La toxoplasmose est parfois qualifiée d'infection cachée car le parasite, une fois dans notre corps, y demeure, comme endormi. Mais il semblerait en réalité qu'il affecte le fonctionnement de notre cerveau en rebattant la carte des protéines synaptiques.
[EN VIDÉO] Interview : le neurofeedback permet-il au cerveau de mieux fonctionner ? Le neurofeedback offre à un utilisateur la possibilité d’observer l’activité de son propre cerveau. Cette procédure non invasive possède des applications plutôt inattendues. Futura-Sciences a interviewé, lors de son allocution à TEDxCannes, Maureen Clerc, chercheuse à l’Inria (Institut national de recherche en informatique et en automatique), afin qu’elle nous parle en détail de cette technique.
Les souris infectées par la toxoplasmose présentent un comportement étonnant : elles n'ont plus peur des chats. Elles semblent même parfois être attirées par leur prédateur. Un constat qui laisse entendre que Toxoplasma gondii, le parasite unicellulaire responsable de la maladie, a la capacité de modifier le fonctionnement de notre cerveau. Une étude révèle aujourd'hui son mode d'action.
Rappelons que la toxoplasmose affecte aussi bien les oiseaux que les mammifères. Mais c'est dans le système digestif du chat qu'elle se reproduit. Ainsi, un contact avec des excréments de chat, par exemple, peut nous infecter. D'ailleurs, près de la moitié de la population humaine le serait.
Des quantités de protéines modifiées
Après une brève période de symptômes grippaux, l'infection reste toutefois la plupart du temps cachée. Mais si elle rend les souris exagérément courageuses, elle pourrait aussi influer sur notre comportement. L'infection par la toxoplasmose est ainsi associée à la schizophrénie ou la dépression.
Selon des chercheurs allemands, Toxoplasma gondii agit en fait sur la composition moléculaire des synapses responsables du traitement du signal dans notre cerveau. L'équipe a pu montrer que, dans un cerveau de souris, l'infection modifie les quantités de quelque 300 protéines synaptiques. En effet, moins de protéines ont été retrouvées dans les environs des synapses glutamatergiques dont un dysfonctionnement est bien associé à des troubles tels que la dépression ou la schizophrénie. En revanche, les protéines impliquées dans la réponse immunitaire sont apparues en surnombre.