Ce serait une première mondiale : une petite fille est née au Brésil en décembre 2017 grâce à un utérus d’une donneuse décédée. D’autres bébés sont nés après des greffes d’utérus mais qui provenaient de donneuses vivantes. 


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    La petite fille est née au Brésil le 15 décembre 2017 à 35 semaines de grossesse ; elle pesait 2,550 kgkg. Sa maman n'avait pas d'utérus, de naissance, à cause d'un syndrome de Mayer-Rokitansky-Küster-Hauser ou syndrome de MRKH. En septembre 2016, à 32 ans, elle a subi une greffe d'utérus. La donneuse, décédée à 45 ans d'un AVCAVC, avait connu trois accouchements par voie vaginale.

    L'opération de greffe a duré 10 heures et demie et un traitement immunosuppresseurtraitement immunosuppresseur a été mis en place pour éviter le rejet. Cinq mois plus tard, la patiente avait des cycles réguliers ; ses premières règles étaient apparues 37 jours après la greffe. Quatre mois avant la greffe, la patiente avait suivi un protocoleprotocole de fécondation in vitro (FIV) qui avait permis d'obtenir huit embryonsembryons qui ont été congelés. Les patientes qui souffrent du syndrome de MRKH ont en effet un fonctionnement ovarien normal.

    Globalement la grossesse s’est bien déroulée, hormis une infection ayant donné lieu à un traitement antibiotique à l’hôpital à 32 semaines. © sakurra, Fotolia
    Globalement la grossesse s’est bien déroulée, hormis une infection ayant donné lieu à un traitement antibiotique à l’hôpital à 32 semaines. © sakurra, Fotolia

    Sept mois après la greffe, un des embryons congelés a été implanté dans l'utérus et, dix jours après l'implantation, la grossesse de la patiente a été confirmée. Au moment de la naissance par césariennecésarienne, l'utérus greffé a été retiré puis le traitement immunosuppresseur a été suspendu. Lorsque les auteurs ont rédigé leur article pour The Lancet medical journal, le bébé avait plus de sept mois. Elle allait bien, était toujours allaitée et pesait 7,2 kg.

    Un espoir pour des femmes souffrant d’infertilité utérine

    Cette première mondiale apporte une lueur d'espoir aux femmes souffrant d'infertilitéinfertilité pour des causes utérines : une grossesse viable est possible avec un utérus d'une donneuse décédée. Dix autres greffes d'utérus de donneuses décédées ont été tentées aux États-Unis, en République tchèque et en Turquie, mais aucune n'a donné lieu à une naissance vivante. Ce serait le premier cas de greffe d'utérus réussie en Amérique latine.

    Voir aussi

    Première greffe d’utérus aux États-Unis

    D'autres greffes d'utérus ont été décrites avec une donneuse vivante, provenant de la famille de la receveuse ou de son cercle d'amies proches. Or, le nombre de personnes susceptibles de donner leurs organes à leur mort est plus élevé que celui des donneuses vivantes potentielles. De plus, le recours à une donneuse décédée permet d'éviter des complications à une donneuse vivante.

    Le saviez-vous ?

    Parmi les couples concernés par des problèmes d’infertilité, une femme sur 500 souffre d’une anomalie de l’utérus. L’infertilité utérine peut être due à une affection congénitale, une malformation de naissance, ou être la conséquence d’une hystérectomie ou d’une infection utérine.

    En 2013, en Suède, est né le premier bébé issu d'un utérus greffé provenant d'une donneuse vivante (voir article ci-dessous). Ensuite, il y a eu 39 autres tentatives similaires, donnant lieu à 11 naissances vivantes.


    Première mondiale : une femme devient mère après une greffe d’utérus

    Article paru le 9 octobre 2014

    Pour la première fois, une femme souffrant d'une absence congénitale d'utérus a pu mener une grossesse et mettre au monde un bébé. Cette première mondiale a été réalisée en Suède, à Göteborg, et donne un espoir à toutes celles souffrant d'infertilité utérine.

    L'infertilité absolue de l'utérus est due à l'absence d'utérus ou à la présence d'un utérus non-fonctionnel. Certaines femmes ayant eu un cancer et subi une chirurgiechirurgie de l'utérus peuvent aussi souffrir de cette infertilité qui jusqu'à présent était incurable. C'est pourquoi en 1999 l'université de Göteborg a démarré un projet visant à permettre à des femmes sans utérus d'avoir un enfant.

    Ainsi, 9 femmes ont reçu un utérus provenant de donneuses vivantes, souvent la mère de la receveuse, mais aussi d'autres membres de la famille ou d'amies proches. Dans deux cas, l'utérus greffé a dû être retiré, une fois à cause d'une infection grave, et dans l'autre cas à cause de caillotscaillots sanguins dans les vaisseaux transplantés. Les 7 femmes restantes ont démarré leurs essais de fécondation in vitro (FIV) en 2014, avec leurs propres embryons introduits dans l'utérus greffé. Une première naissance a pu avoir lieu ; elle est décrite dans la revue The Lancet.

    L'heureuse maman souffrait d'une absence congénitale d'utérus (syndrome de Rokitansky). En 2013, à l'âge de 35 ans, elle a subi une greffe avec un utérus provenant d'une femme de 61 ans, qui avait eu deux enfants et sans lien de parenté avec elle. La receveuse a eu ses règles pour la première fois 43 jours après la greffe et a continué à être réglée normalement en moyenne tous les 32 jours.

    La patiente a été enceinte dès le premier essai de fécondation <em>in vitro</em>. © Canwest News Service, Wikimedia Commons, DP
    La patiente a été enceinte dès le premier essai de fécondation in vitro. © Canwest News Service, Wikimedia Commons, DP

    Naissance réussie avec un utérus provenant d’une femme ménopausée

    Un an après la greffe d'utérus, la patiente a reçu un premier embryon qui a conduit à une grossesse. Elle suivait un traitement immunosuppresseur avec 3 moléculesmolécules : tacrolimus, azathioprine et des corticostéroïdescorticostéroïdes, y compris pendant sa grossesse. Après sa greffe, elle a connu 3 épisodes de rejets légers, dont un pendant sa grossesse. Ces épisodes ont pu être arrêtés avec le traitement immunosuppresseur à base de corticostéroïdes. 

    La croissance du fœtusfœtus et les flux sanguins dans les artèresartères utérines et le cordon ombilicalcordon ombilical étaient normaux lors de la grossesse. Mais à 31 semaines et 5 jours de grossesse, la patiente a été admise à l'hôpital avec une pré-éclampsie ; 16 h plus tard, une césarienne a été pratiquée en suivant un protocole normal. D'après Mats Brännström, qui a réalisé la césarienne, le petit garçon nouveau-né était en parfaite santé ; il pesait 1,775 kg, un poids normal à ce stade de la grossesse. « La mère et l'enfant vont tous les deux bien et sont rentrés chez eux. Les nouveaux parents sont bien sûr très heureux et reconnaissants. La raison de la pré-éclampsiepré-éclampsie de la maman est inconnue, mais cela pourrait être dû à son traitement immunosuppresseur combiné au fait qu'il lui manque un reinrein. L'âge de la donneuse d'utérus pourrait aussi être un facteur. De plus, la pré-éclampsie est en général plus courante chez les femmes qui sont tombées enceintes par un traitement FIV. »

    Cette première mondiale est un espoir pour de nombreuses femmes : « ceci nous donne des preuves scientifiques que le concept de greffe d'utérus peut être utilisé pour traiter l'infertilité utérine, qui jusqu'à présent est restée la dernière forme incurable d'infertilité féminine. Cela montre aussi que les greffes avec des donneuses vivantes sont possibles, y compris avec une donneuse ménopausée ».