Si l'alcool, le tabac et certaines denrées alimentaires spécifiques sont à proscrire pendant une grossesse, d'autres devraient être très largement à éviter. C'est le cas des boissons sucrées. 


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    Si les premiers comportements à adopter concernent l'arrêt du tabac, l'arrêt de l'alcool, l'arrêt de certaines denrées alimentaires à risque bactériologique (listeria notamment) et éviter le contact avec des chats (toxoplasmose) car ils sont de loin les plus dangereux, adopter une alimentation équilibrée et adaptée est très important pour la santé du futur bébé. Dans cette optique, il serait bon d'éviter de consommer des sodas, nous révèle une récente étude mettant en évidence une corrélation entre consommation de boissons sucrées et malformationmalformation cardiaque congénitale.

    Consommation de sodas : corrélation n'est pas causalité ?

    On ne le répétera jamais assez, cette étude ne peut pas nous permettre d'inférer une causalité. C'est-à-dire qu'il nous est impossible de dire si les boissons sucrées sont bien une cause de malformation cardiaque congénitale. De fait, ce résultat provient d'une étude d'observation réalisée sur plus de 65.000 femmes enceintes danoises, à qui l'on a fait remplir des questionnaires de fréquence alimentaire afin d'avoir une idée de leur consommation d'aliments à index et charge glycémique élevée. Les chercheurs voulaient constater s'il existait une association entre ces consommations et les malformations cardiaques congénitales.

    Les scientifiques testent cette hypothèse car nous savons d'études antérieures que le diabète pré-existant à la grossesse est associé à un risque accru de malformations cardiaques congénitales chez le nourrisson. Pour les investigateurs, cela suggère que le glucose joue un rôle dans le développement cardiaque embryonnaire. Aucune association n'a été découverte concernant les aliments solidessolides mais une corrélation significative a été décelée concernant les sodas. Avec une augmentation pouvant aller jusqu'à 141 % par rapport au taux de base, et sachant que le taux de base de ce type de malformation est de 0,5 à 1,1 % au Danemark, on peut estimer que le risque s'accroît de 1,2 à 2,6 %.

    Néanmoins, il faut redoubler de prudence avec l'argument de « corrélation n'est pas causalité ». Il pourrait nous conduire à affirmer qu'il n'existe pas de preuves émanant d'études extrêmement rigoureuses pour désigner l'alcoolalcool ou le tabac comme très dangereux pour les femmes enceintes. En effet, des études randomisées, contrôlées et en double aveugle peuvent être réalisées si ce que l'on teste apporte un bénéfice aux patients. On ne peut pas tester une substance pour confirmer sa nocivité. Celle-ci s'établit d'une autre manière : grâce à des faisceaux de preuves. À cela s'ajoute bien évidemment, la prise en compte de la balance bénéfice-risque.

    Lorsqu'on est enceinte, mieux vaut ne pas boire une goutte d'alcool. Les sodas, quant à eux, seraient à éviter. © Prostock-studio, Adobe Stock
    Lorsqu'on est enceinte, mieux vaut ne pas boire une goutte d'alcool. Les sodas, quant à eux, seraient à éviter. © Prostock-studio, Adobe Stock

    De l'importance du faisceau de preuves concordantes

    Ce qu'il faut bien comprendre, c'est que certaines connaissances en médecine que nous avons aujourd'hui ne se sont pas établies grâce aux expériences contrôlées, randomisées, en double aveugle. C'est le cas notamment de la nocivité du tabac, pour laquelle ont été créés les critères de Sir Bradford Hill (la rédaction vous conseille à ce sujet cette superbe vidéo pédagogique du médecin de santé publique Tristan, YoutubeurYoutubeur de la chaîne Risque Alpha).

    Ici, c'est la même chose : de fait, boire de l'alcool ou consommer du tabac est associé à des problèmes de fœtus importants. Les mécanismes biologiques qui causent ces problèmes sont également connus. Le bénéfice pour la mère de consommer du tabac ou de l'alcool est inexistant (si ce n'est un léger plaisir social et dopaminergique) alors que le risque d'engendrer un préjudice à son futur enfant est grand. Il est donc cohérent, en santé publique, de formellement déconseiller la moindre goutte d'alcool ou la moindre bouffée de tabac à une femme enceinte. Pour les sodas, la toxicitétoxicité de la substance est moindre, mais on commence à entrevoir certains risques, moins graves, moins courants, mais tout de même inquiétants. Si on applique toujours la même méthode, il conviendrait de conseiller de consommer très sporadiquement des boissons sucrées. Pour conclure, si le faisceau de preuves concordantes concernant les sodas et les risques pour le fœtusfœtus continue de grandir et fait clairement pencher la balance du côté du risque, il faudra aussi en déconseiller formellement la moindre goutte.