Notre sixième sens existe bien. Il fonctionne en permanence sans que nous en ayons conscience. Récemment, des scientifiques de Berlin ont identifié plusieurs gènes qui permettent de comprendre son fonctionnement.


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    Le goût, le toucher, la vue, l'odorat et l'ouïe sont les cinq sens qui nous permettent de percevoir le monde qui nous entoure. Mais il en existe un sixième qui recèle encore bien des mystères : la proprioception. La proprioception agit à tout instant, sans que nous en ayons conscience. Elle permet au cerveau de coordonner nos mouvementsmouvements ou notre posture ou encore de nous repérer dans l'espace.

    Ce sont des neurones propriocepteurs qui sont connectés aux muscles et aux tendons qui enregistrent leurs mouvements et leurs tensions, et transmettent l'information au cerveau. Mais peu de choses sont connues sur leur fonctionnement. 

    Des scientifiques du Max Delbrück Center à Berlin ont identifié des marqueurs génétiques uniques aux neurones propriocepteurs qui contrôlent les muscles du dosdos, la région abdominale et les membres postérieurs. Une avancée majeure dans notre compréhension de notre sixième sens.

    Le destin des neurones propriocepteurs dicté à l'avance

    En étudiant les ARN produits par chaque neurone propriocepteur sur des souris, les scientifiques ont pu dresser leur carte d'identité et les classer en sous-groupes. Ainsi, les neurones propriocepteurs du dos sont caractérisés par l'activation des gènesgènes Tox et Epha3, ceux des abdominaux par l'activation de C1ql2, et ceux des membres postérieures, Gabrg1 et Efna5.

    Coupe d'un ganglion rachidien. En vert, les neurones impliqués dans la proprioception, en rose ceux dans la perception des informations tactiles et thermales. © Stephan Dietrich, Zampieri Lab, <em>Max Delbrück Center</em>
    Coupe d'un ganglion rachidien. En vert, les neurones impliqués dans la proprioception, en rose ceux dans la perception des informations tactiles et thermales. © Stephan Dietrich, Zampieri Lab, Max Delbrück Center

    « Nous avons aussi montré que ces gènes sont déjà actifs à un stade embryonnaire et le restent un certain temps après la naissance », explique Stephan Dietrich, premier auteur de l'étude parue dans Nature Communication. En d'autres termes, le destin des neurones propriocepteurs est fixé à l'avance par la génétique qui décide s'ils innerveront les jambes ou les muscles du dos avant même que la connexion soit faite.

    Des applications en perspective

    Outre les nouvelles connaissances scientifiques qu'apportent ces recherches, Dietrich et ses collègues espèrent que cela pourra améliorer la conception des neuroprothèses qui remplacent les fonctions motrices et sensorielles d'un membre chez les personnes qui ont une blessure dans la moelle épinièremoelle épinière.

    La recherche sur d'autres problèmes de santé liés à une mauvaise proprioception pourrait bénéficier de ces résultats. Par exemple, la scoliosescoliose est suspectée d'être liée à une proprioception défaillante qui altère la tension dans les muscles du dos, conduisant à la déformation de la colonne vertébralecolonne vertébrale