Plus de deux ans après le pic de la pandémie de Covid-19, les personnes atteintes de Covid long souffrent toujours des conséquences de l'infection. Une étude récente suggère que les personnes infectées ont des capacités cognitives altérées.


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    La pandémie de Covid-19 est désormais un lointain souvenir... sauf pour les personnes qui souffrent encore des séquelles de l'infection. Parmi les nombreux symptômes associés au Covid long, il y a le brain frog ou le brouillardbrouillard cérébral. Cette sensation de ne plus pouvoir réfléchir aussi bien qu'avant, d'avoir des trous de mémoire récurrents ou des moments de flottement, des absences. Le brouillard cérébral pèse lourd sur le quotidien et le moral des patients concernés, qui peuvent avoir la sensation de ne s'être jamais totalement remis de leur Covid-19.

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    Tester les capacités cognitives

    Des scientifiques du King's College de Londres ont voulu savoir si une infection à la Covid-19 altérait les fonctions cognitives même deux ans après l'infection initiale. Pour cela, ils ont soumis des volontaires au Cognitron Challenge, un test en ligne conçu pour tester les capacités cognitives et utiliser chez des AlzheimerAlzheimer précoces. Les participants ont réalisé ce test en juillet et en août 2021 et une seconde fois neuf mois plus tard, en avril et en juin 2022. Précisément, 1 768 volontaires issus de United Kingdom Covid Symptom Study Biobank ont complété les deux sessions de test.

    Le brouillard cérébral peut persister plus de deux ans après l'infection initiale par le coronavirus. © Cristina Conti, Adobe Stock
    Le brouillard cérébral peut persister plus de deux ans après l'infection initiale par le coronavirus. © Cristina Conti, Adobe Stock

    Des altérations cognitives persistantes

    L'analyse des résultats montre que les volontaires ayant eu la Covid-19 ont eu de moins bons résultats que les volontaires non infectés, surtout s'ils ont eu des symptômes pendant plus de 12 semaines, soit un Covid long. Pour ces derniers, c'est comme si leur cerveau avait vieilli de dix ans. Une étude précédente (voir notre précédent article ci-dessous) sur un nombre de volontaires plus restreint avait estimé ce vieillissement cognitif à 20 ans. Et malheureusement, les scientifiques n'ont pas mesuré de progrès entre les deux sessions de test espacées de neuf mois.

    « Nos résultats suggèrent que, pour les personnes avec des symptômes persistants après la Covid-19, l'effet du coronaviruscoronavirus sur les processus mentaux comme la capacité à se souvenir de mots et de formes est toujours détectable près de deux ans après l'infection initiale », a déclaré Nathan Cheetham, scientifique au King's College et directeur de ces travaux de recherche. Néanmoins, ils ont observé que les participants qui se sentaient totalement guéris de leur Covid-19, même après avoir eu des symptômes pendant plusieurs mois, performaient comme les participants jamais infectés. Une bonne nouvelle selon les scientifiques. 


    Covid-19 et cerveau : jusqu’à 20 ans de vieillissement cognitif !

    Article publié le 7 mai 2022 par Stéphanie le GuillouStéphanie le Guillou

    Peu à peu, nous découvrons l'ampleur que peut avoir une infection par le SARS-CoV-2SARS-CoV-2 sur le long terme. Des auteurs ont mis en évidence des séquelles persistantes et importantes sur les capacités cognitives de patients sévèrement atteints six mois après la phase aigüe de l'infection.

    Le SARS-CoV-2 n'est pas un virusvirus se limitant aux voies aériennes supérieures comme on le pensait au début. Il touche de nombreux organes, dont le cerveau. Des données déjà existantes dans la littérature suggèrent un lien entre forme sévère de la maladie à Covid-19 et troubles cognitifs persistants. Des auteurs de l'université de Cambridge et du collège impérial de Londres ont souhaité en savoir plus sur le sujet : les troubles cognitifs persistants sont-ils liés à certains aspects cliniques lors de la phase aigüe de la maladie ? Ou bien sont-ils corrélés à l'état mental du patient au moment de la contaminationcontamination par le SARS-CoV-2 ? Sont-ils fréquents ? Leurs travaux ont été publiés dans la revue eClinicalMedicine du groupe The Lancet, le 28 avril 2022.

    Design de l’étude

    Ont été inclus dans cette étude 46 patients ayant reçu des soins intensifs en raison de leur maladie à Covid-19 entre le 10 mars 2020mars 2020 et le 31 juillet 2020. Parmi eux, 16 sujets ont nécessité une ventilation mécaniqueventilation mécanique. Grâce à des échelles standardisées, leurs capacités cognitives (mémoire, attention, raisonnement) ont pu être évaluées en moyenne six mois après la phase aigüe de la maladie. Une évaluation de l'état de stress et d’anxiété des patients a également été réalisée. Un groupe témoin de 460 personnes a été constitué. Les sujets ont été appariés sur l'âge. Des données sur la sévérité de la maladie à Covid-19, l'état mental du patient au moment du diagnosticdiagnostic et la duréedurée d'hospitalisation ont également été recueillies.

    Les dégâts du SARS-CoV-2 sur le cerveau pourraient être très importants chez certains patients. © Sergey Nivens, Shutterstock
    Les dégâts du SARS-CoV-2 sur le cerveau pourraient être très importants chez certains patients. © Sergey Nivens, Shutterstock

    10 points de QI en moins

    Les personnes ayant été contaminées par le SARS-CoV-2 étaient plus lentes et plus inexactes dans leurs réponses aux questions en comparaison avec les personnes n'ayant pas été infectées par le virus. Ces troubles cognitifs étaient corrélés à la sévérité de la maladie lors de la phase aigüe, mais pas à la présence d'une maladie mentale chronique au moment du diagnostic. Les aspects les plus affectés par la maladie étaient la vitessevitesse de traitement des informations et les capacités cognitives supérieures ainsi que des difficultés « à trouver ses mots ». Les auteurs précisent que le déficit observé six mois après une forme sévère était équivalent à la perte cognitive généralement observée chez une personne entre ses 50 et ses 70 ans, soit 20 ans de vieillissement. Cela correspond à une perte de 10 points de QI !

    Ces recherches nécessitent d'être approfondies afin de savoir si ce déficit se maintient dans le temps ou s'il s'agit seulement d'une phase de convalescence. Néanmoins, la potentielle survenue de ces troubles nécessite d'être connue des professionnels de santé pour une meilleure prise en charge.