Une étude récemment publiée suggère que les symptômes de Covid long rapportés par les patients ne seraient pas forcément liés à une infection réelle par le virus. Cette étude a été immédiatement vivement critiquée sur sa méthode. Futura fait le point.


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    Pour la plupart des patients, les symptômes de la Covid vont durer deux à trois semaines. Pour d'autres, cela peut être beaucoup plus long ! Certains vont ressentir des symptômes durant des mois. Cela concerne autant les patients hospitalisés que les patients non hospitalisés. On parle alors de Covid long. Néanmoins, ces symptômes ne sont pas spécifiques de la Covid et peuvent avoir de nombreuses autres causes. Pour y voir plus clair, des auteurs ont souhaité réaliser des tests sérologiquestests sérologiques chez des patients pensant avoir été infectés par le virus et rapportant des signes de Covid long. L'étude a été publiée récemment dans le JAMA (Journal of the American Medical Association).

    La perte d’odorat, seul symptôme d’un Covid long réel ?

    Pas moins de 26.823 patients ont été inclus dans cette étude française, comprenant 51,2 % de femmes et 48,8 % d'hommes. La moyenne d'âge était de 49,4 ans. Les participants ont reçu un kit pour réaliser un auto-prélèvement de sang à domicile. Sur ce prélèvement, des anticorps anti-SARS-CoV-2 ont été recherchés : 1.091 patients ont eu un test sérologique positif.

    Une première partie du questionnaire demandait aux participants s’ils pensaient avoir été infectés par le virus

    Les patients ont aussi reçu un questionnaire. Une première partie du questionnaire demandait aux participants s'ils pensaient avoir été infectés par le virus et si oui, si l'infection avait été confirmée par un test, quelle que soit sa nature. Parmi les 1.091 personnes ayant un test sérologique positif, 453 (41,5 %) ont reporté avoir été infectés par la Covid-19.

    Une seconde partie du questionnaire portait sur les symptômes ressentis pas les patients : problèmes de sommeilsommeil, douleursdouleurs musculaires, douleurs articulaires, mal de dosdos, fatigue, problème de concentration, constipationconstipation, douleurs d'estomacestomac, maux de tête, difficultés à respirer, palpitation, perte du goûtperte du goût et ou de l'odoratodorat, problème de peau, problème d'audition, toux, vertiges, douleur thoracique. La liste de ces symptômes a été rédigée en fonction des symptômes de Covid long rapportés dans la littérature scientifique. Selon les auteurs, il existe un lien statistiquement significatif entre le fait de penser avoir eu la Covid et le fait de déclarer des symptômes persistants. En revanche, il n'existerait pas de lien significatif entre le fait d'avoir une sérologie positive et le fait de déclarer des symptômes persistants, sauf pour le symptôme de perte de l’odorat. C'est-à-dire que cette étude suggère que le fait de penser avoir été contaminé est plus, statistiquement parlant, lié au fait de ressentir des symptômes des mois après l'infection que le fait d'avoir été réellement infecté ! Les auteurs tiennent à souligner qu'en aucun cas ils ne remettent en cause ni l'existence du Covid long, ni les symptômes décrits par les patients. En revanche, ils souhaitent mettre en garde contre un diagnosticdiagnostic trop rapide de Covid long, les symptômes étant peu spécifiques.

    La méthodologie statistique de l'étude est vivement critiquée. © OSORIOartist, Adobe Stock
    La méthodologie statistique de l'étude est vivement critiquée. © OSORIOartist, Adobe Stock

    Une méthodologie critiquée

    Pour savoir si le patient a été contaminé ou non par le virus, cette étude se base sur un test sérologique. Le test sérologique utilisé affiche une sensibilité de 87 % et une spécificité de 97,5 %. Si on considère qu'au moment de l'étude, environ 4 % de la population française a été infectée, cela signifie qu'on peut s'attendre à 140 faux négatifs et 644 faux positifs. La population présentant un test sérologique négatif est importante (n=25.732) et le nombre de faux négatifs ne change pas la donne. En revanche, la population présentant un test sérologique positif est peu importante (n=1.091) et le nombre de faux positifs représente plus de la moitié de la population ! À la lumière de cette analyse, les conclusions de cette étude perdent donc en puissance statistique.

    Par ailleurs, la négativité d'un test sérologique n'est pas un marqueur indéniable de l'absence de contaminationcontamination. Le taux d'anticorps peut décroître très vite après l'infection alors que des symptômes peuvent persister. Ces résultats sont donc à prendre avec des pincettes !