Un vaccin contre la Covid-19 d’un genre nouveau est actuellement en phase III et les résultats sont plutôt prometteurs. En effet, il serait efficace contre 5 variants du virus SARS-CoV-2. Son originalité réside sur son mode de production : ce sont des plantes qui fabriquent la fameuse protéine Spike ! De quoi convaincre les opposants aux vaccins utilisant la technologie à ARN messager…


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    Une équipe de recherche a réussi à produire la glycoprotéine Spike du coronavirus dans des plantes et l'a combiné à un adjuvant nommé AS03 pour former leur candidat vaccin. Pour tester son efficacité et sa sécurité, un essai international de phase III, randomisé avec contrôle placeboplacebo a été mené dans 85 centres. Leur résultats ont été publiés dans la prestigieuse revue The New England journal of Medecine (NEJM) le 4 mai 2022. 

    La moitié des patients inclus a reçu deux injections placebo tandis que l'autre moitié a reçu deux injections en intramusculaire du candidat-vaccin à 21 jours d'intervalle. Tous les sujets inclus (n= 24.141) étaient majeurs ; la moyenne d'âge était de 29 ans. Le critère de jugement principal était la mesure de l'efficacité du vaccin dans la préventionprévention d'une forme symptomatique de la maladie à coronavirus survenant dans les 7 jours après la deuxième injection. L'infection à coronavirus était confirmée par un teste PCR.

    Un vaccin efficace contre 5 variants !

    Au total, 165 personnes ont été testées positives au SARS-CoV-2SARS-CoV-2. Une partie (73,9 %) des prélèvements a pu être séquencée. Le variant Deltavariant Delta était responsable de 56 cas (45,9 %), le variant Gamma de 53 cas (43,4 %), le variant Alpha de 6 cas (4,9 %), le variant Mu de 4 cas (3,3 %), et le variant Lambda de 3 cas (2,5 %).

    L'efficacité du vaccin était de :

    • 69,5 % contre les formes symptomatiques de la maladie (toutes intensités confondues) ;
    • 78,8 % contre les formes symptomatiques modérées à sévères de la maladie.

    Par ailleurs, aucun cas grave n'est survenu dans le groupe des personnes vaccinées tandis que trois cas graves ont été notifiés dans le groupe placebo. La charge viralecharge virale était bien inférieure dans le groupe vacciné. Concernant les effets indésirables, ils étaient légers ou modérés et transitoires. S'ils étaient plus fréquents dans le groupe de vaccinés dans les jours suivants l'injection en comparaison avec le groupe placebo (92,3 % versus 45,5 %), l'incidenceincidence était similaire dans les deux groupes 3 semaines après l'injection de chaque dose.

    Ce vaccin n'a malheureusement pas pu être testé sur le variant Omicron. © James Thew, Adobe Stock
    Ce vaccin n'a malheureusement pas pu être testé sur le variant Omicron. © James Thew, Adobe Stock

    Une étude présentant quelques limites

    Les auteurs regrettent de ne pas avoir pu tester l'efficacité de leur candidat vaccin contre le variant Omicronvariant Omicron, aujourd'hui dominant sur la Planète mais qui n'était pas encore en circulation au moment de l'essai. Ce sujet fera l'objet d'une publication ultérieure.

    Cette étude présente une autre limite : très peu de patients âgés de plus de 65 ans ont pu être inclus dans l'essai alors que c'est dans cette tranche d'âge que le virusvirus fait aujourd'hui le plus de victimes.


    Ce vaccin à base de plantes s'annonce prometteur contre les variants Delta et Gamma du SARS-CoV-2

    Article de Stéphanie le GuillouStéphanie le Guillou publié le 15 février 2022. 

    Comment convaincre les plus réfractaires de se faire vacciner ? En proposant des vaccins aux technologies différentes de l'ARN messagerARN messager. Après le vaccin NovavaxNovavax, l'entreprise canadienne Medicago dévoile les résultats prometteurs de son vaccin à base de plantes.

    Au 14 février 2022, près de 53 millions de personnes ont un schéma vaccinal complet en France. L'adoption du pass vaccinal a fait légèrement augmenter les chiffres. Un plafond de verre semble avoir été atteint. Alors comment convaincre les plus réfractaires de se faire vacciner ? Il existe plusieurs raisons de repousser le vaccin. Parmi elles, le refus des vaccins basés sur la technologie de l’ARN messager arrive en tête. Le vaccin Novavax, bientôt disponible en France et basé sur des technologies plus traditionnelles, permettra peut-être d'augmenter la couverture vaccinalecouverture vaccinale. Plus intéressant encore, au Canada, les résultats d'un candidat vaccin à base de plantes viennent d'être publiés.  

    Le vaccin prévient efficacement les formes modérées à graves

    Il s'agit d'un essai de phase III, randomisé, en double aveugle, avec un contrôle placebo qui a été conduit en Argentine, au Brésil, au Canada, au Mexique, en Grande-Bretagne et aux États-Unis. Le schéma vaccinal comprenait deux injections en intramusculaire, à 21 jours d'intervalle. Le critère de jugement principal était la prévention des symptômessymptômes d'une infection au SARS-CoV-2. Les prélèvements ont pu être séquencés. Les personnes contaminées ont été infectées majoritairement par le variant Delta (n=45,9 %) ou par le variant Gamma (n=43,4 %).

    Au total, 24.141 personnes ont été incluses dans l'essai. Parmi elles, 157 personnes ont été contaminées dont 118 étaient dans le groupe contrôle et 39 dans le groupe vacciné. Le vaccin a donc une efficacité de 71 % dans la prévention des formes symptomatiques de la Covid-19Covid-19. Concernant les formes modérées à graves de la maladie, 32 sont survenues dans le groupe contrôle contre 8 dans le groupe vacciné. L'efficacité contre les formes modérées à graves de la maladie est de 84,5 % (en excluant les personnes positives au début de l'essai). Les effets indésirables étaient très rares et non graves.

    Ce vaccin sera peut-être mieux accepté par les populations réfractaires. © Rio Patuca, Shutterstock
    Ce vaccin sera peut-être mieux accepté par les populations réfractaires. © Rio Patuca, Shutterstock

    Comment ça marche ?

    La plante utilisée est une cousine du tabac, considérée comme une mauvaise herbe. Elle présente un excellent rendement de production de protéinesprotéines. Le principe est le suivant. Un vecteur bactérien, non toxique pour la plante, a été injecté avec un plasmideplasmide contenant le gènegène qui code pour la protéine Spike du virus. La plante est ensuite mise en contact avec ces bactéries : la machinerie cellulaire de la plante va produire la protéine Spike puis l'expulser. Il ne reste plus qu'à la récupérer.

    Le dossier a été soumis à Santé Canada fin 2021 et pourrait être homologué dans les prochaines semaines. De plus, cette technologie qui associe technique traditionnelle des particules virales et technique innovante de production de celles-ci dans une plante est transposable à d'autres maladies.