En éliminant des bactéries de la flore intestinale, les antibiotiques créent un environnement favorable à Clostridium difficile. Dans un modèle de souris, l’absence de compétition offre un véritable « festin » de nutriments à la bactérie et favorise les infections.

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    Clostridium difficile est une bactérie pathogène fréquente dans l'environnement, qui cause des infections intestinales graves, parfois mortelles. C'est une cause fréquente de diarrhées à l'hôpital. Aux États-Unis, il y a chaque année 500.000 cas d'infections au Clostridium. Ces infections se manifestent souvent chez des patients qui ont suivi un traitement antibiotique, par exemple avec des céphalosporines, pénicillines, fluoroquinolonesfluoroquinolones. Le traitement des infections au Clostridium utilise d'autres antibactériens comme le métronidazole.

    Le saviez-vous ?

    C. difficile est une bactérie anaérobie à Gram positif. Elle est « difficile » à isoler, d’où son nom. La virulence de la bactérie est liée à la présence de toxines.

    Les antibiotiques, en modifiant le microbiotemicrobiote intestinal, apparaissent comme un facteur de risquefacteur de risque important pour ces infections. Mais quel est le mécanisme exact qui explique la prolifération du Clostridium après un traitement antibiotique ? Dans l'intestin, les antibiotiques modifient l'environnement métabolique : certains nutrimentsnutriments utilisés par Clostridium difficile pourraient être plus présents.

    Dans une étude parue dans mSphere, les chercheurs de l'université d'État de Caroline du Nord (États-Unis) ont introduit des bactéries C. difficile chez des souris traitées aux antibiotiques. Pour savoir ce que mangeaient les bactéries, ils ont suivi ce qui se passait dans leurs intestins au début puis 12, 24 et 30 heures après l'introduction des bactéries. Ils ont étudié la composition des nutriments de l'intestin par spectrométrie de massespectrométrie de masse et réalisé une analyse des ARNARN.

    Le microbiote intestinal fait habituellement concurrence au <em>Clostridium difficile</em>. © Alex, Fotolia

    Le microbiote intestinal fait habituellement concurrence au Clostridium difficile. © Alex, Fotolia

    La flore intestinale est un rempart contre Clostridium difficile

    Les chercheurs ont trouvé que la quantité d'acides aminésacides aminés, en particulier la prolineproline, diminuait en même temps que la population de C. difficile augmentait. De plus, un sous-produit de la proline (le 5-aminovalérate) augmentait, ce qui montrait que la bactérie C. difficile métabolisait la proline. L'analyse des ARN a confirmé l'utilisation de la proline par la bactérie car l'expression des gènesgènes du métabolismemétabolisme de la proline augmentait au début de la colonisation.

    Le microbiote peut fournir une résistance naturelle à la colonisation par C. difficile.

    Habituellement, le microbiote consomme les nutriments qu'utilise C. difficile ou il les rend inaccessibles au pathogène.

    Dans un communiqué, Casey Theriot, une des auteurs, explique : « Nos derniers travaux suggèrent que le microbiote peut fournir une résistancerésistance naturelle à la colonisation par C. difficile en concurrençant C. diff pour les nutriments dans cet environnement, en particulier pour un acide aminé appelé proline ».

    Cette recherche illustre l'importance de la présence de certains nutriments, des acides aminés, lors des premières phases de la colonisation par C. difficile. Les résultats ouvrent des pistes pour développer des probiotiques et éviter des infections, par exemple en introduisant des « bonnes » bactéries qui utiliseraient les nutriments de C. difficile. « Le but ultime est de contrôler ces bactéries d'une manière qui ne repose pas uniquement sur les antibiotiques. »