Un épidémiologiste d'Harvard a fait une annonce fracassante. Selon lui, jusqu'à 70 % de l'humanité pourrait être touchée par la maladie Covid-19. À ce stade, l'épidémie semble difficilement maîtrisable et pourrait même s'installer durablement. 


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    La propagation de l'épidémie de Covid-19 a fait un bond ces derniers jours hors des frontières chinoises. Au 25 février 2020, on dénombre 977 cas confirmés et 10 décès en Corée du Sud. L'Iran est passé de zéro à 61 cas confirmés et 15 morts en l'espace de quelques jours. En Europe, l'Italie est à présent le foyer de l'épidémie le plus important avec 270 cas confirmés et 7 morts, essentiellement dans le nord du pays, en Lombardie. L'origine des nouveaux cas en Italie et en Corée du Sud n'a pas pu encore être déterminée.

    Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l'OMS, s'inquiète : « l'augmentation soudaine du nombre de cas en Italie, en Iran et en Corée du Sud est très préoccupante ».

    Le confinement est le premier réflexe mis en place lors de n'importe quelle épidémie pour limiter sa dissémination. Face au coronavirus, la Chine a réagi en mettant en quarantaine des villes de plusieurs millions d'habitants dès le mois de janvier. Malgré cela, le virus est sorti de Wuhan pour infecter la Chine et d'autres pays à travers le monde.

    Selon un épidémiologiste de Harvard, Marc Lipsitch, ce n'est que le début. Il a déclaré que « [L'épidémie] ne sera pas endiguable et que, dans l'année, 40 à 70 % de l'humanité sera infectée » dans les lignes de The Atlantic.

    Le nombre de cas dans le nord de l'Italie a augmenté en seulement quelques jours. © Getty Image
    Le nombre de cas dans le nord de l'Italie a augmenté en seulement quelques jours. © Getty Image

    Contenir l’épidémie de Covid-19

    Le chiffre annoncé par Marc Lipsitch peut faire frémir, mais rappelons que la plupart des personnes infectées ne souffrent que de symptômessymptômes bénins, certaines sont même asymptomatiques. C'est pour cela que l'épidémie est difficilement canalisable et traçable. Le nombre réel de personnes porteuses du virus semble sous-estimé. Selon un rapport du Centre for global Infectious Disease Analysis, le décompte actuel des cas ne ferait état que d'un tiers des cas réels.

    De ce point de vue, l'épidémie actuelle de coronavirus est comparable à celle de la grippegrippe saisonnière. Elle peut être mortelle pour les populations fragilisées par l'âge ou une autre maladie, mais beaucoup d'entre nous ont déjà eu la grippe sans en mourir ou même consulter un médecin, d'autres présentent des infections asymptomatiques. Des épidémiologistes poussent l'analogieanalogie plus loin et pensent que Covid-19 pourrait devenir saisonnier.

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    Après avoir atteint un seuil pandémique, l'épidémie pourrait perdurer. « En fonction de ce que fait le virus, il pourrait très bien s'installer comme une maladie respiratoire qui revient à chaque saisonsaison » explique Stephan MorseMorse, épidémiologiste à l'université de Colombia, au site STAT. Cette idée est également partagée par Marc Lipsitch et d'autres spécialistes.

    D'autres coronavirus humains (les souches 229 E, NL63, OC43, et HKU1) circulent en continu dans la population et causent épisodiquement des rhumes ou d'autres affections respiratoires. Dans ce cas, il n'est plus question de confiner l'épidémie, mais de limiter les cas et contrôler le pic épidémique par des mesures de santé publique. 

    Il y aurait alors une saison de Covid-19 comme il y a une saison de la grippe ou de la gastro-entéritegastro-entérite virale.

    Concernant la pandémie, l'OMS reste prudente quant à l'utilisation de ce mot. Il n'a pas encore été prononcé par son directeur, même s'il a déclaré dans un communiqué de presse : « Est-ce que le virus a un potentiel pandémique ? Absolument. En sommes-nous déjà là ? Selon nos évaluations, pas encore. »