de Paul L. Chevallier à l'hôpital Broussais, et rencontra peu après le futur prix Nobel de médecine et de physiologie Baruj Benacerraf (obtenu en 1980 pour ses travaux sur l'histocompatibilité) dans le laboratoire de Bernard Halpern.

    À son retour de New York où il fut stagiaire au Memorial Sloan-Kettering Cancer Center, Georges Mathé travailla sur les leucémies de l'enfant avec Jean Bernard et devint directeur adjoint du centre de recherche sur les leucémies et les maladies du sang à l'hôpital Saint-Louis. Il passa ensuite la majorité de sa carrière à l'hôpital Paul Brousse, où il fonda l'institut de cancérologiecancérologie et d'immunogénétique et où il dirigea jusqu'à sa retraite en 1990 le service des maladies sanguines et tumorales.

    Greffe de moelle osseuse et immunothérapie adoptive

    Au cours de sa brillante carrière, Georges Mathé s'est majoritairement intéressé à l'immunothérapie comme moyen de lutte contre le cancer et en particulier contre la leucémie. En 1959, alors qu'il effectuait des recherches sur les greffes de moelle osseuse et le problème des incompatibilités, il fut amené à réaliser les premières greffes de moelle osseuse sur six physiciensphysiciens irradiés accidentellement dans une centrale nucléairecentrale nucléaire de Yougoslavie. Quatre d'entre eux ont pu être sauvés.

    Le traitement des cancers et en particulier de la leucémie a bénéficié des travaux de Georges Mathé en immunothérapie. © <em>World Bank Photo Collection</em> / Licence <em>Creative Commons</em>

    Le traitement des cancers et en particulier de la leucémie a bénéficié des travaux de Georges Mathé en immunothérapie. © World Bank Photo Collection / Licence Creative Commons

    Cette technique pionnière ouvrit la voie vers le traitement des leucémies par greffe de moelle osseuse ou immunothérapieimmunothérapie adoptive, permettant d'apporter des cellules immunitaires compétentes à partir d'un donneur compatible. Georges Mathé put notamment montrer que la disparition des cellules cancéreuses était due à la réaction immunitaire du greffon contre les cellules de l’hôte (cancéreuses mais aussi saines).

    L’immunothérapie active 

    L'immunothérapie active a également été développée par Georges Mathé. Ce moyen de traitement consiste à activer les voies immunitaires contre les cellules cancéreuses, en agissant sur les cytokinescytokines, des protéinesprotéines qui interviennent dans la régulation des cellules immunitaires.

    Le traitement s'est avéré efficace dans la lutte contre le développement des tumeurstumeurs, allant jusqu'à la rémissionrémission chez certains animaux et hommes. Ces travaux ouvrirent la porteporte au développement de la technique. Georges Mathé passa ensuite sa vie et sa carrière à l'amélioration de l'immunothérapie.

    Une carrière reconnue

    En plus de ses travaux de recherche qui menèrent à la publication de plus de 1.000 articles, il participa activement à la création de l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) en 1964 et à la fondation du Centre international de la recherche sur le cancer (Circ). Il créa également l'Organisation européenne de recherche du traitement du cancer (OERTC), qui demeure la première institution de recherche coopérative européenne.

    Médecin brillant reconnu par ses pairs et homme de caractère, Georges Mathé fut plusieurs fois récompensé pour ses travaux au cours de sa carrière (prix Léopold-Griffuel en 1994, prix Medawar de la Société internationale de transplantationtransplantation en 2002), et un centre anticancéreuxanticancéreux a été baptisé à son nom à Belgrade en 2007.