Les autistes sont très sensibles à leur environnement. Mais à quel point ? Une étude récente montre que des modifications visuelles, même mineures, peuvent affecter les patients autistes.

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    En France, l'autisme toucherait plus de 100.000 personnes, enfants et adultes confondus. © hepingting, flickr, cc by sa 2.0

    En France, l'autisme toucherait plus de 100.000 personnes, enfants et adultes confondus. © hepingting, flickr, cc by sa 2.0

    Les personnes atteintes d'autisme sont hypersensibles. N'importe quel changement visuel, même le plus minime, attire leur attention et génère une sensation qui peut être désagréable. Pour ces raisons, les autistes sont réfractaires aux changements, et ils adoptent des comportements répétitifs et orientés vers un besoin de stabilité.

    Une étude a déjà montré que les autistes étaient hypersensibles aux variations sonores. Qu'en est-il de la vue ? Pour répondre à cette question, une équipe de l'Inserm a analysé la perception visuelle de patients autistes et d'autres non atteints par cette maladie. Ces individus ont été soumis à différents stimuli, et leur activité cérébrale a été enregistrée par électroencéphalogramme. Les résultats ont été publiés dans Frontiers in Human Neuroscience.

    La Journée mondiale de sensibilisation à l'autisme a lieu le 2 avril. © Ministère du Travail, de l’Emploi et de la Santé, Flickr, cc by nd 2.0

    La Journée mondiale de sensibilisation à l'autisme a lieu le 2 avril. © Ministère du Travail, de l’Emploi et de la Santé, Flickr, cc by nd 2.0

    Pour mener à bien cette expérience, les auteurs ont utilisé un modèle visuel constitué d'une croix entourée d'un cercle. Ce dernier se présentait sous trois configurations différentes : immobile, mobilemobile et régulière ou enfin mobile et irrégulière (dans ce cas, le cercle adoptait des formes saugrenues et inattendues). Les patients ont observé chaque modèle, et leurs réactions cérébrales, repérées sur l'électroencéphalogramme, ont été analysées.

    Les autistes dérangés par des signaux visuels mineurs

    Chez les non-autistes, la configuration mobile et régulière n'engendre presque aucune réaction cérébrale. Par contre, la configuration mobile et irrégulière génère un signal sur l'électroencéphalogramme appelé P3a. Cela pourrait se traduire de la façon suivante : lorsque nous lisons un livre, certains bruits n'ont pas d'effet sur notre capacité de concentration, alors que d'autres nous distraient de notre lecture.

    Chez les patients autistes, les résultats sont différents. Quelle que soit la configuration mobile (régulière ou irrégulière), l'activité cérébrale est stimulée, ce qui se traduit par l'apparition du signal P3a. Chez ces individus, tous les changements, mineurs ou non, attirent leur attention et perturbent leur état général.

    À l'heure actuelle, les perturbations cérébrales à l'origine de cette hypersensibilité sont mal connues. Néanmoins, des pistes se dessinent. Des études menées chez l'animal montrent qu'un système de transmission de l'information nerveuse, appelé voie glutamatergique, serait impliqué dans la modification des perceptions auditives associées à l'autisme. Qu'adviendrait-il si l'on modifiait cette voie ? La prochaine étape consisterait à jouer sur les neurotransmetteursneurotransmetteurs engagés dans ce réseau de signalisation nerveuse, et à observer les effets sur les perceptions visuelle et auditive. Ces études pourraient permettre de rectifier ces perturbations nerveuses, afin d'améliorer l'état des patients autistes.