Biberons, jouets, tapis de sol ou tétines : les bébés sont proportionnellement beaucoup plus exposés au plastique que les adultes. Même les premières selles de nouveau-nés sont contaminées ! Une exposition dont les effets sont incertains.


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    Le polyéthylènepolyéthylène téréphtalate (PET) est l'une des matières plastiquematières plastique les plus couramment utilisés. Il entre dans la composition des bouteilles et flacons, le rembourrage des coussins et peluches, les ustensiles de cuisine, les emballages résistant à la cuisson, les fibres textiles de type « polaire », dans les jouets ou même dans les cartes de crédit !

    Mais on le retrouve aussi... dans les excréments, preuve que nous ingérons chaque jour du PET sous forme de microparticules -- dont la taille est inférieure à 5 millimètres. Et, encore plus préoccupant, les excréments des bébés en contiennent 10 fois plus que ceux des adultes, selon une nouvelle étude parue dans Environnemental Sciences and Technology Letters. Les scientifiques ont analysé les couches souillées de six nourrissons âgés d'un an, trois nouveau-nés et dix adultes, et ont mesuré, chez les premiers, 36.000 nanogrammes de (PET) par gramme de matière fécale, soit 10 fois la quantité qu'ils ont trouvée dans les selles adultes. Même le méconium, les premières selles des nouveau-nés (dont on pourrait penser qu'ils n'ont pas encore été exposés au plastique), présentent des concentrations similaires à celles des adultes.

    Les bébés absorbent quotidiennement 83.000 nanogrammes par kilo de poids corporel de PET et 860 ng/kg de poids corporel de polycarbonate (PC). © <em>Environ. Sci. Technol. Lett</em>. 2021
    Les bébés absorbent quotidiennement 83.000 nanogrammes par kilo de poids corporel de PET et 860 ng/kg de poids corporel de polycarbonate (PC). © Environ. Sci. Technol. Lett. 2021

    Moquette, jouets et biberons

    Il faut dire que les bébés sont particulièrement exposés au plastique. En 2020, une précédente étude avait montré que les biberons relâchent jusqu'à 16 millions de microparticules de plastique par litre de liquideliquide. Plus le biberon est chauffé et plus il est secoué, plus le nombre de particules est important. Mais les biberons sont loin d'être les seuls responsables. Les bébés ont tendance à mettre en bouche tout ce qui leur passe sous la main : tétines, jouets, tissus synthétiques, peluches... Les tapis de sols et les moquettesmoquettes sur lesquels ils rampent contiennent également du microplastiquemicroplastique. Une autre étude de 2019 a, par exemple, montré que des moquettes en PET peuvent relâcher jusqu'à 4,6 mg de microplastique par kilo de poussière qui retombent ensuite sur le sol. Jusqu'à 17.300 nanogrammes de PET par kilo de massemasse corporelle sont ainsi ingérés chaque jour par les enfants.

    Des effets incertains sur la santé

    Les effets des microplastiques sur la santé demeurent assez incertains. « On a longtemps considéré que les plastiques étaient inertes et, qu'après ingestion, ils passent directement dans le tractus gastrogastro-intestinal avant d'être excrétés dans les selles, expliquent les auteurs de la nouvelle étude. Cependant, des recherches récentes suggèrent que les microparticules de moins de 10 micromètresmicromètres peuvent traverser les membranes cellulairesmembranes cellulaires et atteindre le système circulatoire ».

    Les microplastiques se retrouvent dans les excréments, signe qu’il passent à travers le tractus gastro-intestinal. © stanislav_uvarov, Adobe Stock
    Les microplastiques se retrouvent dans les excréments, signe qu’il passent à travers le tractus gastro-intestinal. © stanislav_uvarov, Adobe Stock

    La présence de microplastique dans le méconium (les premières selles de nourrissons), quant à elle, fait penser que les particules passent à travers le placenta. Des études chez des animaux de laboratoire ont, en outre, montré que l'exposition aux nanoplastiques de polystyrènepolystyrène (PS) entraîne des problèmes pulmonaires et métaboliques, un arrêt du cycle cellulaire, l'activation des gènes inflammatoires et la promotion de l'apoptose cellulaire ; l'effet sur l'être humain n'a cependant pas pu être démontré.

    Limiter les dégâts

    Le plastique contient également de nombreux additifs qui leur donne de la souplesse, les rend plus résistants ou les protègent contre les UVUV. Des produits dont les effets sur la santé demeurent inconnus. Le plastique peut aussi abriter des bactéries et virus susceptibles de contaminer les jeunes enfants. Difficile de lutter contre ce phénomène. Si l'on a pu, par exemple, interdire les matières plastique les plus dangereuses comme le bisphénol A, soupçonné d'être cancérigène, il semble impossible d'éliminer le plastique de notre environnement. On peut tout de même essayer de limiter les dégâts en évitant de préparer les biberons avec de l'eau trop chaude, en passant régulièrement l'aspirateuraspirateur pour garder le sol exempt de microfibres, ou encore en privilégiant les vêtements et jouets en matières naturelles.


    Nous avalons environ cinq grammes de plastique par semaine

    Article de AFP-Relaxnews publié le 16/06/2019

    Si l'ingestion et l'inhalation de particules de plastique par les humains est avérée, des chercheurs ont pour la première fois réussi à quantifier avec précision l'ampleur du phénomène. Et ce n'est pas franchement rassurant...

    Un individu moyen pourrait ingérer jusqu'à 5 grammes de plastique chaque semaine, soit le poids d'une carte de crédit, selon un rapport commandé par le WWFWWF à l'université de Newcastle (Australie), et publié mardi. Selon ces résultats, compilation de 50 études menées sur l'ingestion humaine de plastiques, chaque homme avalerait environ 2.000 micropièces et particules chaque semaine, soit quelque 250 grammes annuellement.

    Des études ont précédemment montré que les humains ingèrent et respirent une nuée de particules de plastique chaque année, mais le défi pour les chercheurs australiens était d'en évaluer le poids. « Alors que la prise de conscience grandit quant à l'existence des microplastiques et à leur impact sur l'environnement, cette étude fournit pour la première fois un calcul précis des taux d'ingestion, a expliqué Thava Palanisami, professeur à l'université de Newcastle. Ce qui contribuera à cerner les potentiels risques toxicologiques pour les humains ».

    L’eau en bouteille, les fruits de mer, la bière et le sel en première ligne

    Première source de ce plastique ingurgité, l'eau, surtout si elle est embouteillée. Parmi les autres produits de consommation analysés, les fruits de mer, la bière et le sel contiennent le plus fort taux. Selon une étude canadienne parue le 5 juin, basée sur le mode de vie d'un Américain moyen, un adulte ingère jusqu'à 52.000 microparticules de plastique par an, auxquelles s'ajoutent 90.000 supplémentaires s'il boit uniquement de l'eau en bouteille (et 4.000 s'il se contente de l'eau du robinet). Et si l'on prend en compte la pollution de l'air, et donc l'inhalation, ce chiffre passe à 121.000 - ces estimations variant individuellement selon le mode et le lieu de vie, ajoutait cette étude parue dans la revue Environmental Science and Technology.

    Pour le WWF, « c'est un signal d'alarme pour les gouvernements : les plastiques ne polluent pas juste nos rivières et océans, ils ne tuent pas seulement la vie marine, mais ils sont en chacun d'entre nous », souligne Marco Lambertini, directeur général du WWF International, dans un communiqué. « Alors que la recherche étudie les potentiels effets négatifs du plastique sur la santé humaine, il est clair que c'est un problème mondial qui pourra être résolu seulement si l'on s'attaque aux racines de la pollution : si nous ne voulons pas de plastique dans notre organisme, il faut stopper les millions de tonnes qui continuent à échouer dans la nature chaque année », a-t-il ajouté. Il a appelé à agir « au niveau des gouvernements, des entreprises, des consommateurs » et à trouver « un traité mondial » contre la pollution de l'océan, avec des objectifs nationaux.

    Les microplastiques, venus de la dégradation de produits aussi divers que les vêtements synthétiques, les pneuspneus, les lentilles de contactlentilles de contact..., se retrouvent désormais partout sur la planète, sur les plus hauts glaciersglaciers comme dans les failles marines.