Les emballages alimentaires n’ont pas fini de faire parler. Le fameux bisphénol A vient d’être à nouveau associé à l’obésité chez des jeunes âgés de 6 à 18 ans, tandis que le DEHP, un phtalate particulier retrouvé dans la composition de certaines bouteilles en plastique, serait lié à la résistance à l’insuline, signe avant-coureur du diabète, chez des adolescents.

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    Les emballages alimentaires ne font pas que préserver la nourriture. Certains composés peuvent aussi l'intégrer et être ingérés. Le plus célèbre, et pour de mauvaises raisons, est probablement le bisphénol Abisphénol A (BPA), perturbateur endocrinien reconnu à l'origine de très nombreux troubles à divers niveaux de l'organisme, à tel point qu'il a déjà été banni des biberons en Europe et qu'il disparaîtra de tout contenant alimentaire en France en 2015. D'autres, comme les phtalates, font aussi l'objet de suspicions de la part de la communauté scientifique. Le problème, c'est que ces moléculesmolécules ont intégré le marché sans que leur dangerosité ait été préalablement évaluée.

    Mais les études sont en cours. Et deux recherches publiées dans la même édition de la revue Pediatrics ne vont pas rassurer. L'une d'elles montre que la présence d'un phtalate nommé DEHP (phtalate de di-2-éthylhexyle) dans les urines d'adolescents est associée à un plus fort risque de diabète. La seconde établit un lien entre les taux urinaires de BPA avec l'obésité et l'IMCIMC...

    DEHP et insuline ne font pas bon ménage

    Le premier travail, dirigé par Leonardo Trasande de l'université de New York, se base sur les données récoltées auprès d'une cohorte d'adolescents de 12 à 19 ans suivis entre 2003 et 2008, représentatifs de la population américaine. Dans l'urine de 766 de ces jeunes gens, les taux de DEHP ont été évalués.

    Il en ressort que parmi le tiers d'entre eux présentant les niveaux les plus élevés, 22 % étaient touchés par une résistance à l’insuline, une situation préalable au diabète. Ils n'étaient que 15 % à souffrir de cette condition chez ceux avec les concentrations en DEHP les plus faibles dans leurs urines.

    DEHP, cause du diabète ou conséquence de la malbouffe ?

    Les phtalates entrent dans la composition des bouteilles en plastiqueplastique, car ils leur confèrent davantage de souplesse. Ils sont suspectés de jouer le rôle de perturbateur endocrinien, c'est-à-dire d'imiter les hormoneshormones naturellement présentes dans l'organisme.

    Le bisphénol A entre notamment dans la composition des canettes en aluminium, afin d'éviter leur corrosion. Encore autorisée aux États-Unis, la molécule disparaîtra complètement de tout contenant alimentaire en France en juillet 2015. © Bardgabbard, Flickr, cc by 2.0

    Le bisphénol A entre notamment dans la composition des canettes en aluminium, afin d'éviter leur corrosion. Encore autorisée aux États-Unis, la molécule disparaîtra complètement de tout contenant alimentaire en France en juillet 2015. © Bardgabbard, Flickr, cc by 2.0

    Cependant, il faut être prudent quant à l'interprétation des résultats. Ce travail ne met en lumièrelumière qu'une association entre les événements, et non un lien de cause à effet. Ainsi, il est tout à fait possible que les enfants ayant l'alimentation la moins saine, et donc les plus enclins au diabète, se nourrissent davantage de produits emballés dans du plastique, ce qui s'observe dans leurs urines.

    Malgré tout, Leonardo Trasande pense que ce DEHP pourrait effectivement altérer le métabolismemétabolisme des adolescents. En conséquence, il invite les parents à éviter tout emballage qui pourrait en contenir.

    Le bisphénol A mauvais pour la silhouette

    Dans la seconde étude, réalisée sous la houlette de Joyce Lee de l'université du Michigan, la même cohorte a été utilisée, mais cette fois chez 3.370 enfants de 6 à 18 ans suivis jusqu'en 2010. Cette fois, c'était le BPA dans l'urine des participants qui était dosé.

    Cette résine ne semble pas liée à la résistance à l'insulinerésistance à l'insuline ou au glucoseglucose. En revanche, les 25 % de jeunes présentant les niveaux les plus élevés sont deux fois plus enclins à l'obésité ou à avoir un fort IMC que leurs homologues avec les taux les plus bas. En moyenne, les enfants concentraient 2,6 ng de BPA par millilitre d'urine.

    Ces résultats sont cohérents avec ceux d'une étude dirigée par Leonardo Trasande et parue en 2012 dans le JAMA, qui établissait déjà un lien entre concentration urinaire en bisphénol A et risque de surpoidssurpoids. Là encore, seule une association a été mise en évidence.

    L’obésité, pas uniquement une histoire d’emballages alimentaires

    Dans un commentaire accompagnant les deux publications, Robert Brent, de l'université Cornell, montre son désaccord sur la méthode. En effet, à ses yeuxyeux, l'urine n'est pas un bon indicateur pour estimer l'exposition à des produits chimiques, car elle ne traduit que la quantité qui a été métabolisée par un organisme, et non celle qui y est contenue. Ainsi, il appelle à un peu de vigilance quant à l'interprétation des résultats.

    Quoi qu'il en soit, et si l'obésité infantile est un problème préoccupant aux États-Unis malgré le recul enregistré dernièrement, les composés chimiques ne sont pas les principaux responsables. Une alimentation déséquilibrée et malsaine ainsi qu'un déficit d'activité physiquephysique semblent être les facteurs primordiaux. Cependant, il ne faut pas pour autant négliger l'impact que peut avoir l'environnement sur la silhouette. C'est pour cela que ces scientifiques continueront à creuser cette question.