Des scientifiques australiens ont émis une hypothèse sur la possible survenue d'une troisième vague de Covid-19. Ils suggèrent que des troubles neurologiques possiblement associés à la Covid-19 pourraient devenir plus fréquents après la pandémie.


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    Le symptôme le plus caractéristique des patients souffrant de la Covid-19 est la détresse respiratoire, mais d'autres éprouvent aussi des troubles neurologiques allant de l'anosmie à l'encéphalite. Les coronavirus sont connus pour le neurotropisme, c'est-à-dire leur capacité à infecter les cellules nerveuses par différentes voies. La présence de symptômes neurologiques chez les patients Covid semble faire aussi du SARS-CoV-2SARS-CoV-2, un betacoronavirus, un virusvirus neurotropeneurotrope

    Le cas isolé d’une femme de 25 ans va dans ce sens. Testée positive au SARS-CoV-2, la patiente présentait des symptômes respiratoires très modérés et pas de fièvrefièvre, mais une anosmie. Une IRMIRM de son cerveaucerveau a mis en évidence une altération de la région postérieure du gyrusgyrus rectus dans le cortexcortex cérébral et du bulbe olfactif. Ces altérations se sont résorbées au bout de 28 jours.

    En conséquence, des chercheurs du Florey Institute of Neuroscience and Mental Health en Australie proposent une hypothèse qui mérite d'être partagée. En se basant sur les atteintes neurologiques de certains patients Covid et du possible neurotropisme du SARS-CoV-2, ils suggèrent que la pandémiepandémie pourrait se prolonger, sous la forme d'une troisième vaguevague, non pas d'infections, mais de maladies neurodégénérativesmaladies neurodégénératives. L'étude publiée dans Journal of Parkinson's Disease se penche plus précisément sur la maladie de Parkinsonmaladie de Parkinson et les syndromessyndromes parkinsoniens.

    Schéma simplifié de la maladie de Parkinson. © AFP.com, J Hollier, Larousse
    Schéma simplifié de la maladie de Parkinson. © AFP.com, J Hollier, Larousse

    L’inflammation, un déclencheur de la maladie de Parkinson ?

    La maladie de Parkinson est une maladie neurodégénérative qui touche les neuronesneurones dopaminergiques de la substance noiresubstance noire. Elle évolue lentement depuis des tremblements incontrôlés vers des troubles cognitifs. Les éléments qui la déclenchent sont encore inconnus mais ils sont sûrement multiples. Les scientifiques australiens mettent en avant l'inflammationinflammation des neurones comme un des déclencheurs possibles de Parkinson.

    Dans le cerveau des malades, une quantité accrue des acteurs du système du complément -- une voie de l'immunité innéeimmunité innée qui engendre une cascade de réactions se soldant par le cytolyse d'une cellule ou d'un pathogènepathogène -- a été observée dans les zones du cerveau où les neurones meurent. Parmi les hypothèses émises sur l'origine de cette inflammation, il existe l'hypothèse virale.

    Virus et neuro-inflammation

    Plusieurs virus provoquent des complications neurologiques, comme le ZikaZika qui est associé au syndrome de Guillain-Barrésyndrome de Guillain-Barré. La Covid-19 également. Pour la maladie de Parkinson, certaines infections virales (les virus Coxsackie entre autres) sont soupçonnées d'augmenter le risque d'apparition de la maladie, sans que cela ne soit formellement prouvé. En effet, comme mentionné plus haut, il s'agit d'une maladie multifactorielle.

    Pour illustrer cela, les scientifiques australiens mentionnent la fameuse épidémie de grippe de 1918. Dans les années qui ont suivi, les cas d'encéphalite léthargique ont augmenté, surtout en hiverhiver. Difficile d'étudier l'origine de cette affection dans les années 1920 mais, parmi les causes environnementales ou immunitaires possibles, une hypothèse suggère que la cause serait un virus neurotrope. 

    Les circonstances désignent le virus H1N1 comme un suspect potentiel. Les auteurs indiquent aussi que cette vague d'encéphalite léthargique a disparu dans les années 1940, soit quelques années après la disparition du H1N1. Évidemment, tout cela reste des suppositions qui n'ont pas été confirmées par la méthode scientifique.

    Voir aussi

    Les impacts cachés de la pandémie de Covid-19

    Une troisième vague de Covid-19

    Beaucoup de patients atteints de la Covid-19 considérés comme guéris souffrent encore de fatigues, d'essoufflements ou d'une anosmie qui ne s'est pas résorbée. Les auteurs de cette hypothèse suggèrent alors que d'autres problèmes de santé liés à la Covid-19, comme une troisième vague de symptômes, pourraient apparaître. La Covid-19 pourrait être, à long terme, associée à une dégradation de Parkinson chez les personnes déjà malades ou à l'apparition de troubles neurologiques associés à Parkinson ou aux syndromes parkinsoniens.

    « Nous croyons que l'anosmie représente une nouvelle façon de détecter précocement une personne à risque de développer une maladie de Parkinson. Nous basant sur les connaissances qui indiquent que l'anosmie est présente chez 90 % des personnes en phase précoce de Parkinson et une dizaine d'années en amont des symptômes moteurs, nous pensons que nous sommes sur la bonne voie », explique Leah Beauchamp, chercheuse au Florey Institute of Neuroscience and Mental Health dans un communiqué de presse.

    Pour suivre cette « troisième vague » et collecter des données scientifiques, les scientifiques proposent de créer un registre des patients Covid qui ont vécu des troubles neurologiques sur le long terme et de leur faire passer des examens sanguins pour déterminer la présence ou non de neurofilaments qui signent une possible neurodégénération.