Alors que les laboratoires semblent enfin voir le bout du tunnel dans l’élaboration d’un vaccin efficace contre le coronavirus, les Français, eux, ont encore du chemin à accomplir avant d’arriver à vaincre leurs craintes.


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    Il existe dans toute sphère des individus plus ou moins bien intentionnés, et InternetInternet ne fait pas exception à la règle. Si le charlatanisme et la pensée sectaire ont toujours existé, ils avaient jusqu'à présent rarement rencontré de terrain aussi fertile que le World Wide Web pour étendre leurs ramifications. À une heure où la frontière entre information et opinion semble de plus en plus floue, la priorité n'est plus de connaître les dernières informations en date, mais d'apprendre à se renseigner sans se faire manipuler. Une pratique sur laquelle la France a encore bien du retard.

    Les théories du complot en hausse

    Tandis que les chercheurs et les personnels soignants font de leur mieux pour endiguer la propagation du virus qui a déjà fait plus de 45.000 morts en France et 1,3 million de par le monde, de nombreux groupes continuent de diffuser de la désinformation en ligne, sous la forme de publications sur les réseaux sociauxréseaux sociaux, d'articles, de campagnes ou encore de documentaires. Leur argument : on vous cache quelque chose et nous détenons la vérité. Loin de la démarche scientifique consistant à tester des hypothèses sur la base d'un protocoleprotocole contrôlé, reproductible et accessible à tous ceux souhaitant valider l'expérience par eux-mêmes, ces personnalités usent de leur charisme et de leur influence pour diffuser des informations erronées et souvent dangereuses.

    De ces tendances ont émergé de nombreuses théories conspirationnistes et une défiance qui met aujourd'hui en danger la santé de tous, et, à plus grande échelle, le fonctionnement de notre société, de plus en plus fragmentée. L'une de ces théories est celle consistant à s'opposer aux vaccins, ses partisans affirmant que la vaccination provoque de l'autisme, qu'elle est prétexte à l'implantation de puces sous la peau, ou qu'elle est un poison dont se sert le gouvernement pour se débarrasser d'une partie de la population (ainsi que nous l'apprenons en lisant les commentaires qui ont été postés sur l’une de nos dernières vidéos). Ces croyances sont non seulement erronées, mais aussi dangereuses, menaçant l’immunité collective qui protège les populations les plus vulnérables.

    Tandis que de nombreux pays luttent pour obtenir l'accès à des vaccins salvateurs, la France boude et lutte parfois activement contre les avancées qui sont à sa portée. © Pixabay, CC0 Public Domain
    Tandis que de nombreux pays luttent pour obtenir l'accès à des vaccins salvateurs, la France boude et lutte parfois activement contre les avancées qui sont à sa portée. © Pixabay, CC0 Public Domain

    L'immunité contre la Covid-19 menacée ?

    Une récente enquête menée par Ipsos révèle que seuls 54 % des Français se déclarent prêts à se faire vacciner contre le coronavirus. Un chiffre bien trop bas, pour une solution qui ne suffira pas à résoudre tous les problèmes, d'après le directeur de l'OMSOMS. « Un vaccin complétera les autres outils dont nous disposons. Il ne les remplacera pas, a déclaré Tedros Adhanom Ghebreyesus. Un vaccin à lui seul ne mettra pas fin à la pandémiepandémie. » Une forte résistancerésistance de la population à l'adoption du vaccin ne fera donc que retarder plus encore la maîtrise de la pandémie.

    La France espère commencer les campagnes de vaccination dès janvier 2021 afin d'endiguer au plus tôt la propagation du virus et ses centaines de morts par jour, ainsi que d'alléger la tâche des hôpitaux et tout particulièrement des services de réanimation. L'objectif : proposer un vaccin « qui offre les meilleures chances de contenir la pandémie », mais ayant également fait ses preuves quant à son manque de dangerosité pour la santé, a affirmé le porte-parole du gouvernement


    Covid-19 : les scientifiques s'inquiètent de la défiance du grand public envers un vaccin

    Article de Futur avec l'AFP-Relaxnews, publié le 23 octobre 2020

    Nombreuses sont les expérimentations pour mettre au point un vaccin contre la pandémie de Covid-19Covid-19 et tous les gouvernements désormais s'attellent en parallèle aux questions de logistique et d'approvisionnement. Mais des scientifiques les alertent sur la défiance du grand public et la désinformation alimentée par les mouvementsmouvements anti-masques et anti-vaccins qui pourraient remettre en cause l'efficacité des campagnes de préventionprévention

    Des scientifiques ont appelé les gouvernements à agir contre la défiance à venir des populations à l'égard du futur vaccin contre la Covid-19, qui pourrait entraver une couverture vaccinale idéale, selon leur étude publiée mardi dans la revue Nature Medicine

    « Dans la plupart des 19 pays étudiés, les niveaux actuels d'acceptation d'un vaccin contre la Covid-19 sont insuffisants pour répondre aux exigences de l'immunitéimmunité communautaire », mettent en garde les auteurs de l'étude menée en juin.

    72 % des 13.400 personnes interrogées dans les 19 pays ont déclaré qu'elles se feraient vacciner si « un vaccin disponible contre la Covid-19 démontre son efficacité et son innocuité », tandis que 14 % répondent qu'elles refuseraient et autant 14 % se montrent hésitantes.

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    Les mouvements anti-vaccination sont déjà très actifs dans plusieurs pays. © Zubada, Adobe Stock
    Les mouvements anti-vaccination sont déjà très actifs dans plusieurs pays. © Zubada, Adobe Stock

    La nécessité d'une communication institutionnelle transparente

    Le taux d'acceptation évolue fortement, avec trois pays sous les 60 %, la France (58,8 %), la Pologne (56,3 %) et la Russie (54,8 %), et trois autres qui dépassent les 80 %, la Chine, le Brésil et l'Afrique du Sud.

    « Nous avons constaté que le problème de l'hésitation face au vaccin est fortement lié à un manque de confiance dans le gouvernement », a commenté l'un des coordinateurs de l'étude, Jeffrey V. Lazarus, chercheur à l'Institut de santé mondiale de Barcelone (ISGlobal). Selon les auteurs de l'étude, « il est de plus en plus évident qu'une politique transparente, fondée sur des données probantes, et une communication claire et précise seront exigées de toutes les parties prenantes », à commencer par les gouvernements.

    Pour mener des campagnes de prévention efficaces, ils appellent « à expliquer soigneusement le niveau d'efficacité d'un vaccin, le temps nécessaire à la protection, avec des doses multiples, si nécessaire, et l'importance d'une couverture à l'échelle de la population pour obtenir l'immunité communautaire ».

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    Et ce, d'autant que « les militants anti-vaccination font déjà campagne dans plusieurs pays contre la nécessité d'un vaccin, certains d'entre eux niant carrément l'existence du Covid-19 ».

    Selon une autre étude parue la semaine dernière dans la revue britannique Royal Society Open Science, jusqu'à un tiers de la population de certains pays est susceptible de croire à de fausses informationsfausses informations et à des théories complotistes sur la Covid-19. Par exemple, quelque 33 % des sondés mexicains et 37 % d'espagnols jugent « fiable » la théorie selon laquelle le coronavirus a été délibérément fabriqué dans un laboratoire de la ville chinoise de Wuhan, d'où est partie l'épidémieépidémie -- ils sont entre 22 et 23 % au Royaume-Uni et aux États-Unis.

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