Une nouvelle étude américaine vient valider la précédente hypothèse sur le secret de longévité des centenaires : ils sont dotés d’une résilience immunitaire supérieure à la moyenne.


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    L'une des caractéristiques du vieillissement réside dans le déclin du fonctionnement du système immunitaire. Toutefois, une rare fraction de la population qui dépasse les 100 ans (les centenaires) serait dotée d'un système immunitaire unique et hautement fonctionnel jusqu'à un âge très avancé. Ces personnes connaissent des retards dans les maladies et la mortalité liées au vieillissement car leur immunité d'élite s'est adaptée avec succès à une série d'agressions, leur permettant d'acquérir une certaine résiliencerésilience immunitaire et d'atteindre une longévité exceptionnelle.

    Une étude de 2019 avait observé des changements dans la composition des cellules immunitaires et une augmentation des lymphocytes cytotoxiquescytotoxiques dans les cellules mononucléaires du sang périphérique (CMSP) de centenaires japonais, par rapport à des personnes plus jeunes. Cependant, il manquait la généralisation de ces résultats à d'autres ethnies et la caractérisation des changements transcriptionnels qui se produisent dans les types de cellules immunitaires périphériques des centenaires par rapport aux individus plus jeunes.

    Confirmation et apport de nouveaux éléments

    « Nos données confirment l'hypothèse selon laquelle les centenaires possèdent des facteurs de protection qui leur permettent de se remettre d'une maladie et d'atteindre des âges extrêmement élevés », résume Tanya Karagiannis, bioinformaticienne à l'Institut de recherche clinique et d'études sur les politiques de santé au Tufts Medical Center (Boston) et coauteure d'une nouvelle étude. En effet, l'analyse des chercheurs américains est venue confirmer les changements connus dans le rapport entre les lymphocytes et les cellules myéloïdesmyéloïdes.

    En outre, elle identifie de nouveaux changements compositionnels et transcriptionnels du système immunitaire. L'analyse a ainsi identifié des signatures de cellules spécifiques à une longévité exceptionnelle. Ces cellules comprenaient des gènes présentant des changements liés à l'âge (par exemple, une expression accrue de STK17A, un gène connu pour être impliqué dans la réponse aux dommages de l'ADN) ainsi que des gènes exprimés uniquement dans les CMSP des centenaires (par exemple un gène qui appartient à la famille de protéines S100 liée à la longévité et à la régulation du métabolismemétabolisme).

    Le corps humain compte environ 30 billions de cellules et notre santé dépend de leur interaction et de leur soutien mutuels, le système immunitaire jouant un rôle particulièrement important. © Sebastian Kaulitziki, Fotolia
    Le corps humain compte environ 30 billions de cellules et notre santé dépend de leur interaction et de leur soutien mutuels, le système immunitaire jouant un rôle particulièrement important. © Sebastian Kaulitziki, Fotolia

    Le plus grand ensemble de données unicellulaires de sujets centenaires

    Afin d'identifier des modèles de vieillissement et de longévité humaine spécifiques au système immunitaire, les chercheurs ont analysé de nouveaux profils de cellules uniques provenant des CMSP d'un échantillon aléatoire de sept centenaires (âge moyen de 106 ans). Ils ont également inclus un ensemble de données de séquençageséquençage de l'ARNARN de cellules uniques, comprenant sept centenaires supplémentaires et 52 personnes plus jeunes (entre 20 et 89 ans). Les chercheurs rapportent qu'il s'agit du plus grand ensemble de données unicellulaires de sujets centenaires jusqu'à présent.

    Les résultats publiés dans la revue Lancet eBiomedicine serviront de base à de futures études visant à déterminer si les différences observées sont essentielles pour échapper aux maladies liées au vieillissement.


    Supercentenaires : des chercheurs ont découvert le secret de leur longévité

    Article de Nathalie MayerNathalie Mayer, publié le 24/11/2019

    À ce jour, le record de longévité humaine est détenu par Jeanne Calment. La Française s'est éteinte à l'âge très avancé de 122 ans. Une supercentenaire, disent les gériatres. Et aujourd'hui, une équipe de chercheurs pourrait enfin avoir trouvé le secret de cette extraordinaire longévité dans un système immunitaire d'une efficacité redoutable.

    Les supercentenaires, ce sont ces personnes qui dépassent les 110 ans. Bien sûr, il n'y en a pas tant. Mais en se penchant sur leurs vies, les gériatres ont pu noter un point qui semble commun à tous. Peut-être la clé du secret de leur longévité. Ainsi les supercentenaires se révèlent relativement immunisés contre les maladies en tout genre. Et des chercheurs de l'université Riken (Japon) affirment aujourd'hui que le phénomène est directement lié à la composition de leur système immunitaire.

    Pour en arriver à cette conclusion, ils ont étudié deux types de cellules immunitaires - des lymphocytes, qui jouent en rôle central en la matièrematière - collectées sur des supercentenaires et sur un groupe témoin. Ils ont remarqué que les lymphocytes T présents chez les supercentenaires étaient, pour 80 % d'entre eux, cytotoxiques. Pour 10 ou 20 % seulement d'entre eux du côté du groupe témoin.

    Les lymphocytes T cytotoxiques sont des cellules immunitaires capables de tuer des cellules infectées ou des cellules cancéreuses, des globules blancs qui éliminent toute cellule indésirable pour l’organisme. © Giovanni Cancemi, Adobe Stock
    Les lymphocytes T cytotoxiques sont des cellules immunitaires capables de tuer des cellules infectées ou des cellules cancéreuses, des globules blancs qui éliminent toute cellule indésirable pour l’organisme. © Giovanni Cancemi, Adobe Stock

    Plus de lymphocytes T cytotoxiques

    Plus précisément, les gériatres ont découvert que chez les supercentenaires, des lymphocytes T de type CD4 - classiquement non cytotoxiques - avaient acquis un statut cytotoxique. Comment ? Par un processus que les chercheurs appellent l'expansion clonale. Comprenez que de nombreuses cellules ont pu être identifiées comme issues d'une seule et unique cellule ancêtre.

    Les chercheurs considèrent les supercentenaires comme de bons modèles de vieillissement en bonne santé. Un sujet crucial dans nos sociétés modernes. Et ces travaux leur permettent aujourd'hui de mieux comprendre comment ces personnes sont naturellement protégées contre les maladies et même contre le cancercancer.

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