Chez la souris, des chercheurs ont montré que les animaux pouvaient faire resurgir des souvenirs « perdus » de leurs premières semaines de vie, en stimulant certains neurones. Cette recherche suggère que les souvenirs de la petite enfance n’ont pas disparu mais sont plus difficiles d’accès.

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    Nous ne nous souvenons pas des premiers mois et des premières années de notre vie, mais bien mieux d'évènements que nous avons vécus plus tard. Cette « amnésie » ne touche pas que les humains : les souris perdent elles aussi la mémoire de leurs premières expériences de vie. Mais pourquoi ces mémoires semblent-elles « perdues » ? Sont-elles mal stockées, effacées ou bien difficiles à remobiliser ?

    Pour en savoir un peu plus, des chercheurs de l'université de Toronto ont travaillé sur des souris qu'ils ont placées dans une boîte, où elles ont reçu un petit choc au pied. Plus tard, les scientifiques ont à nouveau placé les souris dans les boîtes. Si le test est réalisé avec des souris adultes, les animaux se rappellent leur mauvaise expérience initiale et se figent lors de leur seconde venue dans la boîte. En revanche, les très jeunes souris oublient en un jour la peur qu'elles ont eue la première fois et se comportent normalement si on les remet dans la même boîte.

    Ensuite, les chercheurs ont utilisé l'optogénétique pour stimuler des neurones du gyrus denté de l'hippocampehippocampe. Cette région du cerveaucerveau contient les neurones qui avaient déjà été activés lorsque les petites souris ont encodé le message de peur. L'optogénétique est une technique qui permet de stimuler un type cellulaire grâce à un laserlaser, ces cellules ayant été génétiquement modifiées pour être sensibles à la lumièrelumière.

    L’hippocampe est impliqué dans la mémoire épisodique. © decade3d, Fotolia

    L’hippocampe est impliqué dans la mémoire épisodique. © decade3d, Fotolia

    Les souris adultes retrouvent des souvenirs perdus de la petite enfance

    Quand les jeunes souris ont été placées dans la boîte et que le laser s'est allumé, les animaux ont retrouvé la mémoire du choc électrique et se sont figés sur place. La stimulationstimulation des ensembles de neurones  impliqués dans l'encodage suffit donc pour recouvrer les mémoires perdues. Les chercheurs ont pu activer les neurones qui codaient ce souvenir 15 jours, 30 jours et 90 jours après le choc électrique initial. Paul Frankland, un des auteurs de cette recherche parue dans la revue Current Biology, a expliqué à The Scientist, qu'en stimulant ces neurones actifs pendant l'encodage de la mémoire, les chercheurs donnent «  un petit coup de pouce au système ».

    Précédemment, cette équipe avait déjà trouvé un mécanisme expliquant pourquoi les souvenirs de la petite enfance disparaissent : ce serait dû à la neurogenèse qui a lieu dans l'hippocampe, par laquelle le cerveau ajoute de nouveaux neurones, ce qui accélérerait l'oubli des évènements de la petite enfance.

    Lorsque de nouveaux neurones s'intègrent dans les circuits de l'hippocampe, on peut s'imaginer qu'ils éliminent des connexions existantes et suppriment des souvenirs. Mais cette nouvelle étude suggère plutôt que les souris adultes conservent des traces de leurs souvenirs précoces. Ces souvenirs anciens ne seraient pas complètement perdus, mais seulement plus difficiles à remobiliser.