D'ici 5 à 10 ans, on pourrait enfin proposer un traitement curatif contre l'arthrose, maladie des articulations qui touche un Français sur dix. Un projet européen, piloté par le CHRU de Montpellier, vient d'entamer une étude clinique, avec pour idée de se servir des cellules souches de la graisse des patients pour réparer le cartilage abîmé.
Aujourd'hui encore, nous sommes bien mal pourvus contre l'arthrose. Cette maladie fréquente des articulations apparaît généralement entre 40 et 50 ans et se caractérise par une dégénérescence progressive du cartilage entraînant un remodelage de l'os sous-jacent. L'âge, des prédispositions génétiques, l'obésité ou d'autres facteurs peuvent en être la cause. S'ensuivent douleurs et raideurs au moment des mouvements, provoquant une gêne et une altération de la qualité de vie.
Pour l'heure, cette maladie est irréversible, les médecins ne pouvant fournir que des traitements pour limiter les symptômes. Mais cela pourrait ne pas être une fatalité. Un projet européen nommé Adipoa, piloté par le professeur Christian Jorgensen du CHRU de Montpellier, propose une solution pour la soigner : des cellules souches.
Des cellules souches adipeuses contre l’arthrose
Après avoir passé avec succès des tests de sécurité chez le lapin et la chèvre début 2011, les essais cliniques de première phase, dont le but est de vérifier l'innocuité et la tolérance du traitement chez l'Homme, ont débuté avec le premier patient en avril dernier, puis un deuxième depuis juillet. En tout, 86 patients (en Allemagne, en France ou en Italie) bénéficieront de la thérapie cellulaire.
Le principe est le suivant : des cellules souches adipeuses (de la graisse) sont prélevées chez le patient. Après transformation, elles sont réinjectées dans l'articulation douloureuse et atteinte d'arthrose. Dans ce nouvel environnement, ces cellules souches vont se différencier en chondrocytes, à l'origine du cartilage. Ainsi, elles peuvent réparer les morceaux abîmés ou détruits et limiter les processus inflammatoires, pour redonner une nouvelle jeunesse à l'articulation.
Le succès de telles opérations n'est pas encore garanti. La théorie semble fluide mais la réalité est plus complexe. Si les techniques pour favoriser la différenciation en chondrocytes sont maîtrisées, les cellules souches se montrent parfois un peu sauvages. Elles peuvent aussi bien se multiplier à l'infini et former une tumeur dans l'articulation, qui ne fonctionnera alors pas mieux qu'avant. Cependant, il ne faut pas non plus se montrer pessimiste car le traitement pourrait se révéler efficace. Si c'est le cas, les chercheurs derrière ce projet espèrent le rendre disponible entre 2016 et 2020.
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