Jugé trompeur et stigmatisant, le nom de la variole du singe pourrait changer afin d'éviter de « malheureuses associations » avec le primate qui n'est pas lié à la maladie, pas plus que les pays d'Afrique, trop souvent montrés du doigt comme étant le foyer de maladies émergentes. Par ailleurs, certains scientifiques regrettent également la diffusion de vieilles images n'illustrant pas la réalité de la moindre gravité des cas actuels.
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La variole du singe, qui s'étend désormais à une quarantaine de pays après avoir longtemps été contenue en Afrique, s'appellera bientôt autrement. L'Organisation mondiale de la Santé (OMS) compte changer son nom, jugé trompeur et discriminatoire. L'OMS réfléchit à « changer le nom du virus » de la variole du singe, a indiqué la semaine dernière le directeur général de l'Organisation mondiale de la Santé, Tedros Adhanom Ghebreyesus, promettant « des annonces dès que possible » sur ce point.
Au-delà du seul virus, il s'agirait aussi et surtout de modifier le nom de ses différentes souches, ainsi que celui de la maladie elle-même. Pourquoi ce changement, au moment où la variole du singe a été repérée dans plus de 40 pays et pourrait bientôt être considérée comme une urgence internationale par l'OMS ?
Celle-ci n'a pas ouvertement expliqué les motifs de sa décision, mais cela interviendrait après de multiples inquiétudes quant à des termes stigmatisants pour les pays africains. Cette considération concerne surtout les souches du virus. Elles sont en effet nommées d'après des régions ou des pays d'Afrique : on parle de la souche d'Afrique de l'Ouest et de celle du bassin du Congo, la seconde étant bien plus meurtrière que sa cousine.
Un nom et des images loin de la réalité
Début juin, une trentaine de scientifiques, pour beaucoup originaires d'Afrique, ont ainsi rédigé une tribune pour demander à changer ces noms, jugeant urgent de mettre en place « une nomenclature qui ne soit ni discriminatoire ni stigmatisante ».
Un nouveau nom prendrait acte de la réalité actuelle de la maladie. Alors que celle-ci s'est longtemps limitée à une dizaine de pays africains, 84 % des nouveaux cas ont été détectés cette année en Europe et 12 % sur le continent américain. Pourquoi, alors, ne pas se limiter à changer le nom des souches et continuer à parler de « variole du singe » ? D'abord car c'est trompeur.
La flambée actuelle montre que la nouvelle souche se transmet plus facilement d'un humain à l'autre, par rapport à ce qui est observé en Afrique où les cas enregistrés viennent le plus souvent d'une contamination par un animal. Surtout, même à l'origine, « ça n'est pas franchement une maladie liée aux singes », note auprès de l'AFP le virologue Oyewale Tomori.
Une maladie qui a peu à voir avec le singe
Ce nom est l'héritage des conditions de découverte de la maladie, dans les années 1950 : des chercheurs danois l'avaient découverte chez des singes de leur laboratoire. Mais, dans la vraie vie, on l'attrape généralement auprès de rongeurs. Parallèlement à ce côté trompeur, il y a, là encore, des inquiétudes quant au caractère stigmatisant d'un tel nom.
« Les singes sont généralement associés aux pays du Sud, en particulier l'Afrique », rappelle sur le site The Conversation le chercheur Moses John Bockarie. Ces inquiétudes s'inscrivent dans un contexte plus large où l'Afrique a fréquemment été ciblée comme le foyer d'origine de maladies s'étant répandues dans le monde.
« On a surtout vu ça avec le sida dans les années 1980, Ebola lors de l'épidémie de 2013, puis avec la Covid et les supposés "variants sud-africains" », remarque auprès de l'AFP l'épidémiologiste Oliver Restif. À ce titre, l'image aussi a son importance. M. Restif regrette que les médias aient souvent choisi des illustrations malheureuses pour leurs articles sur la variole du singe. Il s'agit souvent « de vieilles photographies de patients africains, [alors que les cas actuels] sont bien moins graves », note-t-il.
Le staphylocoque doré, terreur des hôpitaux Staphylococcus aureus, le staphylocoque doré, n’est pas une bactérie intrinsèquement dangereuse pour l’humanité. La plupart du temps, elle ne provoque que de petites infections bénignes. Mais cette sournoise se terre parfois dans les hôpitaux, et profite d’une lésion pour s’insérer dans un patient affaibli pour le coloniser et entraîner une septicémie. Il est toujours temps de la soumettre aux antibiotiques… mais elle se montre de plus en plus insensible aux médicaments qu’on lui oppose et développe une résistance grandissante ! © NIAID, Flickr, cc by 2.0
Neisseria meningitidis, principal responsable des méningites La méningite ne connaît pas un, mais plusieurs coupables. Parmi les formes bactériennes les plus graves, le principal accusé est Neisseria meningitidis, impliqué dans 90 % des cas. S’il n’y avait pas de traitements, l’infection serait presque à coup sûr mortelle. Malgré les antibiotiques, un nouveau-né sur cinq et un adulte sur quatre succombent à cette infection des méninges. © Sanofi Pasteur, Flickr, CC by-nc-nd 2.0
Le virus de l’hépatite B, cette MST terriblement infectieuse On en parle moins que le VIH pourtant, il mérite toute notre attention. Le virus de l’hépatite B se transmet cent fois mieux que le virus du Sida lors des relations sexuelles et s’attaque ensuite aux cellules du foie. Le plus souvent, la maladie n’évolue pas beaucoup et le patient ne ressent rien. Mais parfois, l’hépatite devient chronique, comme chez plus de 300 millions de patients, et détruit peu à peu les cellules hépatiques, aboutissant à une cirrhose ou un cancer du foie, qu’il est très difficile de soigner. © Sanofi Pasteur, Flickr, CC by-nc-nd 2.0
Le virus de la rage, la morsure qui fait un carnage Grâce aux travaux de Louis Pasteur, la rage a très nettement reculé dans le monde. On dénombre tout de même plus de 50.000 morts humains sur la Planète en 2004 à cause du virus de la famille des rhabdoviridés. Transmis par morsure, celui-ci fonce droit dans le système nerveux et y fait des ravages à tel point que la mort est presque inéluctable. Heureusement que les vaccins sont là ! © Sanofi Pasteur, Flickr, CC by-nc-nd 2.0
Yersinia pestis, la bactérie responsable des épidémies de peste Qui ne se souvient pas de ces cours d’Histoire évoquant les épidémies de peste au Moyen Âge ? Derrière tout ça, se cache Yersinia pestis, une bactérie qui s’attaque d’abord aux rongeurs avant de s’en prendre à l’Homme. La maladie existant le plus souvent sous forme bubonique (un bubon étant une inflammation et le grossissement d’un ganglion), elle peut évoluer en peste septicémique et devenir plus mortelle et plus contagieuse. Dans l’histoire de l’humanité, sa mortalité est difficile à évaluer mais elle est très probablement responsable de plus de 100 millions de victimes. © NIAID
Bacillus anthracis, la bactérie à l'origine de l'anthrax La maladie du charbon, ou anthrax, est due à une bactérie nommée Bacillus anthracis, ou bacille du charbon. Le plus souvent, celle-ci pénètre dans l’organisme par l’intermédiaire d’une blessure dans la peau. Le corps parvient alors à s’en débarrasser tout seul. En revanche, lorsque les spores de la bactérie sont avalées ou respirées, c’est une tout autre histoire. Par voies aériennes, elle n’est pas loin d’être mortelle dans 100 % des cas. C’est pour cela qu’elle inspire autant les bioterroristes. © Janice Haney Carr, CDC
Les hantavirus et leur terrible syndrome pulmonaire Les hantavirus sont un peu différents des autres pathogènes présentés dans ce diaporama : ils préfèrent s’attaquer aux rongeurs mais, parfois, de manière malencontreuse, ils peuvent infester un Homme. Dans ces cas-là, leur action peut-être foudroyante. Causant des fièvres hémorragiques ou le syndrome pulmonaire à hantavirus, ils se montrent à l’occasion très agressifs et couramment mortels. Le virus Sin nombre, ou Sin Nombre virus (SNV), que l’on voit à l’image, frappe rarement, mais sûrement. © Brian et al., CDC
Le virus Marburg, une vraie machine à tuer Le virus Marburg est conçu pour tuer mais reste malgré tout un peu moins mortel que son cousin Ebola. Entraînant également des fièvres hémorragiques, ce filovirus emporte plus de 80 % des personnes qu’il contamine. Sa transmission d’Homme à Homme est malgré tout relativement difficile puisqu’elle nécessite un contact très rapproché entre individus, avec transmission par les selles, les vomissements, les urines ou la salive. © Frederic Murphy, CDC
Le virus de la dengue gagne du terrain Il est loin d’être le plus mortel et le plus pathogène de cette liste mais il ne faut pas le négliger pour autant. Le virus de la dengue, transmis par les moustiques du genre Aedes, contamine entre 50 et 100 millions de personnes dans le monde. Pour 500.000 personnes, surtout des enfants, la maladie se présente sous une forme sévère qui emporte 10.000 âmes. Problème de taille : il est en recrudescence ces dernières décennies. Lui qui se limitait à neuf pays avant 1970 touche désormais une centaine d’États. © Sanofi Pasteur, Flickr, CC by-nc-nd 2.0
Ebola, le virus à la mortalité la plus élevée ? Connu depuis 1976, le virus Ebola, du nom d’une rivière congolaise, est l’un des plus mortels. Certaines de ses souches entraînent des fièvres hémorragiques qui tuent dans 90 % des cas. Ce virus a causé plusieurs épidémies en Afrique, notamment en Sierra Leone, en Guinée et au Liberia, faisant plusieurs milliers de victimes. On ne dispose malheureusement d’aucun traitement préventif ni thérapeutique contre ce terrible fléau. © Frederic Murphy, CDC
Le virus de la grippe espagnole, cette épidémie ravageuse de 1918 L’année 1918 fut très meurtrière, d’une part parce que les combats avaient toujours lieu en Europe et même au-delà, d'autre part parce qu’une souche particulièrement virulente de grippe H1N1 a sévi dans le monde entier. Elle aurait infecté un Terrien sur deux, soit 500 millions de personnes à l’époque, et aurait fait entre 30 et 100 millions de victimes, selon les estimations. Une véritable arme de destruction massive... © Terrence Tumpey, CDC
Clostridium botulinum, la bactérie qui empoisonne au botox Clostridium botulinum a une technique bien à elle pour commettre ses meurtres : la bactérie préfère l’empoisonnement. En effet, elle produit l’une des toxines les plus puissantes du monde, la toxine botulique. Cette molécule résiste à de fortes chaleurs et à l’acidité du système digestif, si bien que, lorsqu’elle est ingérée, elle intègre la circulation et va bloquer la communication nerveuse, entraînant des paralysies parfois mortelles. © CDC
Mycobacterium tuberculosis, l'agent mortel de la tuberculose Devenue rare en France comme dans les pays riches depuis l’instauration du BCG, la tuberculose poursuit pourtant son œuvre meurtrière à travers le monde. Rien qu’en 2010, la bactérie responsable, Mycobacterium tuberculosis, a infecté 8,8 millions de personnes et tué 1,4 million d’entre elles, en s’attaquant à leurs poumons. La bactérie sévit depuis 3 millions d’années. © Janice Haney Carr, CDC
Le Virus A H5N1, à l'origine de la grippe qui fait trembler le monde Apparaissant en 1997 à Hong-Kong, c’est seulement 9 ans plus tard que la grippe H5N1 a fait paniquer la Terre entière. Le virus (ici en doré dans des cellules de chien), transmis à l’Homme uniquement par des oiseaux contaminés, s’avère mortel dans 60 % des cas. En août 2012, l’OMS dénombrait 608 personnes ayant contracté le virus depuis ses débuts, pour 359 morts, même si de nombreux cas bénins ou asymptomatiques auraient pu ne pas être comptabilisés. Les scientifiques restent néanmoins inquiets, car le pathogène circule encore dans la nature et on sait que quelques mutations pourraient suffire pour qu’il devienne contagieux dans l’espèce humaine. Dans ce cas, les morts pourraient se compter en millions… © CDC
VIH : le virus du Sida et ses 30 millions de victimes Depuis 1981 et la date de sa découverte, le VIH (les petites boules vertes sur l'image) a tué environ 30 millions d’êtres humains à travers le monde et continue encore de se répandre. Ce rétrovirus engendre le Sida (Syndrome d'immunodéficience acquise) et ravage surtout les pays pauvres, ceux du continent africain en tête. Pourtant, il existe des thérapies qui entravent la progression du virus dans l’organisme et permettent aux patients de vivre avec le VIH sans déclarer le Sida durant de très longues années. Mais celles-ci ont du mal à s’exporter en dehors des pays riches. © Goldsmith et al., CDC
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