Une étude menée par l'université de Singapour suggère que les mensonges des parents peuvent avoir des répercussions sur le mental de leurs enfants, y compris à l'âge adulte.


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    Les parents mentent forcément un peu à leurs enfants. Par dépit, par omission ou parfois pour « le bien » de leur progéniture. Mais attention à limiter vos mensonges et à essayer le plus possible de fournir une argumentation honnête à vos têtes blondes quand vous refusez d'accéder à l'une de leurs requêtesrequêtes, préviennent des chercheurs de l'université nationale de Singapour.

    Au plus tu me mens, au plus je deviendrais manipulateur

    Ces derniers ont mené -- en collaboration avec les universités de Toronto (Canada), de San Diego (États-Unis) et du Zhejiang (Chine) -- une étude publiée dans The Journal of Experimental Child Psychology. Pour cette recherche, 379 jeunes adultes (âgés en moyenne de 21 ans) ont été invités à remplir quatre questionnaires.

    Le premier consistait à indiquer la fréquence à laquelle ils estimaient que leurs parents leur mentaient lorsqu'ils étaient enfants. Par exemple : « Si tu ne viens pas avec moi maintenant, je te laisserai ici tout seul ». Ou encore : « Je n'ai pas pris mon portefeuille sur moi, nous reviendrons un autre jour ». Le deuxième questionnaire était consacré aux propres mensonges des participants, cette fois formulés à l'adresse de leurs parents. Enfin, les deux derniers portaient sur le comportement prosocial des volontaires et leur tendance à se comporter de façon égoïste et impulsive.

    « L'affirmation de l'autorité sur les enfants est une forme d'intrusion psychologique qui peut miner le sentiment d'autonomie des enfants et entraîner leur rejet, ce qui finit par saper leur bien-être émotionnel » explique Peipei Setoh, principale autrice de l'étude. © Cheryl Holt, Pixabay
    « L'affirmation de l'autorité sur les enfants est une forme d'intrusion psychologique qui peut miner le sentiment d'autonomie des enfants et entraîner leur rejet, ce qui finit par saper leur bien-être émotionnel » explique Peipei Setoh, principale autrice de l'étude. © Cheryl Holt, Pixabay

    En examinant les réponses, les auteurs de l'étude ont constaté que les adultes dont les parents semblaient leur mentir fréquemment étaient davantage susceptibles d'adopter un comportement intrusif, voire manipulateur. « L'affirmation de l'autorité sur les enfants est une forme d'intrusion psychologique qui peut miner le sentiment d'autonomieautonomie des enfants et entraîner leur rejet, ce qui finit par saper leur bien-être émotionnel. Les parents devraient être conscients de ces implications potentielles et envisager des alternatives au mensonge », suggère Peipei Setoh, professeure assistante à l'École des sciences sociales de l'université nationale de Singapour (NTU) et autrice principale de l'étude.

    Une étude basée sur des souvenirs

    Si cette théorie s'avère intéressante, elle comporte toutefois des limites. À commencer par le fait que les réponses ont été obtenues à partir d'auto-évaluations des participants et, de surcroît, basées sur des souvenirs remontant à leur enfance. Les auteurs de l'étude précisent également qu'il serait judicieux de faire intervenir les parents dans de futures recherches sur le sujet, afin de distinguer les mensonges « inoffensifs » de ceux qui pourraient nuire au bien-être psychologique de leurs enfants.